Eglise et chapelles anglicanes, cimetières à Nice au XIXème siècle
mise à jour 20 03 2025
Résumé d’une étude de Judit Kiraly, Docteur de l’Université de Nice Sophia Antipolis
Au début du XIXème siècle les Britanniques commencèrent à venir de plus en plus nombreux sur le Côte d’Azur principalement pour la saison d’hiver et ils manifestèrent le désir de pouvoir célébrer le culte anglican notamment à Nice.
Ils s’implantaient principalement dans ce qui est aujourd’hui le quartier des Musiciens, New Borough à l’époque.
Sur un plan de Nice daté de 1882 dressé par François Aune, on voit le cimetière Saint Etienne (Mantega) repère18, le Temple anglais (Holy Trinity) repère 10, le temple anglais (chapelle de Christchurch) repère 20 et le temple américain (St Michael ?) repère 25 rue St Michel, les quatre endroits emblématiques de Nice pour les Protestants Britanniques à l’époque
Holy Trinity Church
Depuis le milieu des années 1820, sur le terrain même où se trouve Holy Trinity aujourd’hui, se trouvait un modeste petit bâtiment carré. De solides murs ceinturaient le « jardin » et de l’extérieur personne ne pouvait voir que c’était en réalité un cimetière. L’intention était que la construction ressemble à une villa, car c’est ce que notifiait la « Royal Patent » pour la première église non catholique de Nice. Les Britanniques de Nice ne pouvaient avoir leur propre église que tant que c’était une église « déguisée en simple maison ». Aucun signe extérieur ne pouvait laisser penser que c’était une église. Il y eut de longues tractations pour obtenir l’autorisation de construire ce lieu de culte. En effet les autorités piémontaises et le Sénat de Nice cherchaient à s’opposer à une implantation anglicane dans un milieu catholique.
Il y eut un Committee Meeting en 1820 pour préparer la réalisation du projet
La copie de cette Autorisation (Patent) permet de voir un intéressant détail. Car la « Patent » établit clairement que l’aspect de l’église doit être semblable aux maisons environnantes du quartier Buffa.
Il faut aussi porter la réalisation de cette première église au crédit des interventions habiles de Monsieur Pierre Lacroix (appelé Peter La Croix par les Anglais – à cette époque il était seulement Vice-Consul
Finalement cette première église ouvrit et fut consacrée à Noel 1822 sous le nom de Holy Trinity Church.
Cet édifice a fait l‘objet d’un dessin du Chevalier Barberi
– origine de l’image Nice Historique
La situation resta paisible jusqu’en1832-3, mais en dépit de l’interdiction des lettres patentes, la chapelle fut largement ouverte aux protestants suisses, et leur Ministre célébra le culte en français. Cet état de choses créa de violentes dissensions parmi les Britanniques. Et ils manifestèrent fréquemment leur mécontentement dans le registre de l’église, plus particulièrement en 1835 quand une communication arriva de l’ambassadeur à Turin au Vice-Consul, prescrivant « la nécessité de refreiner la distribution de tracts et d’autre part d’interférer dans la religion du pays »
Une Anglaise riche et influente faisait notamment œuvre d’un prosélytisme trop voyant
La villa était bien trop petite en hiver et après trente ans sans beaucoup d’entretien elle tombait en décrépitude. Des années plus tard en 1855, Edwinn Lee dans son guide, Nice and its climate dit que la première chapelle donne encore une impression agréable de calme et de tranquillité
Lee la trouvait encore « commode » mais le Committee se rendit compte qu’aucun agrandissement ultérieur n’était possible et que dépenser de l’argent sur ce bâtiment n’était pas une solution viable plus longtemps. L’idée de construire une nouvelle église devint une évidence. Il apparut que la reconstruire était encore plus compliqué car cela nécessitait la démolition et l’édification d’une église temporaire (en bois) pour assurer les Offices pendant les années de construction. Le gout architectural de cette époque s’était clairement orienté vers le « Church revival néo-gothique » autrement dénommé « Victorian Gothic ».
L’histoire du projet et du financement de l’église actuelle fait l’objet d’une autre étude. Après une rapide démolition (à la fin de 1859) de la villa qui fut la première église, la pose de la première pierre de l’église actuelle eut lieu le 2 janvier 1860 en présence du Maire Malausséna. Elle fut agrandie en 1912 par l’exécution d’une abside
La Chapelle de Christchurch à Carabacel
La Carabacel Chapel of Ease connue aussi sous le nom de Christchurch Carabacel a été construite au début des années 1860 juste au moment où la nouvelle Holy Trinity recevait la touche finale.
Cette chapelle a été édifiée dans ce quartier alors en expansion. Mais elle a connu bien des vicissitudes. Les plans prévoyaient une extension possible qui n’a pas été réalisée. Il y eut des conflits de personnes selon les chapelains en exercice à Carabacel et ceux de Holy Trinity qui voulaient garder la mainmise sur cette chapelle ainsi que des conflits de doctrine car l’enseignement dans cette chapelle était plus libéral que dans l’église mère.
Les problèmes se manifestèrent d’abord en 1863; puis des tensions apparurent au printemps 1868 et plus tard encore en 1878,
La Seconde Guerre Mondiale et des années de négligence sonnèrent le glas de cette petite chapelle La ruine qu’elle était devenue fut vendue et démolie dans les années1950. Maintenant il y a un supermarché et un immeuble à l’endroit qui abrita Christ Church Chapel of Ease de Carabacel
Chapelle Saint Michael’s
La chapelle St Michael n’était pas loin du centre, Elle était située rue Saint Michel (à l’époque) (la rue aujourd’hui appelée Sacha Guitry) et curieusement du côté opposé à cette église il y avait une excellente English School for Girls appartenant à une Communauté très efficace de Sœurs Bénédictines catholiques irlandaises.
Presbytère de Holy Trinity
Sa construction fut décidée pendant l’hiver 1892-93., dans le même style néogothique que l’église voisine. La construction fut confiée à l’architecte Aaron Messiah. Il fut bâti en moins d’une année et reçut la visite de la Reine Victoria en1895
Cimetière de la Mantega
Extrait du texte de Judit Kiraly
… Un des premiers enterrements officiellement répertoriés sur un terrain désigné ‘cimetière britannique’ fut celui de l’archevêque Ryder, qui se sachant sur le point de mourir exprima le souhait d’être enterré à Nice. Il fallut donc en urgence trouver un terrain disponible hors de la ville. Le vice-consul britannique A. Ighina acheta en février 1775 une petite parcelle de moins de 250m2 à « Mantega » (aujourd’hui Boulevard Gambetta) où il pourrait être enseveli. Avec l’ajout d’une autre petite parcelle, ce cimetière eut une surface de 369 m2. Pendant les années de la Révolution, les troupes françaises en saccagèrent les tombes et revendirent le marbre. Après 1814, les enterrements reprirent et le cimetière se remplit tellement que l’on finit par empiler les cercueils dans les tombes existantes. En 1885, on ajouta encore un petit bout de terrain au cimetière. Puis, en 1888 « Mantega » fut fermé. Les tombes et ossements furent transférés au British Protestant Cemetery of Caucade ouvert depuis quelque temps, et le terrain fut vendu en 1889. La Comtesse Blessington visita ce cimetière en 1823 et elle a fait un récit de sa visite
Voir : http://www.archeo-alpi-maritimi.com/cimetiereniceblessington.php