digue du var

 

   

Canon de Nice   

                                

Mise à jour mai 2020

Chaque jour à Midi un coup de canon est tiré du château. Il s’agit en réalité d’une fusée.

Cette tradition a été instituée par Thomas Coventry Esquire qui est venu régulièrement à Nice à partir de 1861.

Il s’intéressait à l’astronomie. Voir l'article sur Thomas Coventry

http://www.archeo-alpi-maritimi.com/thomascoventry.php

Selon une légende rapportée par diverses publications, il faisait tirer le canon à midi pour rappeler à sa femme bavarde qu’il était temps de rentrer déjeuner.

Cette légende a été encore entretenue par un article du Journal Nice Matin du 7 mai 2019.

Voir article de lbruyas@nicematin.fr

      

 

Photos ci dessus: De gauche à droite: Hotel Chauvain en 1865,Time ball de Greenwich et vue sur Londres et la Tamise

La réalité est toute autre. Thomas Coventry était un philanthrope et cherchait un moyen de fournir aux niçois l’heure exacte et de la diffuser largement.

La question de définir une heure précise a pris de l’importance avec l’arrivée du train.

Il y a eu quelques observations à fleurets mouchetés avec Mr Gilly horloger, sur les calculs de Mr Coventry.

 Il a été envisagé de supprimer le coup de canon de midi mais la tradition a été maintenue par un acte officiel en 1875

Le Journal de Nice a publié des articles sur le sujet, résumés ci-dessous

 

Samedi 12 décembre 1863

 

Monsieur Coventry à qui la Ville de Nice doit la marche régulière de ses horloges est arrivé hier à l’Hôtel Chauvain

 

Samedi 19 décembre 1863

 

Je vais commencer bientôt mes études astronomiques et je me propose de faire tomber la boule rouge sur l’Hôtel Chauvain lundi prochain à midi précis. Avec la bienveillante permission des autorités j’annoncerai la chute de la boule (voir note) par un coup de canon. Le premier mouvement de la boule sera en exact accord avec l’instrument de transit et indiquera l’heure de midi précis. L’horloge placée sous l’arcade de la Place Masséna du côté du quai sera

d’accord avec la boule et indiquera par l’aiguille noire le temps moyen de Nice à toutes les heures.

Signé Th Coventry

 

Mercredi 27 avril 1864

 

L’honorable Mr Coventry nous écrit pour nous prier d’annoncer que devant partir demain jeudi de Nice où il se propose de revenir à l’automne, il regrette d’avoir à suspendre jusqu’à cette époque le coup de canon qui annonce midi à la ville

Mr Coventry ajoute qu’il serait très heureux de laisser son horloge sous la galerie orientale du Quai Masséna, s’il pouvait être sûr que l’horloger à qui il confierait l’emploi de la monter, pourrait la régler au temps vrai de Nice, avec l’exactitude absolue qu’elle exige.

Mais ce travail demande des études spéciales et la solution de problèmes très difficiles de trigonométrie sphéricale. Mr Coventry, à bon droit, ne peut souffrir qu’une pendule qui porte son nom, ne soit pas d’une exactitude rigoureuse.

Il faudrait, dit-il pour atteindre ce résultat que la Ville consentit à envoyer une fois par mois pendant son absence le chronomètre à l’Observatoire de Marseille. Mr Coventry pense en outre que le transport de cet objet délicat, exigeant des soins trop méticuleux, il vaut mieux attendre l’ouverture complète de la voie de chemin de fer de Cagnes à Nice, espérant que la Ville profitera des améliorations apportées au Jardin Public pour y trouver une place convenable à une horloge digne d’elle.

 

Samedi 30 avril 1864

 

Mr André Gilly, horloger Place Saint Dominique, nous a adressé hier la lettre suivante :

Monsieur le Rédacteur,

L’honorable Mr Coventry, en annonçant dans votre numéro d’hier son départ prochain et la cessation du coup de canon qu’il fait tirer à midi, exprime son regret de ne pouvoir laisser pendant son absence l’horloge qu’il a placée à l’entrée des arcades de la Place Masséna, n’étant pas sûr que l’horloger à qui il confierait le soin de la remonter pour la régler exactement au temps vrai de Nice (c’est sans doute au temps moyen qu’il a voulu dire), travail qui demande, dit-il des études spéciales et la solution de problèmes très difficiles de trigonométrie sphérique

Je professe le plus grand respect pour la science astronomique de ce savant étranger et la plus grande déférence pour ses opinions

Mais voici plus de vingt ans que je suis horloger et c’est la première fois, je l’avoue, que j’entends dire que pour régler convenablement une montre au temps moyen il faille résoudre des problèmes de trigonométrie et de trigonométrie sphérique encore… Avec un gnomon (voir note) convenablement installé on peut connaître de façon suffisamment précise le passage du soleil au méridien et en déduire le midi moyen… Ce sont les méridiennes qui donnent à la fois le temps vrai et le temps moyen et qui dispensent de l’usage des tables d’équation. Or je possède une de ces méridiennes que Mr Teisseyre a tracée pour moi… et je suis en mesure de donner à mes concitoyens le temps moyen d’une manière exacte à peu de choses près que le canon de Mr Coventry.

Signé A Gilly, horloger breveté de SM l’Empereur Napoléon III

 

Mercredi 2 novembre 1864

La pose de l’horloge de Mr Thomas Coventry à l’angle oriental de la Galerie Masséna a appris à nos concitoyens le retour de cet honorable gentleman

Notre devoir est de recommander à la reconnaissance des habitants de Nice, l’hôte dévoué qui depuis son départ a continué à ses frais dans la presse anglaise la propagande la plus active en faveur de notre ville.

 

Dimanche 28 mai 1865

 

Lettre de Mr A Gilly

Vous avez publié dans votre numéro d’hier quelques observations sur l’irrégularité des horloges de la ville et sur le coup de pouce de cinq minutes donné à la pendule des arcades de la Place Masséna.

C’est moi qui suis chargé de régler cette pendule, c’est donc moi qui suis mis en cause et je vous serais très obligé de bien vouloir insérer dans votre journal  les explications suivantes.

La pendule de la Place Masséna ne peut avoir une marche aussi précise qu’un régulateur à secondes…

Lorsque Mr Coventry qui me l’a confiée, était présent, il lui était plus facile de la contrôler tous les jours…

Je désire vivement que le cadran solaire du Théâtre soit enfin terminé.

Signé A Gilly

Samedi 18 janvier 1868

 

Le canon Coventry étant muet, les horloges de la ville battent à qui mieux mieux, la breloque. La moyenne  de leurs écarts à la méridienne est de 10 minutes. Ne pourrait-on pas obvier à cet inconvénient ? A quoi sert donc la magnifique montre solaire dont la municipalité a fait orner la façade méridionale du théâtre italien

Jeudi 2 décembre 1875

 

Le conseil municipal a décidé dans une de ses dernières séances de rétablir l’usage  d’indiquer l’heure de midi par un coup de canon.

En attendant que les dispositions nécessaires pour indiquer l’heure astronomique puissent être prises, le coup de canon donnera à partir du 1er décembre l’heure précise pour l’usage civil

Samedi 9 mai 1891

 

Le journal officiel a promulgué la loi qui unifie les heures en France et en Algérie. L’heure légale est l’heure temps moyen de Paris … C’en est fini de l’heure locale, de l’heure de chaque clocher…

Pour la deuxième fois depuis le commencement de ce siècle, on nous a changé notre heure…

En 1816 on nous a gratifiés du temps moyen en remplacement de l’heure vraie. Les horloges marquaient l’heure du cadran solaire. Un simple arrêté de Mr de Chabrol informa les parisiens de cette réforme…

A Nice il est déjà midi 19 minutes quand il est midi juste à Paris et à Brest il n’est encore  que 11 heures 38 minutes. Les inconvénients de l’unification de l’heure sont insignifiants et les avantages sont évidents.

 

Remarque : cette loi du 15 mars 1891 a été modifiée quelques années plus tard pour prendre l’heure temps moyen de Paris retardée de 9 minutes 21 secondes. Voir à ce sujet « L’heure légale » par Albert Dastre

 

Voir dosier Internet:

http://www.archeo-alpi-maritimi.com/cadransolairedumidi.php

 

Notes

 

Gnomon

 

C’est un instrument qui visualise par son ombre les mouvements du soleil sur la voute céleste. Au départ c’était un simple bâton planté dans le sol.

Sur Internet on trouve des articles très détaillés sur le gnomon de l’église Saint Sulpice à Paris

 

Hôtel Chauvain

 

Il se trouvait côté est de la Place Masséna.

A gauche de l’entrée on peut voir sur des photos anciennes une structure en verre. C’était peut-être à une certaine époque, l’abri de l’horloge de T. Coventry quoi qu’il parle de l’angle oriental de la galerie Masséna