Ci- dessus photo aérienne 1950

Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

 

La Brigue 06430

 

Le Pont du Coq

 

Etude Jacky Sarale

 

Mise à jour octobre 2024

 

44° 03’ 52,3 N; 7° 37’ 48 ?7 E, Z  863 m

 

Photo ci-dessus ADAM 02 06 1961 N°1

Photo ci-dessus ADAM 02 06 1961 N°2

 

Photo ci-dessus carte de 1763; flèches du haut: la Levenzo, flèches du bas: le pont

Photo ci-dessus vue aérienne 1950

Photo ci-dessus -Aspect actuel

Vue ci -dessus géoportail

Parmi les nombreux édifices et sites remarquables de ce village important du haut pays, à la frontière avec l’Italie, dominé par le mont Bertrand et les sommets du Marguareis, le pont du coq en est un des plus connus.

Ce pont qui permettait à la voie muletière conduisant entre autres à Morignole, de franchir la Levenza, doit sa notoriété à sa caractéristique peu commune de « pont rompu ».

En effet il est extrêmement rare que la chaussée d’un pont présente un décroché presque à angle droit (110°) pour accéder à l’arche principale permettant d’enjamber la rivière.

Le constructeur devait rattraper la différence de niveau très importante entre les deux rives ce qui l’amena à créer une rampe d’accès de plusieurs mètres reposant sur 3 arches pour rejoindre la rive droite à travers les prés inondables.

Pour faciliter la prise du virage par les attelages la chaussée au niveau du coude est largement agrandie.

Cette dernière dans le reste de l’ouvrage mesure 1,20 m, l’arche principale de 14,20 m permettait de faire face aux crues, la longueur totale de l’ouvrage atteint 64 m.

Un premier pont construit au xv-ème siècle, aurait été emporté par une crue et remplacé par l’ouvrage actuel en 1710; il a subi plusieurs réparations en 1843,1847 et 1906.

Il a été édifié en moellons de pierres calcaires provenant de la carrière de Cianossa, très proche, et jointoyés au mortier de chaux.

La chaussée est caladée (revêtue de galets) sur toute sa surface avec deux parapets en pierre également.

La tempête Alex de 2020 a mis à mal ses culées mais des travaux terminés en 2022 ont été accomplis pour le consolider.

Cet ouvrage d’art est classé monument historique par Arrêté du 3 novembre 1987 qui en fait la description ci-après:

D'origine médiévale, ce pont piétonnier a été emporté par les eaux de la rivière au début du 18e siècle et reconstruit en 1710 par les Cometto, père et fils, maçons originaires de Lugano. Il est du type des "ponts rompus" formant un coude avant d'enjamber la rivière. L'ouvrage est en moellons jointoyés et la chaussée encadrée d'un double parapet a conservé son sol caladé.

L’origine de cette appellation a donné lieu à de nombreuses hypothèses et légendes pouvant l’expliquer mais difficilement acceptables.

En effet cette appellation « du Coq ou Mirabello » se retrouve dans des documents d’archives de la commune de la Brigue déposés aux archives départementales relatant des travaux effectués pour la période 1921-1929. E-dépôt 95 486 -

Mais dans d’autres documents d’une période plus ancienne 1862-1935 seule l’appellation Mirabello est présente (E-dépôt 95 475) ainsi que dans un dossier de travaux de 1837-1843.

Enfin une dernière explication serait: ponte del Galllo et non Ponte Gallo du nom du propriétaire de la vigne se trouvant en rive droite et qui par traduction serait devenu du Coq (Gallo en italien). En réalité cette appellation qui apparaît sur une carte d’état-major italienne du début du XX -ème siècle ne me semble pas satisfaisante car il est indiqué ponte del gallo et non pont Gallo ce qui serait plus exact dans cette hypothèse.

 

Sur la carte de 1763 précitée il figure sous la dénomination « ponte di fauà » soit « pont des frênes ».

Cette appellation « pont du coq » qui n’apparaît que tardivement, a permis l’apparition de la légende dont une version est transcrite ci-dessous

« Le maçon chargé de la construction du pont désespérait de trouver une solution pour cet ouvrage complexe. Le diable lui apparut alors et lui proposa un pacte si, lui, parvient à construire le pont avant le lever du jour, le maçon devra lui donner son âme. En fin de nuit, avant que le diable parachève l’ouvrage, la mère du maçon allume une torche dans son poulailler pour faire chanter le coq. Le diable s’enfuit et le maçon, dont l’âme est sauvée termine son ouvrage »

 

Note : des légendes plus ou moins semblables faisant intervenir le diable et le coq pour la construction d’un pont se retrouvent ailleurs en France (le pont du coq à Saumont-la-Poterie, Le pont de Licq, en Pays Basque, etc…)