Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

 

Réflexions sur Nice selon la Comtesse de Blessington

                                                                                                                                                                                                                                  Mise à jour octobre 2024

Traduction page 138 :

 

6 mars 1823

Nice, bien que ce soit une ville étendue avec diverses rues et un grand square, est très déficiente non seulement en matière d’élégance mais dans le confort de la vie, que ce qu’on pourrait imaginer avec un tellement grand apport de richesses venant d’Angleterre, des gens demandant en particulier au moins un peu du confort auquel ils sont habitués en Angleterre.

Les rues ne sont pas propres et le grand square est le plus triste et sale que j’aie jamais vu.

Comme Nice serait différente avec une colonie de négociants anglais.

 Il ne pourrait y avoir un plus révoltant contraste que celui qui existe présentement entre la belle campagne alentour et la ville qui la défigure.

Le confort simple mais indispensable est une bénédiction en Angleterre. Là l’esprit du bon gout est à l’honneur comme les pénates de ces heureuses maisons. Mais rarement vous le rencontrez dans d’autres endroits où la grandeur s’efforce en vain de compenser cette absence

 

7 mars 2023

Comme c’est étrange pour nous anglais d’être contraints de s’asseoir et de prendre ses repas dans une chambre. Nous sommes obligés bon gré mal gré de le faire dans notre auberge car il n’y a pas de pièce ici dans laquelle il n’y a pas un ou deux lits.

Nous avons fait un accord aujourd’hui en payant un extra pour enlever les deux lits qui encombrent à présent ce qui serait un salon. Mais cet arrangement fut fait non sans difficulté et beaucoup d’objections de la part du propriétaire qui nous trouvait un peu embêtants d’exiger un tel sacrifice de sa part.

« Mais si d’autres voyageurs arrivent ce serait très désagréable de les faire attendre, pendant qu’on refait deux lits, dit notre hôte »

Mais qui pourrait imaginer que bien que nous ayons payé l’usage exclusif de cette pièce pour une semaine, durant le jour, qu’il n’avait pas le droit de s’en servir à son profit pendant la nuit.

Cependant notre menace de quitter l’auberge à moins que la suite d’appartements que nous occupions soit réservée uniquement à notre usage le conduisit finalement à se conformer à nos désirs. Et pendant que j’écris maintenant j’entends l’opération de déplacement des lits dans la chambre à côté

 

Page 139

Une croix de marbre marque l’endroit à Nice où une rencontre eut lieu entre François 1er, Charles V et le pape Paul III. Pendant que je me trouvais là, je me remémorais ces trois hommes remarquables.

Mais je me trouvais à mon gré, plus disposée à m’intéresser au Roi chevalier de France qu’au guerrier espagnol qui échangea un trône contre un couvent (voir note 1) ou à l’homme d‘église qui établit l’inquisition (voir note 2)

Je pense que toutes les femmes ressentent un plus vif intérêt envers la mémoire de deux monarques français de l’ancien temps que pour aucun de leurs contemporains. Je me réfère à Henri IV et François 1er. Les deux se distinguèrent par leur bravoure et leur courtoisie qui ont exercé une particulière attraction sur mon sexe, et les faiblesses dont ils furent accusés sont précisément celles que les femmes sont les plus disposées à pardonner à part leurs proches et leurs maris

 

Note 1 : Charles Quint se retira au monastère de Yuste en Espagne en 1557

Note 2 : L’Inquisition est bien antérieure

 

Bibliographie

Blessington (Comtesse de)

The idler in Italy – Vol I seconde édition, London – Henry Colburn, publisher – Great Malborough street - 1839