JAMES CHARLES HARRIS CONSUL DE GRANDE BRETAGNE A NICE
Résumé de la biographie du Consul d’après un Mémoire de Judit Kiraly Docteur de l’université de Nice Sophia Antipolis
Photos ci-dessous de gauche à droite: James Charles Harris, Chapelle au cimetière de Caucade, La Place Croix de Marbre avant son pavage
Judit Kiraly a fait paraitre en 2014 dans la revue Nice Historique, consultable sur Internet, un article très détaillé sur ce Consul Britannique également artiste
Elle a également fait paraitre sa biographie détaillée en anglais dans la revue Riviera Reporter magazine
Les oeuvres picturales de Charles Harris figurent dans un numéro de Nice Historique sous le titre “Peintres britanniques” signé Judit Kiraly, consultable sur Internet
Elle a également relevé les noms des membres de la famille inhumés au cimetière de Caucade, tombes 311 et 252
Mise à jour du résumé Février 2025
Le futur Consul James Charles Harris est né le 31 décembre 1831 à Gênes de parents britanniques. Son père était “Commander” originaire de Cork en Irlande et sa mère était Henriette Bird, fille du Consul de Grande Bretagne à Gênes. Il était multilingue Ayant étudié à la Royal Naval School de Camberwell, il se prépara à la carrière diplomatique à l’Université de Florence. C’était aussi un aquarelliste accompli. Dans sa jeunesse il voyagea beaucoup. Il se maria en septembre 1859 avec Geraldine Le Gall, artiste amateur, et ils habitèrent au Mont Boron. Ils eurent cinq enfants et il fut nommé Vice Consul en 1881
La correspondance consulaire était envoyée au Foreign Office. Pour citer un exemple, il envoya en 1883 un rapport très fier inspiré par l’arrivée d’énormes quantités de charbon importé de Grande Bretagne
En 1884 eut lieu The Nice International Exhibition. Le Pavillon Edison – diffusant la nouveauté de l’éclairage électrique attira beaucoup l’attention de même que le Pavillon Britannique, dont le Commissaire était James Charles Harris. Dans la Royal Collection of Art se trouve la copie d’un dessin qu’il fit du Pavillon Principal de l’Exposition. Comme d’habitude ses dessins sont extrêmement précis jusqu’au plus petit détail. Notons que Holy Trinity Church a été la première église à Nice à avoir l’éclairage électrique à l’instigation de Harris et de l’architecte Aaron Messiah et financé par un membre de la Communauté.
Grace à son agréable personnalité et à ses nombreuses qualités il fut invité à des évènements par des gens qui autrement auraient boudé la compagnie des étrangers. Il fut invité par le préfet Marquis Villeneuve-Bargemon, à se joindre à lui pour un tour officiel d’inspection dans le Département. Harris tint un journal quotidien de ce voyage à travers le très pauvre « arrière-pays » de Nice, choqué de voir de telles conditions de vie terribles et le manque de nourriture. Un extrait de son récit de voyage a été publié par Charlotte Dempster Hawkins (voir bibliographie).
Le Consul Harris était un parfait gentleman. Mais il pouvait aussi perdre patience. En 1896 il envoya une lettre à la Préfecture pour répondre à une demande officielle d’une copie des comptes et de l’inventaire de Holy Trinity. Le Captain Jolliffe (qui était trésorier et intendant général de HT) et lui-même déclarèrent que non seulement ils refusaient de fournir les documents demandés mais qu’il était parfaitement clair que puisque L’Eglise Britannique ne recevait aucun subside, ce n’était pas du tout l’affaire de la préfecture de savoir comment ils s’arrangeaient financièrement La demande ne fut pas réitérée
Il avait non seulement des talents pour écrire mais était aussi un peintre habile. En plus de son excellente et industrieuse activité de Consul, James Harris était un éminent aquarelliste et même un illustrateur pour diverses publications telles que : The Romans on the Riviera and the Rhone (1898) par William Henry Hall. Des musées et des galeries présentaient ses travaux. Son cadeau de départ à la Reine Victoria en 1898 fut un album, malheureusement disparu.
The Warrington Cheshire Museum and Art gallery possède une copie de sa River with Bridge peint en 1898 et de temps en temps certains de ses travaux font surface dans des sites de vente par Internet. Nous avons même trouvé le tableau d’un bateau peint par lui dans le musée maritime de Gênes, sa ville natale
Le prix moyen de ses aquarelles s’élevait à plusieurs centaines de Livres. Une de ses œuvres se trouve à Nice dans une collection privée. L’image montre une partie de la rivière du Paillon qui traverse Nice et ce qu’on appelait le Pont-Neuf joignant le faubourg de la Croix de Marbre à la vieille ville. Nous en avons trouvé aussi un croquis préliminaire très soigné.
Holy Trinity possédait quelques-uns de ses travaux. Peu avant sa mort, il préparait un album de quinze aquarelles et une trentaine de dessins relatifs à ses premiers séjours à Nice (1860-80) et il en fit cadeau dans un but charitable. La Ville ne possède aucun document relatif à ce don, ni le Fine Art Museum. Quelque part dans un tiroir pourrait se trouver une superbe collection. Il serait intéressant à la fois historiquement et artistiquement pour Nice et la Communauté britannique de voir ce qui n’a pas été vu depuis un siècle.
Le Consul Harris était Président de diverses sociétés charitables, telles que l’Asile Evangélique. Il était aussi à l’origine de la création de la SPA locale (Société Protectrice des Animaux) dont il fut membre fondateur et Président à partir de 1880. Cette association promouvait l’idée de créer des abreuvoirs pour les oiseaux les chiens et les anes. Près de la route en face du Château de l’Anglais au Mont Boron on peut encore voir une fontaine financée par la Reine Victoria après que le Consul Harris lui en a suggéré l’idée.
Après le décès de son ami proche le Colonel William Edwyn Evans propriétaire de la fameuse villa Torre di Cimella à Cimiez, il prit la Présidence de l’Asile Evangélique (Hôpital Protestant pour les pauvres) et il écrivit des appels passionnés à tous les journaux pour collecter des fonds pour les nécessiteux en mauvaise santé. Ces protestants sans un sou et autres non catholiques étaient bien reçus, soignés, logés et nourris pendant qu’ils y séjournaient. Il bénéficiait de l’aide de Mrs Evans qui continua à contribuer par des sommes importantes, et de l’aide de sa femme Geraldine Harris qui organisait de nombreux évènements de levées de fonds pour collecter de l’argent pour l’Asile.
Etant d’esprit indépendant et excellent communicant, il n’hésita pas à porter son regard sur la ville de Nice. Chaque fois qu’il publiait des articles dans les journaux locaux, ils étaient lus avec attention et commentés - bien que pas toujours appréciés par les autorités locales. Sa lettre sur l’Etat Sanitaire de Nice a été publiée par le journal local le Petit Niçois le 12 décembre 1884 et s’attira les foudres des autorités locales. The Standard publia le 2 janvier 1899 une très longue lettre du capitaine Thornton dénigrant la ville. A la suite de cette lettre très négative, Harris a répondu quelques jours plus tard dans le Nice Artistique Illustré, ainsi que le Maire de Nice, contestant les accusations soulevées que Nice était malsaine et manquait d’équipement sanitaire moderne.
Il n’hésitait pas à critiquer mais aussi à faire des suggestions concrètes mettant dans la balance le poids des visiteurs étrangers dans la planification urbaine Il publia même une brochure en français. Il se plaignait au sujet de la Société élégante et fortunée quittant Nice pour Cannes du fait du manque d’équipementIl n’hésitait pas à critiquer mais aussi à faire des suggestions concrètes mettant dans la balance le poids des visiteurs étrangers dans la planification urbaine Il publia même une brochure en français. Il se plaignait au sujet de la Société élégante et fortunée quittant Nice pour Cannes du fait du manque d’équipement adéquat (de luxe) et du manque de distractions convenables pour les visiteurs de la haute Société
Le Consul Harris était reconnu par sa hiérarchie pour fournir un excellent travail à Nice et il fut bientôt nommé également Consul en Principauté. C’était un ami personnel du Prince Albert qui était savant biologiste. Il fut invité à diverses croisières en méditerranée. Chaque fois que le Prince étudiait la faune marine, Harris peignait et dessinait des scènes marines
.
Sa réelle heure de gloire arrivera lors des cinq visites successives de la Reine Victoria à partir de 1895. La Reine appréciait beaucoup ses résidences de Printemps. Elle résida d’abord –au Grand Hôtel de Cimiez aménagé par Aaron Messiah qui installa un des premiers ascenseurs électriques à Nice à son usage– puis à l’Hôtel Regina où l’architecte Biasini construisit spécialement une aile pour la Reine. Le Consul Harris travailla sans arrêt pour que tout se passe en douceur.
La Reine était enchantée de Nice et enchantée du Consul Harris. En mai 1896 le Consul Harris fut parmi les premiers à recevoir l’Ordre de Victoria devenant plus tard K.C.V.O ;
Mais Harris avait atteint l’apogée de sa vie. Sa santé déclinait lentement mais il resta actif encore cinq ans. Pendant ses dernières années un de ses gestes les plus appréciés en 1899 fut le lancement d’une souscription charitable avec la présence et l’approbation du « Prince de Galles » (futur Roi Edouard VII), en faveur des victimes du désastre de Toulon. Un magasin de poudre près de Toulon à Lagoubran avait explosé probablement par suite d’une combustion spontanée (bien que des théories complotistes circulaient), causant beaucoup de dommages, de morts et de victimes. Cette levée de fonds par souscriptions fut très favorablement accueillie en France dans les cercles politiques et fut une des premières étapes qui conduisirent plus tard à l’Entente Cordiale et plus spécialement aux fêtes franco-anglaises de Nice en 1912. Le Consul Harris a été un élément essentiel pour l’amélioration des relations politiques et le développement de la coopération franco -britannique qui résistera à l’épreuve du temps pendant la Première Guerre Mondiale.
Il avait souffert d’un asthme sévère pendant toute sa vie comme son père et un de ses fils. A l’âge de soixante-treize ans il mourut chez lui de cette maladie à la villa les Roches au Mont Boron. Sa mort fit la première page des journaux niçois ainsi que de l’anglais Nice Times et des journaux anglais. Ses funérailles à Holy Trinity le 10 novembre 1904 furent un évènement plein de dignité.
Note :
Son prédécesseur le Consul Lacroix avait fait pour le Foreign Office un état comparatif des unités de mesure entre la France, le Royaume de Piémont Sardaigne et la Grande Bretagne qui montre l’étendue des tâches demandées aux Consuls.
Bibliographie
http://www.archeo-alpi-maritimi.com/atraverslecomte.php
http://www.archeo-alpi-maritimi.com/ellofnice.php