Pluie, neige, brouillard dans le Comté de Nice suivant le dictionnaire de Casalis
Mise à jour septembre 2015
Traduction page 798 et suivantes:
Pluie
Des observations faites avec le pluviomètre de Watkins il résulte que le minimum et le maximum de pluie se produisent pendant l’année dans les proportions suivantes, durant l’hiver entre 4 et 7 pouces, au printemps entre 5 net 8 pouces, l’été entre 2 et 7 et en automnes de 6 à 10. Le plus grand nombre de jours pluvieux chaque année est de 75, le minimum de 42 et la moyenne est de 60/ Le nombre moyen de jours de plein soleil est d’ordinaire de 180 ; celui des jours où le ciel est voilé et quasi couvert de nuages est de 125
Bouillards
Les brouillards bas sont extrêmement rares, et ne se produisent que lorsque la température de l’eau est plus élevée que celle de l’atmosphère.
Ils arrivent certaines fois au printemps et à l’automne, et sont ou secs ou humides. Le matin ils se forment aussi bien sur la mer que sur la terre car le sol se trouvant alors plus froid et la température de l’air plus basse que celle de l’eau, la terre condense majoritairement la vapeur ; le soir ils se développent avec plus de facilité sur la surface de la mer car les couches d’air en contact immédiat avec l’eau se trouvent plus froides que celles à la surface de la terre. Ordinairement ils ne se voient que dans le quartier du Var, mais dans un cas effectivement extraordinaire le 24 et le 30 avril 1840, ils couvrirent toute la plaine de Nice de l’aurore jusqu’à 10 heures du matin
Nuages
Dans le ciel de Nice ils apparaissent et restent stationnaires ou ils s’élèvent suivant les montagnes ou bien ils passent en grande quantités avec une plus ou moins grande vitesse ; la plupart du temps ils ne produisent que de petites variations des appareils météorologiques. On observe que lorsqu’il y a un conflit de vents et principalement quand le borea le dispute au à l’ostro, les nuages se poussent et se repoussent d’un point à l’autre de l’horizon, ils finissent par se transformer en torrents de pluie et en une ou deux heures le torrent du Paillon, ceux du magna, de Barla de S. Barhélemy, de la Mantega, grossissent rapidement et provoquent de grands dégâts dans les campagnes environnantes.
Dans ce pays où les sources d’électricité atmosphérique sont très nombreuses, le vent n’est pas la seule puissance qui provoquent des mouvementes extraordinaires de nuages.
L’électricité provoque certaines fois une quantité considérable de vapeur, des mouvements d’attraction et de répulsion qui simulent l’effet du vent et en modifient l’influence. On voit alors les nuages se rapprocher et s’éloigner avec célérité et tourner sur eux-mêmes, les uns chargés d’électricité négative, les autres d’électricité positive.
Lors de cette grande agitation de l’atmosphère il se produit souvent une tempête accompagnée d’éclairs et de tonnerre.
Les orages sont ici peu fréquents et se produisent plus souvent l’été que pendant les autres saisons. Parmi les plus terribles ouragans dont on conserve ici la mémoire on peut citer celui de septembre 1516 qui amena la désolation dans les campagnes niçoises e ceux du 15 aout 1601, du 31 juillet 1675 et du 10 aout 1810 qui détruisirent les toits de nombreuses maisons, déracinèrent de nombreux arbres, et firent couler un grand nombre de navires. Une inondation brutale se produisit dans les environs de Nice du fait d’une trombe marine le 13 septembre 1837. Tous les autres phénomènes terrestres célestes ou marins sont rares sur le littoral, et depuis longtemps ils ne furent pas suivis d’accidents considérables.
La grêle survient aussi bien sur les hauteurs que sur le littoral : elle tombe le plus souvent le jour que la nuit. Les plus gros grêlons ont la taille d’un œuf ; elle est presque toujours accompagnée de vent, de coups de tonnerre et d’une grande quantité de combustion de fluide électrique. Depuis quelques années il faut aussi déplorer trop souvent les effets de la grêle et le 14 septembre 1839 elle est tombée en quantité épouvantable sur certains quartiers.
Il faut beaucoup plus se lamenter des effets de la foudre ; tout porte à croire qu’elle est presque toujours ascendante, c'est-à-dire que la recomposition du fluide se fait de la terre vers les nuages et non des nuages vers la terre.
On a vu parfois des orages sur la mer se transformer en trombes par une attraction prodigieuse qui semble s’établir entre la terre et les nuages. Alors des colonnes d’eau qui ont la forme d’un cône renversé se forment et tournant comme une turbine s’élancent vers la pointe des nuages. Appuyées parfois sur une base de feu elles provoquent de grands dégâts e dans leur course rapide et vagabonde, elles emportent les tuiles des toits, et elles arrachent les plantes qu’elles trouvent sur leur passage. Pr chance elles se produisent peu souvent et sont brèves.
La rosée est surtout abondante dans les environs de Nice ; les saisons où elle se produit le plus souvent sont le printemps et l’automne. Dans un climat sec et chaud comme celui de Nice, la rosée est un bienfait de la nature pour les végétaux, mais elle est nuisible pour les personnes de santé faible; c’est pourquoi elles doivent prendre de bonnes précautions pour ne pas en subir les dommages.
Le givre se voit certaines fois dans la région niçoise au mois de décembre, janvier et février. Il disparaît rapidement grâce au soleil. Il nuit beaucoup aux jeunes plantes, aux petits pois etc…
Dans la plaine de Nice la neige tombe rarement deux hivers consécutifs ; comme il a été déjà observé elle se transforme en pluie en tombant et fond à peine tombée sur le sol, mais dans un cas extraordinaire en 1837, la neige est tombée en si grande quantité qu’il y en avait jusqu’à un demi pied liprando.
Reste à parler d’un phénomène qui concerne aussi la météorologie
Celui de la phosphorescence de l’eau de mer; cette phosphorescence est fréquente dans la mer de Nice principalement pendant les chaleurs de la canicule ; elle n’est visible que de nuit et le plus souvent à une grande distance de la plage. Certaines fois elle est si lumineuse qu’elle rend impossible la pêche car les poissons guidés par sas clarté se soustraient aux manœuvres des pêcheurs Lorsqu’il advient un tel fait, pour que la mer ne soit pas étincelante à sa surface, il suffit de battre la vague pour faire disparaître le scintillement de la petite nappe d’eau qui se disloque. Après les recherches qui ont été faites sur la cause et le mode de production de ce phénomène, il est apparu que la propriété de phosphorescence n’est pas due à la nature du liquide mais à la présence d’organismes marins qui appartiennent à différentes classes, tels que des crustacés des mollusques et des zoophytes etc…
Une série d’observations faites avec des électromètres dont un à condensateur, il résulta pour Roubaudi que l’électricité atmosphérique de ce pays est presque toujours neutre ; par un temps tranquille ou agité par les vents, par un ciel serein ou couvert de nuages, l’électromètre ne donne presque jamais des signes d’électricité, qu’il soit situé dans une zone de végétation importante, ou qu’il soit placé près de la mer ou sur la mer même ; on estime que cet instrument ne montre pas des signes d’électricité en dehors des temps orageux, quand la terre et l’atmosphère sont électrisés par une quantité supplémentaire de fluide électrique et qu’alors il n’y a pas d’égalisation de répulsion ou d’attraction entre le fluide négatif de la terre et le fluide positif de l’atmosphère. Les expériences répétées plusieurs fois dans le cours de l’année semblent démontrer que l’atmosphère de Nice, à part les cas de temps orageux est en général sans tension électrique même à une hauteur supérieure à cent toises.
La question de l’évaporation des eaux de mer a été agitée plusieurs fois, pour savoir si une portion quelconque de sel marin (hydro chlorate de soude) peut être transportée par les vapeurs ainsi, et si dans un tel cas quelque élément de ce sel et le même gaz acido-chlorique peuvent ainsi se développer dans l’atmosphère des bords de mer par l’influence électro chimique pour influer sur la santé des habitants de la bordure maritime.
1 – L’air sur le bord de mer et sur la mer elle-même, ne contient ni acide hydrochlorite ni hydrochlorate
Des expériences très précises faites par Roubaudi on peut noter les résultats qui suivent :
2 – Quand la mer est agitée et principalement quand règne un vent impétueux, de très petites molécules d’eau de mer se propagent dans l’air, principalement près du rivage, où viennent se briser les vagues, et sont transportées à des distances plus ou moins grandes selon la violence et le degré d’agitation de la mer
3 – On peut dire qu’une telle distance n’excède pas cent pas, au moins à Nice où le vent à midi, est bien des fois très violent. Pour ce qui regarde les effets qui peuvent en dériver sur l’économie animale, nous nous contenterons de nous référer à ce qu’en dit le Docteur Risso.
L’air de Nice a toujours été favorable pour les personnes atteintes de rhumatismes, de goutte, de catarrhes, d’altération des viscères et de maladies cutanées. On peut citer quelques cas de guérisons de personnes atteintes au premier degré de phtisie muqueuse ; mais les exemples de telles guérisons sont si rares qu’il convient d’être très prudent avant de les attribuer à l’atmosphère des rives de la Méditerranée, comme un moyen efficace contre cette périlleuse maladie. Pour le reste, le climat de Nice contribue beaucoup à guérir les maux d’atonie, et tous ceux qui innervent la fibre musculaire et nerveuse ; mais bien souvent il est funeste pour les maladies inflammatoires
Bibliographie :
Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere
Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro
Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie
Bibliothèque municipale de Nice
Tome XI B 8143 – date 1843
Roubaudi Louis – Nice et ses environs – 1843 - Paris Turin- consultable sur Internet