Mise à jour janvier2025
Charlotte Hawkins ne cite pas ses sources
Traduction chapitre XI page 178 et suivantes :
Le Comté de Nice est comme une belle femme et son histoire est celle des conquérants qui furent jadis ses amants et ses seigneurs.
Il n’a jamais eu une vie propre et continue et il a connu bien des vicissitudes. Seul le ciel est calme et brillant avec tous ses sourires et la mer de la baie des Anges est salée par ses larmes.
Une vie vigoureuse court dans ses veines, les montagnes couvertes de neige l’entourent et sa terre rouge produit le vin, les roses et les plantes aromatiques parfumées
Son soleil donne espoir à ceux qui meurent.
Nice a été, elle est, et elle sera toujours tant que le soleil brillera, belle, parfumée, riche rieuse et chaude.
Cependant son histoire n’a guère été heureuse. Ses périodes orageuses rempliraient un volume et c’est pourquoi je propose de la condenser sous forme de repères chronologiques qui peuvent être consultés avec plaisir ou bien laissés de côté comme on veut. La contrée a toujours été riche en occupation humaine.
Ses collines qui descendent vers la mer ont tenté de tout temps les étrangers et les envahisseurs. Les ligures ont succédé aux constructeurs pélagiques (?) du Mont Agel et une émigration celtique dans les Alpes maritimes a eu lieu peut être deux mille ans avant le Christ.
Aucune date ne peut être fixée pour cela ni pour les exploits du Tiran Hercule à Villefranche et à Monaco ou pour la fondation de Cimiez.
La légende de la fondation de la première colonie grecque de Provence, est aussi belle que la mer où aborda en premier la galère de la jeunesse phocéenne ;
C’est une légende bien qu’elle fût peut-être vraie comme le dit Schiller « a high soul underlieth in childish play » (un sens profond se cache dans les jeux d’enfants)
Puis l’histoire peut être retenue comme une description de la façon dont la Provence, comme la belle fille du roi, s’est toujours donnée à un étranger, a adopté et absorbé en elle-même des sangs nouveaux et a donné son teint à la population, d’abord de grecs puis de mauresques de juifs et puis de sang Gênois.
Au moment présent des courants anglo-saxons et de vie piémontaise altèrent sensiblement les populations de la côte.
Mais voici la légende des premiers colons grecs telle que racontée à Marseille, encore tellement grecque que le coloré Nann roi des Segobriges l’a tellement fêtée. Les chefs s’assirent autour de la table. Ils étaient braves et buvaient sec, pendant qu’ils remplissaient un bol pour le proposer à la belle Glyptis (voir note) seule fille du roi. Vêtue d’une robe blanche avec des cheveux tombant jusqu’aux genoux, la princesse se glissa dans la salle. Elle devait choisir aujourd’hui un compagnon parmi les braves qui étaient les plus fidèles amis de son père.
Ils burent tous à sa santé. Comme ils louaient sa beauté ils chuchotaient pour savoir sur qui son choix tomberait, à qui Glyptis donnerait la coupe qui débordait dans ses mains blanches. Mais les belles ont leurs caprices. Glyptis avait connu ces braves depuis son enfance. Elle connaissait leurs plaisanteries, leurs barbes épaisses, leur voix bourrue, leurs exploits et leurs chansons à boire. Mais un étrange visage près de la porte attira son attention. Ah, sans nul doute c’était le jeune phocéen dont Nann avait parlé et qu’il avait invité à sa table aujourd’hui, pour que ce jeune Protis puisse à son retour aux iles grecques raconter à ses amis combien les hommes festoyaient dans le palais du roi, comme ses soldats étaient braves et comme la seule fille du roi la fille était belle.
Glyptis resta figée et hésita. La terre d’où venait cet étranger était loin, plus près du lever du soleil que des blanches collines autour de sa maison mais là les hommes parlaient une langue plus douce et ressemblaient aux dieux qu’ils priaient.
La jeune fille regarda de nouveau puis elle se glissa à travers les rangs des chefs gaulois qui avaient ouvert pour la laisser passer, et elle plaça dans les mains de Protis la coupe en promesse de fiançailles.
Chaque fable se termine de la même façon « et ils se marièrent et eurent des garçons et des filles et furent heureux à jamais ». C’est l’ancienne fin classique et le légende de Glyptis et Protis ne fait pas exception à la règle. Ils furent effectivement heureux et fondèrent la colonie de Marseille, cité dont Chateaubriand pouvait dire que c’était la plus jeune rivale d’Athènes.
Nice et Antibes (Antipolis) étaient des enfants de leur parente de Marseille, mais étant faibles elles avaient plus à craindre des féroces tribus originelles. Ce furent les Grecs d’Antibes qui supplièrent les légions romaines de leur porter assistance. Cela se produisit en 237 B.C et la conquête de la région fut tellement tentante pour les romains que leur première promenade militaire fut suivie par d’autres et que l’élément latin ainsi introduit dans les Alpes maritimes fut destiné à être bientôt et pour toujours l’élément dominant
Note ;
Glyptis est une déformation de Gyptis (ou Patta) fille de Nann (ou Nannus) roi des Sogobriges. Elle a choisi pour compagnon Protis (ou Euxène) selon Aristote, ref Wikipedia
Bibliographie
Charlotte Louisa Hawkins Dempster - The Maritime Alps and their seabord Longmans Green and Co – London 1885
https://archive.org/details/maritimealpsthei00demp