digue du var

 

CADRAN SOLAIRE DU QUAI DU MIDI 06300 NICE

 

Mise à jour février 2024

Il serait intéressant de retrouver une photo ancienne de ce cadran, peut-être au musée Masséna

 

Extraits du Journal de Nice

 

Mercredi 28 février 1866

 

Vendredi dernier le cadran solaire du Théâtre Impérial a été inauguré par une sorte de conférence improvisée su la Quai du Midi. L’auteur, le Capitaine du Génie Wagner a exposé les divers détails de son oeuvre en présence de Mr le Maire, de quelques membres de l’Administration Municipale et de plusieurs fonctionnaires et autres personnes que les questions de science et d’art intéressent

Voici d’après les explications données les diverses indications que fournit le cadran.

Sur le marbre, le point lumineux dans l’ombre du disque donne l’heure à tout instant de la journée. L’heure ainsi lue  est l’heure vraie. Elle diffère  plus ou moins de l’heure des horloges qu’on appelle l’heure moyenne. Cette différence variable d’un jour à l’autre, constitue l’équation du temps. On peut la lire sur la courbe gravée en-dessous de la plaque de marbre et transformer ainsi en temps moyen le temps vrai donné par le soleil.

A midi on peut lire directement le temps moyen sur la courbe en forme de huit. A l’instant où part le coup de canon du château, le point lumineux parait coupé en deux par la branche correspondant au mois où l’on se trouve.

Les courbes dorées du cadran donnent le moment de l’entrée du soleil dans les différents signes du zodiaque.

Les échelles à droite et à gauche du marbre permettent de lire pour un jour quelconque le lever e le coucher du soleil, le commencement de l’aurore et la fin du crépuscule. Le point lumineux indique lui-même  la date en traversant les échelles.

Au-dessus du cadran on lit la différence entre l’heure de Nice et les heures des différentes Capitales.

Les signes dorés sous les arceaux de la corniche représentent les huit grandes planètes dont la terre fait partie. Enfin les caractères symboliques du zodiaque sont traduits en langage ordinaire par les êtres ou objets dorés placés en regard de chacun d’eux. Telles sont les indications que fournit ce monument gnomonique…

Quant à la manière de lire ce langage hiéroglyphique et aussi quant à l’exploitation de la différence entre le coup de canon Coventry et le temps vrai donné par le soleil, nos lecteurs les trouveront dans une notice qui paraître sous peu et dont le produit sera appliqué à une oeuvre de bienfaisance

 

Lundi 12 mars 1866

 

Un échafaudage est en ce moment dressé sur le Quai du Midi en face du cadran solaire récemment terminé sur la façade méridionale  du Théâtre Impérial. Cet échafaudage  doit servir au photographe chargé de reproduire le cadran solaire qui attire en ce moment tous les regards e qui ne peut manquer  d’être l’objet d’études sérieuses  de la part d’un grand nombre de personnes.

 

Suit un échange de lettres à fleurets mouchetés par Journal interposé entre Mr Teysseire et la Capitaine Wagner. Mr Teysseire, horloger, avait collaboré avec Mr Coventry

 

Mercredi 14 mars 1866

 

Lettre de Mr Teysseire

On a dit beaucoup de choses sur la magnifique méridienne dont Mr Wagner vient de doter notre ville, mais il est une petite observation qu’on n’a pas faite et que je vous demande la permission  de vous soumettre en peu de mots. Mr Wagner a donné pour latitude de Nice 43°41’29s mais la « Connaissance du temps » ou « l’Annuaire du Bureau des Longitudes » ce qui revient au même donne 43°41’58s – différence de 29 secondes. Or 29 secondes d’arc réduites en distance géographique s’expriment en 894 mètres 5 décimètres. Où est l’erreur ? Si c’est la Connaissance des Temps qui se trompe, elle place Nice près d’un kilomètre plus au nord de sa position vraie ; si c’est Mr Wagner, Nice serait rejetée près d’un kilomètre plus au sud, c'est-à-dire en pleine mer. Et si tous les deux s’étaient trompés ! Dans quelle perplexité tomberaient les niçois, ne sachant plus au juste où se trouve leur ville bien aimée.

Plaisanterie à part, la question vaut la peine d’être élucidée et les hommes instruits qui aiment la précision en toutes choses seraient heureux de savoir à qui donner créance, ou à Mr Wagner…ou à la Connaissance des Temps, oeuvre officielle qui a la réputation d’être un monument de précision scientifique.

 

Vendredi 16 mars 1866

 

Lettre de Mr Wagner

J’ai lu dans votre estimable journal une lettre de Mr Teysseire au sujet du défaut de concordance entre la altitude inscrite  sue le cadran solaire du Quai du Midi  et celle que donne la Connaissance des Temps. Cette différence ne m’avait pas échappé, mais malgré l’autorité dont jouit à juste titre l’ouvrage précité, j’ai dû m’écarter de ses données pour adopter la latitude que j’avais moi-même déterminée e cela parce que le résultat de mes observations directes est d’accord avec celui que fournissent les mesures géodésique de la carte de France,  et ne diffère que de 6 secondes  de la latitude indiquée par la carte d’Etat-Major sarde.

J’ajouterai que j’ai déjà lev les doutes de plusieurs personnes qui avaient remarqué cette différence e que je me serais fait également un plaisir de rassurer directement Mr Teysseire s’il m’en eut exprimé son inquiétude par la voie de la poste.

Qu’il me permette d’ailleurs de lui montrer qu’il se trompe en portant à 29 secondes la différence signalée par lui. La latitude que donne la Connaissance des Temps se rapporte au clocher de Saint François situé à 3 secondes au nord du cadran solaire ce qui réduit à 26 secondes la différence en question… 

 

Samedi 17 mars 1866

 

Lettre de Mr Teysseire

Je remercie Mr Wagner des explications qu’il a bien voulu nous adresser en réponse à ma lettre du

Mr Wagner dit que je me suis trompé en portant à 29 secondes l’écart signalé, écart qui n’est réellement que de 26 secondes à cause  de la différence de latitude entre la façade sud du Théâtre et le clocher de Saint François qui se trouve à 3 secondes plus au nord. Mr Wagner a raison.

Toutefois j’avais réfléchi à cette question de la Connaissance des Temps avant d’avoir la réponse de Mr Wagner et j’avais trouvé une correction bien plus importante que celle de 3 secondes. En effet Mr Wagner croit voir dans le clocher de Saint François de Paule le point désigné par la Connaissance des Temps.

Mais la Connaissance des Temps très minutieuse en toutes choses dit Saint François tout court e il est infiniment probable que  cette désignation s’applique au grand clocher voisin de l’Hôtel de Ville qui porte effectivement le nom de Saint François. S’il en est ainsi la différence de 29 secondes se trouve réduite presque de moitié attendu que le clocher est une latitude à 430 mètres à peu près ou à 14 secondes en chiffres ronds au nord de la méridienne du Théâtre.

Il ne resterait plus qu’un écart de 15 secondes entre la latitude donnée par Mr Wagner et celle de la Connaissance des Temps.

Cette différence d’un quart de minute est fort minime, j’en conviens, mais c’est encore une différence…

 

Lundi 19 mars 1866

 

Lettre de Mr Wagner

J’ai lu avec intérêt la lettre de Mr Teysseire au sujet de la latitude de Nice et je le remercie des excellents renseignements qu’il me communique. Il me donne la clé du désaccord qui parait exister entre les indications du Bureau des Longitudes, d’un part, et celles des cartes d’Etat-Major françaises et piémontaises de l’autre. Ces dernières sont basées sur des opérations géodésiques de premier ordre ; elles attribuent au Quai du Midi, l’une 43°’ 41’40.8, et l’autre la latitude de 43°41’34.4. La différence entre ces deux valeurs est de 6 secondes, ce qui constitue une quantité tout à fait négligeable pour la question qui nous intéresse.

Mais j’aime avec Mr Teysseire  la précision mathématique en matière scientifique et j’ai cherché à me rapprocher le plus possible de la vérité mathématique.

Dans la connaissance des Temps j’ai trouvé la latitude 43°41’58 pour le clocher de Saint François que j’ai confondu à tort avec le clocher de Saint François de Paule. Cette indication étant ainsi tout naturellement en désaccord avec les renseignements géodésiques des cartes d’Etat-Major françaises et sardes, j’ai cru à une faute d’impression et je me suis borné à conserver ces dernières.

Pour plus de sureté j’ai fait moi-même trente observations au moyen d‘un excellent théodolite de Brunner (voir note). Leur moyenne correspond au chiffre 43°41’39 (et non 29) comme on l’a gravé par erreur, et elle s’accorde  aussi bien que possible avec les triangulations des cartes de France et du Piémont.

L’intérêt que prend Mr Teysseire à tout ce qui touche à la science ne m’a pas seulement fait remarquer l’erreur de transcription que je viens de signaler et qui sera rectifiée. Il m’a été utile en outre en m’éclairant sur le véritable point auquel se rapporte le chiffre donné par la Connaissance des Temps.

Réduit de 16 secondes  qui correspond à la distance de 500 mètres comprise entre le clocher de Saint François et le Quai du Midi, il devient 43°41’41.7 et rentre ainsi dans l’accord des documents précédents…

Quant aux niçois qui s’intéressent à leur position géographique, ils devront se résigne à l’incertitude de 3 secondes qui règne encore aujourd’hui sur la latitude de leur cité…

Journal le Petit Niçois du 7 avril 1932

 

A la recherche d’un cadran solaire.

Le cadran solaire de l’Opéra de Nice ?

Vous pouvez en voir en bonne place, une photographie au Musée Masséna, et vous pouvez peut-être aussi par le journal aider à la faire transporter, également au dit musée le cadran lui-même, j’entends les pièces qui le composent, faute d’une mise en place meilleure ;

 Il y a quelques années - mettons quatre ou cinq ans – ce cadran solaire en plusieurs pièces de marbre, l’une contre l’autre, était à la Promenade du Château, à côté de la buvette… Je suppose que personne n’a enlevé ces plaques de marbre à aspect de décombre qui gisaient dans le voisinage du poulailler

 

On a retrouvé le cadran solaire de l'Opéra de NIice

 

C'est sous ce titre que Sophie Casals a fait paraitre un article dans Nice Matin du 14 février 2013. Il a été retrouvé et reconstitué par Marianne Martin gérante d'une socicté de taille de pierres à qui la ville de Nice avait demandé de débarrasser une décharge de matériaux encombrants. Photo Nice Matin Frank Fernandes

 

Notes

 

Théodolite de Brunner:

 

Brunner  1804-1862 fils d’un serrurier suisse.

Construction de théodolites Brunner frères 184 rue de Vaugirard Paris

 

Latitude de la façade sud de l’Opéra

 

Google Earth: 43’41’42.73

Géoportail: 43°41’42.97

Valeur rectifiée de Wagner: 43°41’41.7

 

Cadran solaire du lycée Masséna à Nice:

Gravure datant de 1929 :

latitude 43°41’56