Mise à jour février 2019
Le goitre est une augmentation de volume de la glande thyroide. Il est dû à un manque d’iode dans les eaux de boisson.
Dans un article de G. Baumet () page 97, celui-ci mentionne dans une étude sur le village d’Utelle entre 1792 et 1814 « la constitution des habitants est bonne… seulement dans quelques hameaux nous avons vu quelques goitreux »
En 1821, Fodéré () tome 2 page 225, a estimé à 196 le nombre de goitreux dans les Alpes Maritimes en comprenant peut être la basse Nervia
En page 232, il écrit : « la vallée de la Vésubie est celle où l’on en voit le plus. En y entrant à Lantosca, on commence à voir un certain nombre de goitres et six crétins parfaits. A Saint Martin de Lantosca la plus grande partie de la population a des goitres et l’on y compte cinquante crétins de naissance. On monte à Val de Blora où l’on ne trouve plus de ces dégoutantes infirmités et en descendant dans la vallée de la Tinée on les trouve derechef jusqu’à Saint Etienne où je n’ai pu découvrir qu’un seul crétin. En général dans cette vallée, les hameaux des Communes qui regardent les rivières sont sujets au goitre et au crétinisme et les hameaux élevés qui regardent au midi sont exempts. Nous en avons un exemple frappant à la Torre. Dans la vallée de la Roya. Fontan nous en fournit un autre exemple. Il a beaucoup de goitres et des crétins, tandis que le chef-lieu voisin n’en a aucun…Le goitre et le crétinisme marchent avec le degré d’humidité des vallées…
Tant de faits qui démontrent la coincidence de l’humidité de l’air et du sol avec la naissance du goitre. Mr Coindet a trouvé dit-il que l’iode pur est le principe qui agit dans l’éponge calcinée et le vrai spécifique du goitre
L’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées des Alpes Maritimes Conte Grandchamps indique dans le journal « Le journal de Nice » du 27 septembre 1863 à propos du captage possible des eaux de la Gordolasque pour alimenter Nice :
« On vante outre mesure les eaux de la Gordolasca. Elles sont dit-on toujours claires, toujours limpides, salubres, pérennes et fécondantes. Il n’en n’est rien. Ces eaux sont en effet des eaux de rivière, fraiches en été et froides en hiver. Elles sont salies par les orages et restent troubles plusieurs jours de suite ; enfin elles engendrent des goitres comme les eaux très pures privées d’air et d’iode. Leur pureté comme on le voit serait rachetée par de très graves inconvénients. »
Le capitaine Wagner () note de son côté en 1865 :
« La commune de Roquebillière se compose de 1740 âmes en y comprenant les nombreuses maisons habitées sur la rive droite de la Vésubie. La moitié des habitants est goitreuse. L’eau qu’on boit est prise en grande partie à 2 belles sources sur le bord de la Vésubie.
A Belvédère les goitreux sont bien plus rares ».
Cela ferait environ 700 goitreux ce qui parait énorme.
Les sources qu’il mentionne sont celles d’usage courant mais non celles de Berthemont
Wagner ne mentionne pas Saint Martin Vésubie.
Les estimations de Fodéré pour Saint Martin Vésubie et du capitaine Wagner pour Roquebillière sont en contradiction avec le nombre 196, énoncé plus haut
Jules Einaudi et Louis Cappatti () page 452, emploient le terme niçois « gouitre » pour qualifier le goitre
D’après Paul Canestrier, page 452, Saint Blaise serait invoqué contre le mal de gorge, l’angine et principalement le goitre qui était jadis fréquent dans les hautes vallées.
Selon la tradition, tandis qu’il était en prison au moment de son martyre, on lui avait amené un enfant sur le point d’être étouffé par une arête de poisson. Blaise le guérit. C’est sans doute pour cela qu’on l’invoque pour les maux de gorge.
Dans le site ci-dessous le mot « gouitre » est cité à Isola, Roquebillière Sainte Agnès et Venanson, ce qui sous-entend éventuellement des cas possibles dans ces villages
thesaurus.unice.fr/recMot/popup.php?departement=ALPES-MARITIMES..
Dans ses observations sur les habitants des villages du Comté de Nice, Casalis () ne mentionne pas de cas, mais ses remarques ne sont pas détaillées.
Eaux de Roquebillière
Texte de Fodéré tome 1 page 147
« Eaux hydrogénées chaudes : quatre fontaines à l’extrémité du vallon de Lancioures à Roccabigliera dans un site assez agréable orné de bois de châtaigniers auquel on ne peut arriver qu’à cheval, éloigné de Nice d’environ douze lieues de marche. Mon thermomètre étant à 10 degrés, je l’ai trempé dans la source pendant vingt minutes et il est monté à vingt-deux degrés, chaleur qui est très inférieure à celle de plusieurs autres sources de la même classe…
La source de Saint Jean Baptiste est la plus chaude, sa direction est de l’ouest à l’est, c’est à dire qu’elle vient évidemment de la montagne de la Gordolasca où j’ai dit qu’il y eut autrefois un volcan qui fit explosion… »
Casalis reprend une partie du texte du texte de Fodéré
« Dans un bois sourdent quatre sources d’eau sulfureuse thermale à très peu de distance l’une de l’autre. Leur température est de 22 ° quand la température de l’air est de 10°. Fodéré affirme d’avoir vu des manuscrits du XVIème siècle d‘où il résulte qu’à cette époque la couleur des eaux sulfureuses de Roquebillière ressemblait à celle du sang et que cela était dû probablement à la rémanence qu’elles avaient de l’antiquité à leur température élevée. Suivant l’analyse qu’en fit le sieur G.B.Verani, elles contiennent du gaz hydrosulfurique, du sulfate de chaux, de l’hydrochlorate de chaux et de soude et une petite quantité d’alumine. On croyait qu’elle étaient propices pour guérir les maladies de langueur et la stabilisation des humeurs blanches »
Bibliographie
Baumet Georges, Nice Historique juillet septembre1970
Casalis Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere
Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro
Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie
Bibliothèque municipale de Nice
Tome XI B 8148
Einaudi Jules et Louis Cappatti – dictionnaire de la langue niçoise - Edition Academia Nissarda 2009
Fodéré, - Voyage aux Alpes Maritimes, consultable sur Internet
Wagner E, Mémoire sur la reconnaissance des hauteurs entre la Vésubie et la Roya occupées par les armées française et austro-sarde en1742, 1793,1794, Nice le 26 mars 1865, Archives de l’armée de terre, Vincennes