Mise à jour avril 2024
Texte extrait de « The templars in Maritime Provence »
Charlotte Hawkins () a étudié la question des Templiers et de leur extinction, et la traduction ci–dessous est relative aux implantations supposées par elle dans son dossier sur les Alpes Maritimes. Sa liste est incomplète et peut être en partie erronée.
Elle habitait Cannes et s’intéressait à l’Histoire locale.
Elle a eu accès à certains documents, notamment peut être à l’acte très important de 1520 qu’elle signale en note page 255 et qui serait très précieux si on le retrouvait.
Apparemment il n'est pas aux Archives de Grasse.
Elle cite également l’historien Bouche (mais il y a eu deux Bouche : Honoré 1599-1671 et son neveu Charles François 1737-1795). Elle mentionne des documents qui se trouvent à Marseille et un dossier sur la fuite en Espagne des Templiers qui ont pu s’échapper
Dans un autre document elle indique « notre ami Monsieur Perole » qui a conservé l’acte de 1520. Honoré Frédéric Perolle était notaire à Grasse de 1871 à 1890.
Il n'a pas été possible de retrouver ses archives
Elle a visité certains lieux.
Notons que des noms de chapelles ont pu évoluer au cours du temps.
Elle mentionne certains sites non décrits par d’autres auteurs.
Plus tard, en 1912 Edmond Raynaud () puis en 1937 et 1951, André Durbec () ont écrit des articles sur les Templiers. Certains sites sont mentionnés par les trois auteurs.
Il y a par ailleurs un certain nombre d’autres publications relatives aux Templiers, notamment par Edmond Rossi pour la région.
Un Frère des Ecoles Chrétiennes () a écrit sur le sujet. Voir bibliographie
Traduction :
«…. Le château de Saint Martin à Vence était la Maison de Hugonin du Capitou, Seigneur de Mandelieu et Commandeur du Temple en Provence …
… En Provence, (les Templiers) sont regrettés même si la tradition ne les épargne pas. Prenez par exemple la légende de Sainte Croix de Pennafort. Les Templiers avaient une grange (ferme ou manoir) à cet endroit. Le lieu maintenant appelé Roquefort ou Castellaraz est sur la route entre Grasse et la Colle.
Les chevaliers durent être contents quand ils l’occupèrent en premier comme cadeau de la part des moines de Lerins en 1137, car c’est un endroit enchanteur… Cependant sur Pennafort une ombre plane. Le chemin pour accéder aux ruines est sur le côté opposé à la grand-route et il est si raide qu’il faut le suivre sur les mains et sur les genoux. A cet endroit, la légende raconte que François de Rostan, Commandeur, jeta cette chèvre d’or qui était l’objet de rites obscènes et secrets des Templiers et qu’il pensa très politique de la détruire quand les tristes jours de 8-1307 commencèrent en Provence (Note : en fait les premières arrestations eurent lieu le 13 octobre, ce qu’elle mentionne par ailleurs). Il n’y a que peu de vestiges qui restent de cette maison, seulement le gâble d’une chapelle qui avait jadis 45 pieds de long par 20 pieds de large et qui était dédiée à Saint Michel.
Il est remarquable de noter combien cet Ordre militaire choisissait généralement des Patrons guerriers comme Saint Martin, Saint Michel et Saint Dalmas, jamais autant que je peux solliciter ma mémoire, en mettant leurs constructions sous le vocable de patrons du genre féminin. Là dans cette vallée, la grange est appelée Sainte Croix, mais je suis encline à penser au sujet de cette dédicature qu’elle a été ainsi nommée par les Chevaliers de l’Hôpital quand ils devinrent héritiers des biens des Templiers et qu’ils souhaitaient célébrer la croix sur leurs propres boucliers…
…Pour commencer, près de la côte, il y avait la grande Commanderie de Saint Martin les Vence, sur la route de Coursegoules et dont dépendaient les granges de Saint Raphael (détruites par les croates) et de Sainte Croix de Pennafort, que j’ai décrite ci-dessus avec le château de la Grande Valette maintenant appelé la Trinité. Plus loin sur le côté droit de la route départementale, environ à 1 kilomètre de Tourettes et plus près du pont sur le Loup se trouvait Tourettes les Vence et la Maison connue comme Saint Martin de la Pelote.
Il y a aussi Saint Dalmas les Tourettes dont la cloche existe toujours, Saint Jeannet ou Saint Jean et au sud de Gattières la Grande Maison de la Gaude dont les ruines sont suffisantes pour identifier sa taille et puissance d’autrefois.
Plus près de la mer mais avec seulement quelques murs subsistant sur un petit monticule se trouve le Cros de Cagnes. Au-delà de Grasse nous avons un autre groupe de granges qui leur appartenaient. Il y a Saint Martin de Saint Vallier construit par un architecte du nom de Magnico, les granges et cures du Tignet au passage de la Siagne (près du Col Noir) et la grande Commanderie de Clans dont une partie des ruines restantes peut être identifiée comme ayant été utilisées par les « Caslans » ou libres laboureurs des Chevaliers.
Le beau château de Thorenc possède encore de leur souvenir, bien qu’il ait subi beaucoup de changements de maîtres depuis la catastrophe d‘aout 1307.
Leurs terres sécularisées furent finalement divisées en 1520 entre les familles de Villeneuve Gréolières et la famille de Raissan par l’accord d’un certain Jean de Grasse ; cet acte fut régularisé dans le château de Calian. Cet acte a été conservé jusqu’à ce jour et est en possession de Monsieur Frédéric Pérole dont la famille a eu une charge de Notaire à Grasse pendant 400 ans.
Dans la vallée de l’Estéron les Templiers possédaient Collinges.
Derrière Antibes, ils possédaient Clausonne et ainsi s’approchaient très près des moines de Lerins dans leurs quartiers d’été à Vallauris.
Mais à Nice, je n’ai réussi à trouver aucun de leurs vestiges excepté la fontaine dite du Temple sur la route de Gênes (note : en fait quartier du Ray).
A Sospel ils avaient une Commanderie et une Maison vraiment magnifique qui après leur ruine fut donnée à leurs rivaux les Chevaliers de Saint Jean (Johannite knights)
Plus haut dans les montagnes et dans la vallée de la Tinée, ils possédaient Isola, Saint Dalmas (il selvatico) et bien au-delà des routes modernes, les granges de Saint Dalmas le Plan ou leurs troupeaux paissaient l’été.
Saint Martin Lantosque était aussi le siège d’une Commanderie. A Utelle ils avaient aussi une gabelle (store of salt) pendant que les Maisons de Beuil et de Saint Martin d’Entraunes de la haute vallée du Var nous amènent jusqu’à la Commanderie la plus au nord de Puget Théniers avec sa ferme de la Croix aux mines de cuivre et à la Fondation de Glandèves.
Quiconque qui choisit d’observer la carte de Provence peut réaliser l’importance territoriale des Templiers et peut comprendre combien d’ennemis une telle importance a pu liguer contre eux…
…Les biens du Temple furent inventoriés soigneusement. L’inventaire de Puget Théniers tend à prouver aussi loin que la vie était concernée, que cette mesure cruelle causa plus de pleurs que de dommages.
… Une copie du Procès-verbal du procès été récemment éditée par Michelet.
Dans le château de Rigaud, résidence habituelle de l’administrateur de l’Ordre, seulement le Bailli et un jeune laic nommé Michel de Roquette, furent arrêtés : ref Templorim vol iii AD 1308 vide : archives du Département des Bouches du Rhône.
Une tradition locale à Vence maintient cependant que le Commandeur de Saint Martin a été moins heureux et qu’à minuit, Hugonin, le dernier des Templiers a été arrêté et par le chemin de Castellane et de Pertuis mis en prison à Tarascon. Les archives maintenant à Marseille ne contiennent pas de notice au sujet de la mort d’Hugonin du Capitou de sorte que nous pouvons espérer qu’il ne fut pas, comme la légende le raconte, un des 45 Chevaliers brûlés à Beaucaire…
…leurs biens furent confisqués par le Duc Charles de Provence qui en donna une part au Pape, mais présenta aux Hospitaliers leurs terres et bâtiments.
Le bénéfice pour les Chevaliers de Saint Jean fut énorme. Ici sur la côte, ils s‘établirent à Saint Jeannet du Var, les Mathurins leur succédèrent à la Trinité et les Carthusiens à Celle-Roubaud pendant qu’ils divisaient leurs terres Nice avec les Dominicains.
Note :
Les templiers ont fait l’objet d’un article d’André Peyregne dans le journal Nice Matin du 6 avril 2024. Il indique notamment que leur présence fut attestée à Biot en 1209
Commentaires
Le Château Saint Martin à Vence : C’est maintenant un hôtel de luxe. CH décrit l’environnement en temps dithyrambiques. A l’intérieur et à gauche en entrant se trouve une chapelle moderne peut-être sur l’emplacement de l’ancienne. Quelques vieux murs subsistent. Voir dossier Internet :
Hugonin de Capitou : (Hugolin) A Mandelieu, un quartier porte le nom de Capitou. Chez d’autres auteurs il est parfois appelé François Hugolin de Capite
Sainte Croix de Pennafort : CH a visité l’endroit car elle décrit le site de façon enthousiaste et donne les dimensions de l’ancienne chapelle. Actuellement se trouve un hôtel dit l’Abbaye et derrière un site dit le « Canadel ancienne abbaye ». Le nom de Canadel figure sur le cadastre de 1834. L’abbaye après avoir appartenu aux moines de Lerins au XI ème siècle, était au XVI ème siècle propriété des Villeneuve.
Rapport de Pennafort avec les Templiers : Duché de Vanci () note en 1830 « Raymond Beranger dernier Comte de Provence…Pierre d’Aragon son oncle se fit nommer tuteur du jeune Beranger…élevé à la forteresse de Mouson en Aragon par le Grand Maître des Templiers et par Raymond de Pennafort qui ayant pris l’habit dominicain se rendit célèbre par sa sainteté et sa doctrine. Il décéda en 1275 et fut canonisé en 1601
Roquefort ou Castellaraz : CH a du faire un mélange avec un autre site. Sur la rive droite du Loup à l’ouest de La Colle, se trouve un lieudit Castellas (07°04'089 E, 43°41'136 N, h=166m) et près de là, la grotte dite de la Chèvre d’Or (07°04'072 E, 43°41'017 N, h=179). Voir aussi Bretaudeau () planche 32 page 131
François de Roustan ou Rostang : Cité par ailleurs comme dernier Commandeur avec Hugolin. Il est cité par l’historien Tisserand
Chèvre d’or : Cet animal mythique a fait l’objet de divers écrits, et il est cité à plusieurs endroits
Gâble : élément architectural consistant en un couronnement de forme triangulaire souvent ajouré et orné qui coiffe l’arc d’une voute ou d’une baie
Granges de Saint Raphael : Au nord de Vence dans la vallée du Malvan. L’ancienne chapelle en ruines a été remplacée par une autre qui fait l’objet d’un pèlerinage. Il y eut un village en amont. On voit encore les ruines du château du Malvan. Entre le site de la chapelle et le château de Notre Dame des Fleurs il y a de grands terrains propices à l’exploitation.
La destruction par les croates eut lieu probablement pendant les guerres du XVIIIème siècle, peut-être la guerre de Succession d ‘Espagne
La Grande Valette : probablement actuellement le château des Valettes
Saint Martin de la Pelote : Près de Tourettes sur Loup. Tourettes sur Loup s’appelait précédemment Tourettes les Vence. En géologie le mot « pellet » correspond à des éléments ovoides de la taille allant du silt à celle d’un grain fin. Sur place le terrain est constitué de grandes dalles comme à beaucoup d’endroits à Tourettes. Il existe un quartier Saint Martin à l’ouest du village et un chemin Saint Martin. L’oratoire Saint Martin comporte une plaque mentionnant :
Restauration du sanctuaire Saint Martin 16 10 1998
Monsieur le Maire BAGARIA, Abbé DANIEL, Peter ZILLER, Gaby TALADOIRE.
Derrière l’oratoire, parmi les buissons inextricables on remarque du lierre qui signale souvent la présence de restes de murs.
Saint Dalmas les Tourettes : Près de Tourettes sur Loup. Emplacement à déterminer
Selon un témoignage, « dans le village une tour rectangulaire supporte une cloche abritant la Tourettane, vêtue de sa robe vert de grisée, une des plus anciennes cloches du Département sur laquelle on lit « vox domini sona » (que la voix du Seigneur appelle » cadeau sans doute de la Commanderie de Saint Martin de Pelote »
Mais, étant donné les évènements, elle aurait pu aussi être confisquée aux Templiers.
Il y a aussi plus à l’ouest une chapelle dédiée à Saint Antoine ermite mentionnée en 1699, décorée par Tessarolo et un oratoire peut-être aussi dédié au même saint. Serait-ce l’oratoire des Quénières ?
Saint Jeannet ou Saint Jean : Cette chapelle existe dans le village de Tourettes
Château de la Gaude : Actuellement transformé en résidence privée.
Cros de Cagnes : Il y a eu peut-être confusion avec Biot
Saint Martin de Saint Vallier : sur la route Napoléon vers Escragnoles 06°48'199 E 43°43'437N, H= 902 m. Ancienne église du castrum d’Escajola, citée en 1242
Les granges du Tignet : S’agit-il du Castellaras du Tignet réoccupé au Moyen Age; voir Brétaudeau () page 140 et planche 48, et le Col Noir est-il le Col de Cabris ?
Acte de 1520 : Le 26 aout 1520, un acte de partage des terres des Templiers a été passé entre Antoine de Villeneuve et Antoine de Russan. Cet acte était dans la famille Perolle. Honoré Frédéric Perolle était notaire à Grasse de 1871 à 1890. Ce document n’a pas été retrouvé pour l'instant. Il serait très précieux pour la connaissance de certaines implantations.
Apparemment il n'est pas aux Archives de Grasse.
Commanderie de Clans : Collégiale Sainte Marie
Collinges : Probablement Collongues
Clausonne derrière Antibes : Il y a toujours un quartier des Clausonnes
Fontaine du Temple à Nice : Un quartier possède ce nom mais la situation proposée sur la route de Gênes est fausse
Isola : église Saint Pierre
Saint Dalmas (il selvatico) : Saint Dalmas le Selvage
Saint Dalmas le Plan : dénommé maintenant Saint Dalmas Valdeblore
Utelle : Au Cros d’Utelle se trouve un lieu-dit le Temple. La présence à cet endroit des templiers est controversée.
Voir dossier : http://www.archeo-alpi-maritimi.com/templevesubie.php
Beuil : L’église est sous le vocable de Saint Jean Baptiste et Notre Dame du Rosaire
Saint Martin d’Entraunes : Eglise Saint Martin, implantation contestée. Voir dossier particulier
Commanderie de Puget Théniers : En face du N° 16 rue Papon. Il est indiqué sur une maison « ancienne Maison des Templiers ». L’inventaire de Puget Théniers est celui de 1308. Il y a eu aussi un inventaire en 1338
La Croix : Il s’agit de la Croix sur Roudoule
Château de Rigaud : Dans un autre document on peut lire que ce Michel de La Roquette a été désigné pour assister à l’inventaire
La Celle Roubaud : dans le Var
Liste des sites mentionnés dans divers documents officiels
Biot, Collongues, Clausonne, Nice, Puget Théniers, Rigaud, Saint Dalmas le Selvage, Sospel dans le quartier Saint Gervais, Le Castellar de Roquefort, Château de la Gaude, Saint Martin Vésubie, Glandèves.
Procès-verbal du procès
Il a été rédigé essentiellement en latin, publié par Michelet en 1841
Bibliographie
Charlotte Louisa Hawkins Dempster - The Maritime Alps and their seabord
Longmans Green and Co – London 1885
Chapitre XVI page 251 et suivantes
https://archive.org/details/maritimealpsthei00demp
http://www.archeo-alpi-maritimi.com/templierssuivantunfrere.php
Brétaudeau Georges – Les enceintes des Alpes Maritimes éditions IPAAM 1996
Duché de Vanci – Lettres inédites Colin et Raynaud 1830
Raynaud Edmond - Nice Historique consultable sur Internet
Durbec André – Nice Historique consultable sur Internet