Mise à jour juillet 2009
Ce rapport porte le numéro 13 , carton N°7 et comporte des annotations historiques en marge, d’une autre écriture. L’orthographe a été rectifiée sauf pour les noms de lieux. Le texte original est en italique, et les commentaires sont intercalés dans le texte en écriture droite. On peut se demander si l'officier français en mission d'espionnage s'est fait passer pour un simple touriste pour circuler dans le Royaume de Piémont Sardaigne
« D’Antibes à Nice, trois heures de chemin, demi lieue avant que d’arriver à Nice, on trouve le Var, qui fait la séparation de la Provence d’avec le Comté de Nice. C’est un torrent que la moindre pluie rend dangereux, il coule avec rapidité, certains bras se réunissent dans les grandes eaux, il y a un bac pour passer le plus profond. Saint Laurent dernier village de France est sur le bord. Par un beau temps, la traversée d’Antibes à Nice n’est que de deux heures.
De Nice à l’Escarenne, quatre heures de chemin, il y a une montagne à monter et à descendre »
Il s’agit du col de Nice
« On passe plusieurs fois le Paglione dont la largeur du lit empêche que cette rivière ne soit haute. L’Escarenne est un bon bourg.
De l’Escarenne à Souspel, cinq heures de chemin, il faut monter et descendre deux montagnes remplies de rochers, les rampes en sont bien aménagées. Souspel est un gros bourg, le pays est cultivé et parait assez bon »
L’auteur parle de deux montagnes, or entre l’Escarène et Sospel il n’y a que le col de Braus, à moins d’imaginer un trajet par le col du Cavalier et la Baisse du Pape, ou encore de compter le col Saint Jean au sud ouest du mont Barbonnet.
« De Souspel à la Giandola, cinq heures de chemin, on monte et l’on descend deux montagnes. Après trois heures de route on trouve Breglio, gros village enveloppé de petits rochers, le pays des environs est agréable. »
En fait, de Sospel à la Giandola il n’y a que le col de Brouis et non deux montagnes, à moins de faire mention du col de Perus, et les trois heures mentionnées sont une erreur dans la mesure où le rapport compte cinq heures de Sospel à la Giandola, ce qui ferait deux heures entre Breil et la Giandola.
« La Giandola est un petit village où il y a un cabaret assez grand pour le pays, les montagnes s’ouvrent en cet endroit et laissent voir quelques prairies, les monts sur la droite ne paraissent que roc, on assure que le sommet est cultivé ».
Le cabaret est peut-être ce qui deviendra plus tard l’Hôtel des Etrangers.
« Pour profiter des montagnes sur la gauche où il y a un peu de terre, on a formé des marches en amphithéâtre pour les soutenir et empêcher les eaux de les emporter.
Il s'agit des restanques
De la Giandola à Tende, trois heures et demies de chemin, en remontant le petit ruisseau appelé Roia il n’y a ni à monter ni à descendre, les montagnes ne sont séparées que par ce petit ruisseau, des deux côtés duquel elles s’élèvent comme de hautes murailles de graier. ( gravier ?) ; on a pratiqué dans le roc, une banquette ou parapet de 4 à 5 pieds de large, il y a encore les restes d’un garde fou en maçonnerie du côté du ruisseau qui a cavé profondément le cours de son lit, on le passe 7 ou 8 fois sur des ponts hardis. Dans ce court espace de chemin qui est fait avec art et grand travail, des voûtes en maçonnerie le soutiennent presque partout ; un marbre incrusté dans le roc instruit avec emphase que c’est aux Ducs de Savoie à qui les voyageurs sont redevables de ce chemin.
Après avoir marché une heure on voit sur la droite Saourge assez gros village, il est comme appliqué à la montagne, au sommet de laquelle il y a un fort que rien ne domine et qui enfile la gorge ; on le dit très bon pour la défense de ce passage ; le Roi de Sardaigne y entretient un Commandant et dix invalides ; le terrain et les environs de Saourge parait cultivé et assez agréable, eu égard à l’horreur de cette route et des rochers.
On assure qu’au sommet de cette montagne, il y a des terres cultivées.
Tende est un gros village dont les maisons sont comme appliquées aux rochers ; il a le titre de Comté, il est dépendant à présent de celui de Nice quoiqu’au milieu des montagnes et rochers il y a des prés et terres qui produisent.
De Tende à Limone, sept heures de chemin, rempli de pierres et de rochers, on monte pendant près de trois heures et demies pour arriver au sommet de la montagne, sur lequel il y a un fort petit terre-plein où le vent est quelquefois si impétueux qu’il précipite les hommes et les mulets, mais il dure peu, les habitants de Tende avertissent quand il y a du danger. De ce sommet on découvre le bassin vers la Lombardie, qui parait comme une vaste mer,
On descend ensuite pendant environ deux heures et demie, la rampe est assez bien aménagée, il y a quelques petits morceaux de prés et de petites chutes d’eau ; à la fin de Septembre la moisson des terres ensemencées n’était pas faite, ces montagnes sont sujettes à être couvertes de neige, dont il se détache dans les fontes, des volumes capables d’ensevelir ce qui se trouve dessous, cela s’appelle Lavanger (sic)" (avalanches). "Il y a peu de temps de l’année où les muletiers ne passent le col de Tende ; on marche environ trois quarts d’heure pour arriver à Limone ; c’est un assez gros village enveloppé par les montagnes, les maisons sont passables, un bataillon et même deux pourraient y loger dans un besoin ; outre la paroisse et quelques chapelles de confréries, il y a un petit couvent de capucins ; les grains et le fourrage y sont assez communs, le gibier abondant, il y a un moulin à eau ; les paysans y sont très mauvais, le Roi de Sardaigne y tient un détachement d’infanterie pour les contenir…. »
On voit que le rapport est assez succinct. En particulier il ne mentionne pas le couvent de Saint Dalmas de Tende et la maison de la Cà dans les lacets du col. A t'elle été créée après 1736?