OBELISQUE DES ISRAELITES DE NICE
Mise à jour janvier 2019
Dizionario de G. Casalis Turin
Volume XI
Traduction du texte
Obélisque à l’entrée du Ponte Nuovo
En 1826, à l’occasion du passage du roi Carlo Felice et de son Auguste épouse, les juifs de Nice firent élever en l’honneur du Roi un obélisque à l’entrée du Pont Neuf sur la rive gauche du torrent Pallione. Il avait une forme pyramidale avec une base carrée de 0.50 mètre de côté et terminé en pointe. Il était posé sur un piédestal carré précédé de quatre gradins ; aux quatre angles s’élevait un socle surmonté d’une sphinge. Sur trois faces du piédestal fut sculptée une inscription, la première en hébreu, la seconde en italien, la troisième en latin. Elles attestaient de la reconnaissance des juifs envers le monarque.
Au pied, l’obélisque n’a pas plus de 0.50 mètre de côté ; au tiers environ de la hauteur il présente une plate bande portant en relief l’inscription F.E .R. T sur chaque côté ; plus vers le sommet on voit les lettres C. F. sur un côté et un aigle de l’autre tous deux surmontés de la couronne royale. Le tout est en pierres de taille provenant des carrières de Turbia, excepté les quatre sphinges qui sont en marbre de Carrara. Il s’élève sur un emplacement de forme polygonale de huit côtés égaux deux à deux dont quatre ont une longueur de 3.60 mètres et les autres quatre de 1 mètre. Autour de l’obélisque il y a une barrière en fer travaillée de façon élégante pour protéger l’édifice des heurts.
De gauche à droite: l'obélisque suivant Aune Autre réprésentation |
Des articles ont été consacrés aux Juifs à Nice dans diverses revues. On peut consulter notamment un article de Jeremy Guedj () dans Recherches Régionales où il parle en page 13 de la colonne des Juifs, et des articles de Victor Emmanuel (). En particulier en page 276 il donne le texte de l'inscription en latin.
KAROLO FELICE
REGI OPTIMO
ET MARIAE CHRISTINAE
CONJUGI AUGUSTISSIMAE
NICEA CIVITAS
IN EORUM ADVENTU
ANNO MCCCXVI LABENTE
OVANS ET GRATULANS EOS RECEPIT
ISRAELITES PARTICIPES DD
AD PERPETUAM AMORIS ET CONSTANTIS
ERGA TAM BENIGNOS CLEMENTTESQUE PRINCIPES
DEVOTIONIS MEMORIAM
Voir ci dessous le lien pour la revue Recherches Régionales
Sur un tableau de Clément Roassal () page 055 on distingue l’obélisque.
On le distingue aussi sur une gravure du pont de 1834 sous le titre du bon Roi Charles Félix.
Il apparait également sur un tableau de Garin de Cocconato () page 123.
Dans la loge municipale contre l’église Sainte Rita à Nice, sont conservés quatre sphinges.
FERT abréviation relative au Royaume de Piémont Sardaigne
Ci dessus de gauche à droite: sphinges contre l'église Sainte Rita, tableaux explicatifs, FERT
Dans un des cadres au pied de ces statues, on peut lire : « ces sphinges ornaient las angles du monument offert au roi Charles Félix par les Juifs de Nice en 1826, élevé au débouché sud du Pont Neuf (actuelle Place Masséna), démoli en 1861. Ces sphinges ont orné un temps la balustrade de la cascade du château.
On peut voir aussi une rare photo du monument.
On peut lire : « … du monument offert au roi Charles Félix par les juifs de Nice en 1826. Elevé au débouché sud du Pont Neuf (actuelle place Masséna)
Elle…. d’amour symbole de fidélité et la devise de la Maison de Savoie
Le musée Masséna à Nice possède plusieurs représentations de ce monument.
Une gouache de Joachim Brero représente l’obélisque et le pont, vus depuis la maison Tiranty sur la rive droite du Paillon. Elle est signée en bas à gauche B.G 1830 référence : MAH 4361.
Une aquarelle de J.B Aune référence MAH 9797 – MAH 2050 représente l’obélisque et le pont vus de la rive gauche.
Sur une autre aquarelle on voit l’obélisque et derrière, côté vieille ville un grand bâtiment sur trois niveaux avec semble t-il douze fenêtres de façade par niveau. Ce bâtiment a une toiture à quatre pans et un fronton comportant un faisceau de drapeaux sculptés.
Une autre aquarelle représente un bâtiment derrière l’obélisque avec une façade arrondie comportant quatre étages et des pilastres sur une grande partie de la hauteur.
Cette construction ne ressemble pas tout à fait à l’actuel bâtiment dit de la Caisse d’Epargne
Véronique Thuin Chaudron () page 304 a noté : « lors d’une réunion du Conseil d’ornement le 10 juin 1851, l’architecte de la ville fait remarquer aux membres de l’assemblée que ce monument gêne l’accès au pont et propose de le déplacer au centre de la place Charles Albert mais la proposition est refusée. Le monument disparaît en 1861 après l’annexion du Comté de Nice à la France »
Dans le journal " le Messager de Nice" du 2 aout 1861, on peut lire " Hier matin pendant que des ouvriers travaillaient à l'enlèvement de l'obélisque du Pont Neuf, la boule qui surmonte la colonne s'est détachée brusquement du milieu du cable et tombant sur le piédestal a atteint d'un éclat à la jambe le sieur Barralis qui s'était imprudemment approché pour voir l'opération"
Selon Luc Thévenon (), Vers l’an 2000, le projet de sa reconstitution avait agité les esprits. M. Christian Borghèse en était à l’origine. Mais cela n’a pas abouti.
Il indique par ailleurs :
« Il y a plusieurs représentations de ce monument, notamment peut être une gravure assez précise dans un ouvrage d’Alphonse Karr.
Quant aux sphinges, celles de la loge San Giaume (contre l’église Sainte Rita) étaient en effet sur la margelle de la cascade du Château. Mais deux seulement sont authentiques et en marbre de Carrare ; les deux autres sont des copies, en ciment probablement.
Les deux autres sphinges originales, en marbre de Carrare aussi évidemment, sont sur les balustrades de la villa Zofia, 87 Quai des Etats Unis. Cette villa appartenait à une famille juive de l’aristocratie niçoise qui avait accaparé ces deux exemplaires au moment de la destruction du monument ; elle les avait donc mis là où ils sont encore. Depuis le trottoir côté mer du Quai des Etats-Unis, on les voit très bien. »
Photos ci contre: Les sphinges de la villa Zofia Quai des Etats Unis |
Bibliographie
Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere
Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro
Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie
Bibliothèque municipale de Nice
Tome XI B 8143 – date 1843
Emanuel Victor - Les Juifs à Nice - Nice historique N° 18, 15 décembre 1904, consultable sur Internet
Guedj Jeremy - La Place des Juifs à Nice au XIXème siècle, une histoire paradoxale - Recherches Régionales 2009 N° 193
Garin de Cocconato – le pays de Nice et ses peintres – éditions Nice Historique
Roassal Clément – vues de Nice et de ses environs – éditions Centre du Patrimoine
Trachel- – le pays de Nice et ses peintres – éditions Nice Historique
Thévenon Luc - Conservateur en chef du Patrimoine honoraire
Thuin Chaudron Véronique – Un quartier niçois d’exception : le faubourg de la Croix de marbre – Nice Historique N° 4 octobre décembre 2012- Editions Academia Nissarda