Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

 

 

Mise à jour février 2025Exil du Roi Charles Albert

 

Exil du Roi Charles Albert- Fontaine du statut de l'Escarène 06440

 

Traduction du texte de Charlotte Hawkins () Page 340

 

Le « statuto » qu’il concéda à Turin en juillet 1848 provoqua une joie délirante parmi ses propres sujets et un enthousiasme contagieux. Menton et Roquebrune se révoltant contre le Prince de Monaco qui s’est refusé à un statut, se joignirent au Piémont et le bruit de leur réunion, alors qu’il s’étendait à la Lombardie Vénétie, accrut le mécontentement contre le régime autrichien.

Horace Vernet a exécuté un grand tableau de Charles Albert chevauchant sa monture pendant qu’on peut voir des lourds nuages de pluie balayer la campagne et le champ de bataille qu’il surveille.

C’est un tableau typique car cette campagne a brisé les forces vigoureuses de Charles Albert et la perte de la bataille de Novare a brisé son héroïque courage.

Quand la nuit est tombée sur cette désastreuse scène de combat, le Roi qui selon ses propres mots n’a pas trouvé la mort dans le combat, a fait un dernier sacrifice pour le bien de son pays. Il abdiqua en faveur de son fils et partit aussitôt, théoriquement pour Turin. Les Autrichiens qui campaient à Novare pour intercepter les communications avec Vercelli avaient placé un poste avec deux pièces d’artillerie sur la route. Vers minuit le capitaine du poste entendit des bruits de roues à quelque distance et donna l’ordre de charger en munitions. Les artilleurs se tenaient sans bruit près de leurs pièces quand une lumière apparut. Les roues que l’on entendait n’étaient pas celles de l’artillerie piémontaise mais celles d’une voiture de voyage dans laquelle on trouva un gentleman qui voyageait rapidement dans la direction de Turin. Je suis le Comte de Barge dit le voyageur qui se trouva rapidement entouré par quelques hussards en présence du Général Comte Thurn.

Dans l’antichambre un sergent de bersagliers fut confronté à lui, mais le sergent répliqua qu’il ne connaissait pas dans l’armée un quelconque Comte de Barge. Observez le bien dit le Comte Thurn. L’homme s’approcha de deux pas, fixa les yeux sur le voyageur et devint pâle.

Ah « sicuro », je me souviens de lui maintenant. Le Comte de Barge a combattu près du Roi. Le sergent fut renvoyé et le voyageur fut invité à prendre un café avec le Général et son Etat Major. Charles Albert accepta le café et resta un peu de temps à engager la conversation. Il y déploya tellement d’habileté et de grâce qu’après son départ le Comte Thurn exprima sa surprise qu’un hôte de cette qualité occupât seulement le rôle insignifiant de Colonel dans l’armée piémontaise. Monsieur dit le bersaglier, c’est le Roi.

Messieurs cria le Comte Thurn « Dieu protège l’Autriche »

Si la batterie avait fait feu sur la voiture on aurait dit que tout autant implacable que perfide on aurait assassiné Charles Albert par un lâche stratagème.

Pendant ce temps quatre chevaux emmenaient le Roi au cœur brisé vers Laghet.

Les carmélites qui n’avaient pas entendu parler de la moindre bataille, n’avaient aucune raison de suspecter quelque chose d’inhabituel dans la visite d’un gentleman dans leur église.

Mais celui-ci s’agenouilla longtemps devant l’autel et soupira profondément. Il demanda ensuite à loger dans le monastère et on l’accepta.

Le reste est très bien raconté par les mots pathétiques de l’inscription (voir photo).

Il roula calmement vers Nice où une réunion très triste eut lieu entre lui et le gouverneur. Abattu et fatigué, l’exilé bien seul, expliqua à son fidèle serviteur que ce serait son dernier adieu.

Toujours sous le nom de Comte de Barge, il traversa le Var et se trouva sur le sol français. Mr Tripet-Skrypetzine qui était alors à Cannes m’a dit qu’il se souvenait de l’émotion populaire tout le long de la côte quand on sut que Charles Albert avait abdiqué, avait dormi à Antibes et avait envoyé prévenir son Commandant le Général de Parron pour lui dire son projet de se retirer près de Oporto. Un élan d’émotion encore plus vif se manifesta au milieu de l’été quand des nouvelles arrivèrent du Portugal disant que le Roi était mort juste quatre mois après la communion de « affetti e dolori » à Laghet.

   

Plaque commémorative du passage à Laghet

 

Cette plaque se trouve à droite dans le porche en entrant dans la chapelle. Le relevé du texte a été fait par C Hawkins

 

QUI

LA MATTINA DEL 26 MARZO 1849

CARLO ALBERTO

LASCIANDO I CAMPI FATALI DI NOVARA

SOSTAVA IGNOTO ESULANTE

QUI

PIAMENTO CONFESSO E ALLA MENSA DI GESU

RICONFORTAVA LO SPIRITO SOFFRENTE

RINOVO IL SACRIFIZIO DI AFFETTI E DOLORE

QUI

PERDONE LE INGIURIE

E ABBANDONANDO COLLA PRESENZA L’ITALIA

SE RECCOMANDAVA I DESTINI

AL PATRONCINIO DELLA

VIRGINE MADRE

 

Fontaine du statut à l’Escarène 06

 

Elle se trouve rue du Château en descendant à gauche. C’est un petit monument avec un panneau vertical sur lequel est Notée la date 1851 et une inscription gravée

 

B.DELLO STATUTO

 

La partie supérieure est composée de deux demi-cercles. Si celui du haut on peut lire en français :

 

DEFENSE DE LAVER QUOIQUE CE SOIT

 

Et en dessous :

 

DANS LE BASSIN

 

Bibliographie

 

Charlotte Louisa Hawkins Dempster - The Maritime Alps and their seaboard

Longmans Green and Co – London 1885

https://archive.org/details/maritimealpsthei00demp