Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

FRANCHISSEMENT DU VAR QUATRIEME PARTIE SUITE ET FIN

Etude Jacky Sarale

Mise à jour juin 2024

 

Photos ci-dessus de gauche à droite: Pont de l'Ablé suivant la carte d'état major de 1928, pont de la Mescla, photo et plans

Les difficultés de franchissement du Var s’ajoutaient à celles causées par le relief tourmenté de notre région et ne facilitaient pas les communications à l’intérieur du comté.

Ce développement de chemins nécessaires pour rompre l’isolement de l’arrière-pays se heurtait aux difficultés techniques de l’époque et également parfois aux privilèges de certains nobles locaux. De plus la proximité du puissant voisin ne faisait qu’accroître les réticences des militaires qui craignaient une invasion facilitée par un meilleur réseau de routes et chemins.

Pourtant l’histoire de notre région, plusieurs fois occupée tout au long des siècles passés et ce malgré ces mauvaises communications, prouvent la faiblesse de leur argumentation.

Le choix d’itinéraires empruntant les quatre vallées du comté : Var, Tinée, Vésubie, Estéron s’il a parfois été évoqué n’a pas été retenu pendant des siècles car outre les réticences déjà mentionnées s’ajoutaient des raisons techniques dues à la présence de clues et gorges dans chacune de ces vallées.

Les moyens limités de l’époque rendaient difficile leur exécution comme le financement qui était alors supporté essentiellement par les communes aux revenus plus que modestes.

Le pouvoir central avait donc retenu le principe d’une seule route centrale de laquelle partiraient des voies muletières rejoignant les autres vallées et reliant entres eux les divers villages essentiellement situés sur les hauteurs.

En 1827 on commenca la route de Nice à Levens pour rejoindre la Vésubie à St Jean la rivière par Duranus pour réaliser ce projet.

Elle ne sera terminée qu’en l’année 1842 pour le tronçon Nice Levens et atteindra le Suquet d’Utelle deux ans avant l’annexion.

Mais les techniques ayant évolué et les ressentiments envers le pouvoir Sarde de la population des villages et des villes concernés qu’ils estimaient bien peu préoccupé par leurs difficultés amenèrent celui-ci par la loi du 26 juin1853 à consacrer le principe d’une route de grande communication pour chacune des vallées, Var, Tinée, Vésubie, Estéron ; le Paillon et la Roya étant desservis depuis le XVIIIème siècle par la Route Royale Nice-Turin.

Le verrou de la Mescla fut enfin forcé et permit l’accès aux vallées du Var et de la Tinée et deux derniers ponts sur le Var furent construits peu avant l’annexion

 

Le pont de la Mescla

 

Ce pont situé au confluent du Var et de la Tinée permettait de franchir le Var reliant la voie muletière nouvellement créée depuis le Chaudan et d’atteindre la rive droite du Var où le tronçon Mescla-Malaussène était en construction ce qui permettait enfin d’éviter le passage par le mont Vial.

Les travaux débutèrent en juin 1856 mais alors qu’ils étaient déjà commencés, une crue survenue en septembre détruisit les travaux de fondation.

Le génie civil sarde opta alors, pour éviter de futures destructions pour un pont suspendu.

Son tablier de 60 m de portée était soutenu par 2 câbles de chaque côté, arrimés à deux piliers reposant sur des culées en maçonnerie.

Le tablier d’une largeur totale de 5 m dont 4 de chaussée était en chêne soutenu par 49 poutres de mélèze.

Il permettait la liaison avec le tronçon de route déjà achevé jusqu’à Malaussène

La continuation de cette route pour rejoindre Villars en rive gauche nécessitait un nouveau pont :

 

Le pont de l’Ablé

 

Dans un endroit où le lit du Var se resserre face au lieu-dit du même nom sur le territoire de Malaussene.

Ce pont achevé comme le tronçon de route en juillet 1860 était construit en bois et prenait appui sur 2 piles en maçonnerie.

Ces deux derniers ouvrages bien que terminés après l’annexion sont cités car ils ont été décidés sous l’administration Sarde

Il fallu donc attendre la veille de l’annexion pour qu’un véritable réseau de communications adapté remontant entre autres la vallée du Var commença à prendre forme diminuant ainsi les difficultés liées à son franchissement.

Des lors sous l’égide du second empire puis sous la république les travaux non seulement continuèrent mais ils connurent une accélération et une extension dans tout le département nouvellement créé des Alpes Maritimes

Note :

Voici le bilan des travaux que l’ingénieur du génie sarde Joseph Fricéro (principal initiateur du projet des routes des 4 vallées) devenu ingénieur des ponts et chaussées après l’annexion, établit en août 1860 (tiré de l’article paru dans la revue Nice Historique année 1954 de Léo Imbert) :

« Route du Var: du confluent de la Tinée à Guillaumes 60480m

1 Tronçon du Chaudan commun avec la route de la Tinée 9279 m terminé

2 Pont suspendu sur le Var à la Mescla achevé le 26 juin 1860

3 Tronçon de route entre ce pont et le pont de Malaussène 7014 m achevé en 1858

4 Deuxième tronçon de 2080 mètres l’ancien pont détruit de Malaussène et le pont dit de l’Abblé sur le Var ce pont compris achevé le mois dernier.

5 Entre le pont de l’Abblé et le torrent Cians 10750 m en cours d’exécution. »

Note

Voir aussi sur ce site les dossiers suivants

franchissement du Var

franchissement du Var deuxième partie

franchissement du Var troisième partie

 

Bibliographie

 

Reynaud Edmond Nice Historique Année 1908

Jean Bernard Lacroix Nice Historique p 446 de l'année 2005 

 

Imbert Léo, « Les communications dans l’ancien Comté de Nice sous la Restauration sarde », Nice Historique, 1954

Hildeshmeier Ernest, « Les voies de communication dans l’ancien Comté de Nice… de 1860 jusqu’à 1940 

Colette Bourrier Reynaud, « Il faut réparer le pont de Ste Pétronille, 1984, pp .87-93.  Mémoires de l'IPAAM »

 

Michel Bottin, De la digue sarde à la RN 202 La vallée du Var, voie de communication dans Un espace   à percevoir, les Alpes d’Azur Syndicat intercommunal touristique des Alpes d’Azur, SITALPA La Documentation française Paris1995

René Liautaud « La France Rustique » Les Régionales Serre Editeur

Le désenclavement routier de la vallée du Var du milieu du XIX eme siècle à 1930 Olivier LIBERGE Résumé d'un mémoire de maîtrise soutenu à l'Université de Nice sous la direction de M. Schor

Histoire de Puget-Théniers « moult noble cité et ancienne » de Jacquet Charles Serre éditeur

 

Michel Bottin « Passer le Var à St Martin ou les vicissitudes d’un service public mal réglé XXV -ème XIX -ème siècles » en Provence historique fascicule 206, 2001, p 509-522

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