Le Paillon (lou Paioun)
Mise à jour janvier 2024
Etude jacky Sarale
Ci-dessus de gauche à droite: crue du Paillon Novembre 2019, détail carte d'Etat major ilalien Rocca Seira ou la Ribiera, l'Escarène Luceram 1762, fontaine du Paillon détail
Ci-dessus de gauche à droite: le Paillon de l'Escarène à Borgheas, Les Launes de Redbraus, le Paillon de l'Escarène au niveau de l'ancien moulin de Berre les Alpes, Plan de Linea pont sur le Paillon de Contes, pont de l'Ariane détruit par la crue en 1981
Ci-dessus de gauche à droite: pont de Peille, réseau hydrographique du Paillon, Sorgente di Paglione carte des archives royales de 1762, source du Paillon Mairanesca,vallée du Paillon l'Ariane la Trinité années 1930
Ci-contre de gauche à droite viaduc de l'Erbossière et ancien moulin viaduc de l'Escarène |
Description
Le Paillon est un fleuve côtier d’environ 40 km de long constitué de quatre branches dont les deux principales sont le Paillon de Contes et le Paillon de l'Escarène
L'appellation fleuve peut prêter à sourire quand on voit le Paillon en période d'étiage au niveau de Nice réduit à un simple filet d'eau et souvent complétement à sec dans un lit qui semble démesuré (plus de cent mètres dans sa plus grande largeur).
Et pourtant le Paillon est bien un fleuve (à régime torrentiel) puisqu'il se jette directement dans la mer. Certes son débit n'est pas constant mais il peut atteindre des proportions remarquables lors de périodes de fortes pluies.
Ce court fleuve côtier aux caractéristiques originales était déjà connu des anciens tel que Pline le jeune qui le nomme Padus.
Une étude sur le Paillon réalisée par A. Piétri () nous apprend que le Paillon était à l’origine un grand fleuve provenant du Mercantour ne faisant qu’un avec la Vésubie, que les bouleversements tectoniques ont réduit à sa taille actuelle et qui se jetait à Nice mais en passant à l’ouest de Cimiez
Une autre étude permet de mettre en relief également, l’action des glaciers dans la formation de son cours
Hydrographie
Le Paillon de Contes.
Il est considéré comme la branche principale. Son appellation est assez étonnante car s'il traverse cette localité, il n’est nullement originaire de celle-ci.
Sa source se trouve effectivement sur le territoire de Lucéram qui est son bassin le plus important et il a toujours été considéré comme prenant ses sources sur cette commune.
Les cartes les plus anciennes mentionnent son origine dans le vallon de Mairanesca situé au pied de la cime du plan Ribert et du col de Porte.
La carte de 1762 des archives royales de Turin indique en ce lieu “ sorgente di Paglione” et le cadastre napoléonien « fontaine du Paillon », le plan de Bourcet reprend cette appellation non pas pour un point précis mais pour la région du ruisseau de Planfae. Ce cours d’eau qui regroupe les torrents de Mairanesca, de La Valette et de Nugo est apprécié des amateurs de canyoning.
La direction générale du cours d'eau est alors Est-Ouest jusqu'au vallon de La Valette puis direction sud-ouest jusqu'au vallon de la Morga en limite de Duranus sous le hameau de L’Engarvin où il réceptionne les eaux des différents vallons venant des pentes du col Saint-Michel, de Rocca Sparviera et du col de Lautaret.
Puis direction plein sud pour passer à l'est du village de Coaraze recueillant en rive droite le vallon de Villars et du rio Fredo et en rive gauche le vallon de Gaya et de la Barbari.
Plus en aval, au plan de Linea de nombreux vallons convergent vers son cours où existaient en ce lieu de nombreux moulins à huile en particulier au vallon de la Gravière ; en rive droite provenant du Férion d'autres vallons, de la Lave de Saint-Sébastien, de Guillerme le rejoignent.
Arrivé à Bendejun de nombreux cours d'eau rarement à sec l’alimentent en particulier le Drag et celui de Roquebillière qui compte deux cascades sur son cours, tous deux provenant des pentes du Férion, faisaient tourner plusieurs moulins (Voir site moulins de Bendejun) ; à l'entrée de Contes le ravin de Fontanil en rive droite et le Riou en rive gauche.
À la pointe de Contes et de Blausasc il reçoit le ruisseau de la Garde venant de la pente sud du col de Nice et alimenté en rive droite par celui de la Vernea et en rive gauche par celui de Blausasc.
Puis son cours recueille un peu plus en aval en rive droite les eaux du Mont Macaron drainées par les vallons de Tuart, de Pierrefeu et d'Ellena (alimenté par de nombreuses sources), des communes de Cantaron et Contes.
Au lieu-dit (pont de Peille ou plan de Rimond) à la limite des communes de Blausasc Cantaron et Drap il s’unit au Paillon de l'Escarène pour devenir le Paillon de Nice, il lui reste encore à recueillir à droite les eaux du vallon de terre d’Eze et de la Lauvette (vallon entièrement comblé).
En rive gauche sur la commune de la Trinité il reçoit le Paillon de Laghet (voir plus loin) à partir de ce lieu la densité urbaine a complétement occulté la présence de petits ruisseaux qui de nos jours sont entièrement sous les chaussées. Après le quartier de l'Ariane il passe par un goulot entre la colline du Mont Gros et celle de Rimiez juste après avoir reçu le dernier de ses affluents le Paillon de Saint-André (ou la Banquière).
Il reste un temps encore visible avant de passer sous le lycée de l'Est pour réapparaître 500 mètres plus loin avant de s'engouffrer sous le Palais des Expositions et ne ressortir que 2800 m plus loin pour se jeter dans la Méditerranée. (Voir article sur la couverture du Paillon en intra)
Le Paillon de l'Escarène parfois dénommé aussi Paillon de Peille
Deuxième branche du Paillon, elle aussi prend le nom d'un village qu’elle traverse mais qui n'est pas à l'origine de sa source, en effet il provient d'un secteur délimité par le pas de l'Escot et la cime de Rocaillon toujours sur la commune de Lucéram, là où se situe la limite de partage des eaux entre Paillon et Bevera, le point de jonction des différents ruisseaux intermittents se trouve à l'altitude de 841m et la carte IGN au1/25 000 indique le Paillon, ruisseau de Bomerei
Il atteint rapidement Lucéram où arrive le vallon de Roccanièra (autrefois une mine de realgar y était exploitée), ainsi que les vallons du col de l’Abblé, celui de Faravel, du Cayre de Braus, de la Rovera et de la Croix de la Plastra.).
Plus en aval il est rejoint par l'important cours d’eau de la Pinéa au lieu-dit pont des moulins.
Ce cours d’eau qui récolte les eaux des versants situes entre le col de Savel et de Saint-Roch n'est jamais à sec.
En ce lieu, du « pont des moulins », existaient grâce à l'abondance de ses eaux de nombreux moulins (voir sur le site moulins de Lucéram)) ; arrivé à l'entrée de l'Escarène un autre affluent important amène les eaux récoltées sur une partie des communes de Lucéram et de Berre les Alpes entre la baisse de la Croix, la baisse de Marsan et la cime du Savel, c'est le ruisseau de Lalou en partie supérieure et de Fighière en partie inférieure (moulins de l’Escarene en intra).
Le Redbraus qui se joint à lui dans le village est un affluent important et toujours en eau il provient de la source de Pissaour et également de la cascade située au-dessus, imposante et bruyante pendant les orages, elle recueille des eaux de ruissellement du petit plateau situé au sud du col de Braus (moulins de Touet de l’Escarene sur le site).
Il est rejoint au quartier Saint-Laurent par le vallon de Pierrefeu et en rive gauche par celui du Mont Auri. Certaines publications n'hésitent pas à situer la source du Paillon au mont Auri (voir note plus loin)
Dans ce hameau on peut voir le pont ancien permettant au premier tracé de la route royale de franchir ce ruisseau.
Plus en aval son cours est agrémenté de petites launes particulièrement prisées pendant la période d'été par les baigneurs malgré l'accès difficile
A l’entrée de l’Escarène il passe au-dessous du superbe viaduc de l’Escarène, qui compte un autre ouvrage d’art imposant qui permettait à « la route royale » Nice Coni de franchir le cours principal.
Après le village de l'Escarène sur le territoire de Peille il reçoit plusieurs affluents importants en rive gauche dont le ruisseau de Passes d’Albera,
Puis il s’engage dans des gorges assez impressionnantes, maintenant adoucies par les carrières situées de part et d’autre de son cours
A la sortie des gorges le ruisseau d'Eira et l'important ruisseau de l'Erbossiera enjambé par le remarquable viaduc de la ligne de chemin de fer Nice Tende alimentent son cours.
A la Grave de Peille le ruisseau du Faquin toujours en rive gauche lui amène ses eaux, plus en aval à Ste Thècle c'est celui de la Launa (de Galemberten en partie supérieure) provenant des pentes du mont Agel et de la cime des Cabanelles et
enfin à Borgheas le vallon des morts drainant les eaux du plateau Tercier, en rive gauche.
Il rejoint peu après le Paillon de Contes au pont de Peille, pour former avec lui le Paillon de Nice.
Le Paillon de Laghet
Très rarement en eau il provient des pentes sud-ouest du mont Agel passe au lieu-dit la Gorra puis sous le monastère de Laghet, quelques petits vallons l'alimentent surtout en rive gauche, le vallon de la nuit, de l’Ourt avant de se jeter dans le Paillon de Nice à la limite de la commune de Nice et de la Trinité au quartier de l'Ariane
Le Paillon de St André, de Levens ou de la Banquiere
Cette quatrième branche du Paillon est issue du flanc ouest du Mont Férion, sur la commune de Levens d’où part le ruisseau du Peloubié
Du quartier de Ste Claire au Plan d’Arriou cette partie supérieure du Paillon est dénommée ruisseau « de gorge obscure » sur les cartes IGN ;
Un seul ruisseau important celui du Revesté s’y jette en rive gauche provenant du mont Férion.
Au Plan d’Arriou il reçoit quelques ruisseaux intermittents en rive gauche, avant de devenir le Rio sec, le bien nommé, qui contourne par l’est la colline du village de Tourrette-Levens.
Puis au bas du village le Gabre issu du mont Cima toujours en rive droite rarement à sec, le rejoint au quartier des Moulins pour lui apporter le peu d’eau qui faisait fonctionner plusieurs moulins (voir infra)
A partir de la Clue Il change à nouveau de nom pour s’appeler la Banquière et reçoit au niveau des carrières de St André de la Roche, mais sur la commune de Falicon, un ruisseau drainant les pentes est du Mt Chauve d’Aspremont et sud de celui de Tourette.
Un dernier vallon se jette en rive droite venant de l’Aire st Michel, puis il s‘unit au Paillon de Nice
Notes sur la source du Paillon
Sur le site Wikipedia on apprend que le Paillon prend sa source au Mont Auri assertion complétement loufoque et insensée quand on connaît la région niçoise et invraisemblable à la lecture des cartes.
Voici ce qui est affirmé « Il prend sa source à 1 300 m d’altitude sur les pentes du mont Auri, proche du col de Braus »
Ainsi les pentes du mont Auri sont plus élevées que son sommet qui culmine à 1185 m ??
Cette erreur qui peut être pardonnée, doit être rectifiée car ce site regorge malgré tout d’informations multiples mais qui demandent à être vérifiées.
Ce que n’ont pas fait de nombreux auteurs « dans des publications variées et qui pratiquent le copié-collé » très utilisé sur internet.
Le Paillon dans l’histoire du Comté de Nice
Ses différents cours ont permis l’établissement de voies de communications qui le longeaient, d’abord sur les crêtes le bordant, parfois dans son lit, puis depuis l’ère moderne en empiétant dans son cours en l’endiguant.
La voie ferrée Nice-Coni elle aussi emprunte sa vallée et ses gorges ainsi que son affluent le Redbraus, au prix de nombreux ouvrages d’art pour rejoindre Sospel.
Malgré son humeur capricieuse il a permis à de très nombreux moulins de fonctionner ; moulins à huile, à farine, à papier, martinets et foulons au bénéfice des habitants des villages traversés.
Là ou son cours devenait moins abrupt ses crues rarissimes mais violentes permettaient l’étalement d’alluvions riches en nutriments, exploitées pour les cultures maraîchères et fruitières.
Tout au long de son cours ces endroits sont nombreux et aujourd’hui largement urbanisés mais pour beaucoup reconnaissables à leur toponymie souvent dénommés « plan » dont voici quelques exemples : Plan de Peille, Plan de Rimond, Plan de Linéa, de la Fournigue, Plan du Marquis, Plan d’Arriou, le Plan, le Plan de Revel, le Plan de Couthon.
D’autres dénominations sont également utilisées comme « prat » à l’Escarène
A Nice même de nombreux quartiers étaient d’anciennes plaines alluviales comme l’Ariane et l’Arbre inférieur en rive droite, Bon Voyage, Roquebillière, St Roch et Riquier sur la rive gauche. Elles étaient d’ailleurs complantées d’arbres fruitiers en particulier d’orangers ainsi que de cultures maraîchères.
De nombreuses communes riveraines puisent l’eau de sa nappe phréatique pour alimenter en eau potable leurs habitants.
Durant les nombreuses guerres qu’a subies le Comté les troupes adverses ont souvent établi leur positions et campements de part et d’autre de son cours qui constituait une barrière naturelle de par son exposition totalement à découvert et parfois de l’existence d’un courant d’eau.
Une de ses crues soudaines relatée par le Marquis de Saint Simon emportât le 14 avril 1744 plus de 300 soldats
"Un bataillon de l’armée Gallispane (franco espagnole) est surpris par une crue du Paillon alors qu’il traversait son lit au cours d’un engagement avec les troupes piémontaises retranchées sur le Mont Alban. 6 officiers et 300 soldats périrent.
Un violent orage est à l’origine de cette crue dont le niveau s’élevait à plus de 12 pieds au-dessus de son niveau"
Les autres crues du Paillon
Elles sont soudaines et violentes et peuvent survenir en quelques heures de pluies soutenues.
Outre celle évoquée ci-dessus de nombreuses crues sont survenues dont voici une liste récapitulée par météo France
9 octobre 1530, 10 novembre 1544, 15 août 1601, 15 août 1603, 16 décembre 1620, 8 novembre 1631, 1635, 1651, 1681, 1er octobre 1689, 1694, 14 avril 1774, 1775, 1788, 1862, 27 octobre 1882, 10 novembre 1886, 1911, 1913, 13 juillet 1932, 17 novembre 1940, 12 décembre 1957, 14 octobre 1979", liste qu’il faut compléter avec les dates des 6 et 23 novembre 2000.
La crue d’Octobre 1979 détruisit le pont de l’Ariane, la passerelle entre Drap et Cantaron fut emportée et en 1981 le pont de la Trinité.
En 2005 les pompiers évacuent des automobilistes piégés dans le tunnel Liautaud par la montée des eaux.
La dernière date de 2019 mais n’a pas causée de débordements.
Bibliographie
Histoire des Alpes maritimes Pierre Gioffredo
A Pietri: recherches régionales N°5
https://www.departement06.fr/annees-1960/recherches-regionales-1963-2904.html .
Thèses:
monographie-hydrologique-et-hydraulique-du-paillon-de-nice-en-vue-de-la-gestion-du-risque-inondation
recherches régionales 3
sites
http://www.geoglaciaire.net/index.php?option=com_content&view=article&id=195&Itemid=204
http://www.archeo-alpi-maritimi.com/couvertureetdetournementdupaillon.php