digue du var

 

GHETTOS DU COMTE DE NICE       

Mise à jour novembre 2023

La premièree fois que le mot ghetto aurait été employé selon Etienne Séguier, pour désigner un quartier où étaient regroupés les Juifs, serait le 29 mars 1516 dans le cadre de la République de Venise. L'endroit est connu comme le quartier des fonderies (getto en vénitien)

De nombreux articles ont été consacrés aux Juifs dans le Comté de Nice notamment dans la revue Nice Historique consultables sur Internet

Dans un article très détaillé au sujet du mot ghetto, Louis Cappatti () page 475, note que  « lou guet » en niçois est la langue du ghetto.

Il écrit :

«  Un Edit du duc de Savoie Amédée VIII, en date du 17 juin 1430, prescrivit que dans tous les lieux de ses Etats où ils habitaient, les Juifs seraient relégués par les soins  des châtelains, officiers et syndics, loin des voies publiques et loin du voisinage des chrétiens, dans un quartier sûr et clos, dénommé la Juiverie ou ghetto;

Jérémy Guedj () donne le texte latin de l’Edit :

« Judei debent a vicinis et cohabitatione fidelium separare et in suum locum recludi « 

Selon les époques la loi fut diversement appliquée. Voir plus loin le cas de Nice

Dans la liste des toponymes tels que « rue de la Juiverie » ou approchants, consultable sur Internet, les Alpes Maritimes ne figurent pas à part la rue Benoit Bunico à Nice dont il sera question plus loin.

Dans un article de la Revue "Recherches Régionales " N° 173 de 2004, les juifs auraient été expulsés de Provence en 1501

Guillaumes 06470

Il existait une rue des Juifs et une plaque a été dévoilée le  11 septembre 2011 en souvenir de cette communauté. Le texte est le suivant : 

 

Passants souvenez-vous !

En ce lieu a vécu une communauté juive qui contribua malgré les persécutions au progrès et à l’histoire de notre région et de notre nation

Les juifs devinrent libres et égaux le 27 septembre 1791

 

Dans cette rue on peut voir au dessus d'une porte une étoile de David gravée avec la date en caractères latins 1774  et non 1724 comme indiqué dans PCAM. C'est la seulle étoile de David repérée jusqu'à ce jour sur des maisons dasn les Alpes Maritimes

 

 

 

La Brigue 06430

 

 

Il y a encore dans ce village la trace d’un nom de rue du Ghetto marqué à la peinture. Une plaque a été apposée en 2013 pour perpétuer le souvenir de la présence des juifs dans le village. Curieusement sur une porte de cette rue, est gravée une inscription catholique en caractères gothiques ce qui impliquerait une certaine cohabitation.

Un Frère des Ecoles Chrétiennes en 1850 quailifait les juifs de "cosmopolites".( ref

Le jeune niçois instruit de sa patrie ou notions historiques sur la ville et le Comté de Nice – Société typographique 1850 - par un Frère des Ecoles Chrétiennes page 66)

 Cette rue se trouve en prolongement de la rue Arnaldi sur la rive droite du Rio Secco

Dans une note de l’office du tourisme on peut lire :

« Chassés par le Roi de France, les juifs se sont installés à Nice au XIIIème siècle. Les Ducs de Savoie appréciaient leurs qualités de médecins mais aussi parce  qu’ils avaient le droit de vendre et échanger argent et bijoux. S’intéressant  très vite aux foires de la Brigue où les transactions nécessitant des opérations de change étaient nombreuses, ils s’installèrent peu à peu au village. Afin d’éviter entre les deux religions des « rapprochements maudits », les juifs furent  confinés dans un quartier spécial (la rue du Ghetto)  isolés du coucher du soleil jusqu’à l’aube.

L’Edit de 1430 interdit à l’égard des juifs toute forme de violence. Malgré quelques périodes difficiles la communauté juive représenta  à la Brigue et dans tous les Etats de Savoie une force très importante pendant plusieurs siècles »

Dans un article anonyme sur La Brigue page 66 (ref Le jeune niçois instruit de sa patrie ou notions historiques sur la ville et le Comté de Nice – Société typographique 1850 - par un Frère des Ecoles Chrétiennes) le Frère qualifie les juifs de cosmopolites. Cette appellation pourrait provenir selon certains auteurs du fait que dans l’ancien Empire Russe les juifs n’avaient pas de nationalité. 

 

La Turbie 06320

 

Il existe une rue du Guet, mais les anciens habitants du village parlent toujours du ghetto. Il y a une ambiguité possible dans le terme guet quoique à Puget Théniers, des anciens du village disent encore « lou guet » ou « sou guet », d’après L. Revest () à propos de l’ancien quartier juif

 

Nice 06300

 

Louis Cappati () page 475, note :

« Le Conseil  Municipal de Nice à la requête de l’avocat général du Sénat, Sautet, dressa en 1782 un état des familles juives afin de les rassembler dans le ghetto. Le 27 juillet, il choisit la rue Judaria déjà habitée par des Israélites. Dès l’année suivante les banquiers Avigdor demandèrent l’autorisation de déborder  jusque dans la rue Droite, par un immeuble dont la porte sera bouchée  et remplacée par une issue rue Judaria. Ils installèrent leur synagogue, qui s’élevait en plein quartier catholique……. En 1835 l’ancien ghetto fut prolongé jusqu’à l’intersection  de la rue de l’Arc en y joignant les maisons de la rue Centrale »

 

Rue Benoit Bunico ex Judaria. Selon Honel Meiss () page 167, en 1848 la Municipalité de Nice a remplacé le nom de rue du Ghetto par rue du Statut.

Benoit Bunico, député de Nice au parlement de Turin, fit abolir en 1848 l’obligation  (déjà non respectée  depuis l’occupation de Nice par les français), de résider pour les juifs dans le ghetto.

L'ancienne synagogue de Nice se trouvait au 18 de la rue Benoit Bunico depuis 1733 jusqu'en 1886 date de la construction de la grande synagogue.

Cette dénomination de rue concerne la portion entre la rue de la Loge et la rue Rossetti.

On peut noter que vers 1820 la cohabitation était bonne car les juifs firent édifier en l’honneur du Roi Charles Félix l’obélisque des hébreux à l’entrée du Pont Vieux sur la rive gauche du Paillon. Voir dossier Internet: obélisque des israelites

 

Puget Théniers 06260

 

 

Il existe une rue de la Juiverie devenue rue Judaique.

Casalis dans son "dizionario" donne le nom Giuttesca dans les anées 1850. Selon lui l'implantation de cette communauté daterait du haut moyen âge.

L’histoire des juifs à Puget a fait l’objet de divers articles. Une plaque a été apposée le 17 octobre 2010.

A propos de ce village Laurenç Revest () page 43 a écrit en gavot:

 

Cu conoisse ….Blanche d’Alpuget….Seis antenats  serian de judius occitans (shuadits) refugiats dins la ciutat aupenca dau temps de la prosperitat economica d’aquela region, coma où recorda la charrièra judaica. Aqueu « guet » èra la charrièra la mai estrecha dau villatge e enchainaa da nuech, la comunitat i èra encharjaa dau negoci e de la banca. Una placa indicant « guetto juif 13è-16è ou rapela »

Qui connaît…Blanche d’Alpuget…. Ses ancêtres seraient des juifs occitans (shuadits) réfugiés dans la cité alpine à l’époque de la prospérité économique de cette région, comme le  rappelle la rue judaique. Ce « guet » était la rue la plus étroite du village et clôturée la nuit par une chaîne ; la communauté y était chargée du commerce et de la banque. Une plaque indiquant « ghetto juif 13ème-16ème » le rappelle.

 

Note 1 : shuadit ou chouadit, judeo provençal ou judeo comtadin ou hebraico comtadin, langue présumée éteinte depuis 1970.

 

Note 2 : Gavot ou gavuot, langue de la montagne du Comté de Nice, qui comporte des variantes et s’applique aussi à d’autres régions des Alpes

Sospel 06380

 

 

Au 4 rue des Hirondelles on voit des gonds  qui pourraient correspondre à une rue close, ancien ghetto selon le site : american company internet council sospel.

Mais un examen sur place semble indiquer que les gonds pourraient concerner une ancienne porte de cave

La ville du Sospel étant jadis la seconde en importance du Comté de Nice et il n’est pas inconcevable qu’il y ait eu à cet endroit un ghetto, mais qui se serait situé plus vraisemblablement dans le quartier Malpertus qui était autrefois fermé par une porte et qui a été très transformé depuis. Cependant les spécialistes du Patrimoine de Sospel n’ont pas trouvé à ce jour d’écrits relatifs à cette question.

Villars sur Var 06710

 

 

Depuis la rue du Marché on pénètre dans la rue Close. Cette rue correspond à l’époque moderne avec le rue de la Juterie parallèle, par la petite rue Catinat.

La dénomination de « close » fait allusion sans doûte à la fermeture du quartier la nuit.

A l’entrée de la Rue Close, on voit au-dessus de la plaque moderne une indication rue Close peinte et à moitié effacée mais on ne voit pas de trace de porte  (gonds par exemple).

Le terme Juterie signifie quartier des juifs. Voir aussi Judaria.

  

Note 1:

 

Selon Robert Levit qui prépare une thèse à l'université de Perpignan sur le thème des Juifs dans la métropole niçoise aux XIVe et XVe siècles. les premiers documents relatifs à un quartier juif à Nice datent de 1391. Le premier enregistrement de Juifs à Nice date de 1294, bien que la communauté juive beaucoup plus importante se trouvait à Grasse.

Note 2:

Voir aussi "Histoire des juifs de la région de Cannes" consultable sur Internet.

Voir également Histoire des juifs à Cannes du Vème siècle à nos jours - éditions Maia

 

 

Bibliographie

Cappatti Louis – dictionnaire de la Langue Niçoise – Editions Academia Nissarda  2005

 

Guedj Jérémy - la place des Juifs à Nice - Recherches régionales N° 193 année 2009

Honel Meiss- Nice Historique N° 630 – année 1925

 

Revest Laurenç – A propos de diaspora occitana – Sourgentin  N° 211 Avril 2014 éditions du   Sourgentin