Ancien château de Nice suivant le dictionnaire de Casalis


  

Mise à jour janvier 2014

 

 

Dizionario de G. Casalis Turin

 

Volume XI                                                                           

 

Traduction du texte pages 784 et 785

 

 

«  Au bord de mer s’élève un promontoire isolé, haut de 93 mètres et qui s’étend du nord au sud sur une longueur de 700 mètres.  Sur ce promontoire taillé à pic côté mer et en pente vers le côté nord, se trouvait l’ancien château ceint de bastions, et flanqué de grandes demi lunes et de casemates : à l’intérieur se trouvaient des palais, des églises, des places dont il subsiste des restes qui attestent l’importance d’une telle fortification. On y voit un puits creusé dans le rocher vif  qui descend à 50 mètres et arrive sous le niveau de la mer. Les aragonais furent ceux qui au XIIème siècle  se mirent  à commencer les fortifications de ce château ; ils construisirent ce qu’on appelle le donjon composé de diverses tours solides qui s’élevaient sur la partie la plus élevée du rocher qui surplombait sur le côté ouest la ville de Nice.

Cette forteresse démantelée plus tard par les Gênois fut reconstruite et agrandie vers 1230 par Romée de Villeneuve, gouverneur de la région de Nice pour Raymond Béranger V comte de Provence et d’Aragon. De 1440 à 1560 ce château fut plusieurs fois remanié et pourvu de nouvelles fortifications, principalement sous le règne de  Louis de Savoie en 1440 et sous celui du duc Charles III dans les années 1517 et 1548. Ce dernier souverain en fit une citadelle de premier ordre ; mais il fallut démolir toutes les maisons situées sur le point culminant de la vieille ville (villa superior), et transférer la cathédrale et l’évêché dans l’espace où se trouve l’église S Réparate. Dans l’enceinte du fort ne restait plus alors que l’église de l’Annonciation de M.V qui fut ensuite rasée au sol à l’époque de l’entière démolition du château. L’admirable puits mentionné ci-dessus  fut creusé en 1517 par l’ingénieur Andrea Bergante. Aux retranchements  effectués par le duc Charles, le duc Emmanuel Philibert en ajouta d’autres en 1560 ; dès lors ce promontoire se trouvait ainsi  tellement fortifié qu’on le considérait comme la première fortification d’Italie ; celle-ci avait pu en effet résister aux assauts simultanés  des turcs et des français en 1543 ; mais les français revinrent en 1691 conduits par le Maréchal de Catinat et pendant que la place était assaillie de deux côtés  des hauteurs du Mont Alban et  de celles de S Charles  qui s’étendent  vers la bas de la colline de Cimiez, une bombe  qui tomba sur la magasin à poudre, occasionna une terrible explosion et le commandement fut  contraint à capituler.

Le château restauré en partie en 1698 par les soins du Maréchal de Corail, gouverneur de la Province, fut de nouveau assailli  et pris en 1706 par le duc de Berwick qui le fit entièrement démanteler. Les travaux de démolition commencèrent en février  et durèrent jusqu’au mois de juillet. Il est certain que la démolition de cette forteresse contribua grandement à l’agrandissement de Nice ; tout le terrain compris dans l’enceinte de ses bastions  du côté du midi fut transformé en un bel et spacieux espace  qui depuis constitue le quartier de la ville le plus distingué. Une terrasse  étendue fut  construite le long du bord de mer ; lequel  joint aux restes de l’ancienne fortification  offre en toute saison un délicieux passage. Dans le site où se trouvait une si importante citadelle, il n’existe plus qu’un corps de garde pour veiller sur quelques pièces d’artillerie laissées par le gouverneur. Le reste de la surface fut transformé en cheminements flanqués de plantes ombragées, et une partie fut convertie en cimetière ; et c’est pour cela qu’un auteur moderne  a pu dire (en français dans le texte) « Si Nice vivante est descendue du Château, les habitans y retournent après leur mort ».

De la place Victor et à la sortie du port une route praticable aux voitures  conduit au sommet du promontoire dénommé ci-dessus à qui on donne toutefois le nom de donjon.  L’étranger qui arrive là haut est surpris en voyant la vaste plaine de Nice, et en contemplant de part et d’autre les beautés dont la nature l’a pourvue ; ici il est impossible de donner une idée exacte du caractère majestueux d’une telle perspective ; c’est un panorama à mille facettes et celui qui le regarde ne peut se rassasier  de la parcourir et de l’admirer. Du côté du nord, de l’est et de l’ouest Nice la plaine de Nice s’étend au pied des sommets, parsemée çà et là  d’élégantes maisons ; elle est coupée  en tous sens  de longs murs  qui clôturent des jardins. Cette plaine est partout couverte  de la plus admirable végétation. De cette hauteur on peut étudier à son aise la configuration du bassin de Nice, et se faire une juste idée  de la double et triple ordonnance  des montagnes qui l’entourent. De là le regard embrasse ce que la terre produit de plus splendide et de plus précieux et en même temps ce que la nature offre de plus sauvage.

Vers l’ouest, à une distance considérable, et au-delà du premier cercle de collines, se trouvent les montagnes arides de la Provence, à l’extrémité desquelles vers le sud ouest, apparaissent distinctement le cap et la ville d’Antibes avec ses fortifications, le promontoire de S. Tropez, les îles de S.Marguerite, les bois de l’Esterel  et des Maures dont les sommets  limitant l’horizon semblent se confondre avec l’azur du ciel. Vers le nord ouest, le nord  et le nord est, s’élèvent dans toute leur nudité les sommets des Alpes naissantes couvertes parfois de neige. Vers le sud on voit le matin et par ciel calme  les sommets de Corse, qui se présentent comme un point noir jeté  sur le vaste horizon de la mer.

De cette même hauteur on se réjouit également  d’un magnifique spectacle en  contemplant la surface immense de la mer  et en observant sur les vagues  les effets du soleil aux différentes heures de la journée ; mais si avant de partir de cette éminence, l’observateur regarde sur le côté septentrional du promontoire le lieu où reposent les cendres  des défunts, cessent alors dans son âme les douces émotions  que procure l’aspect  de la belle nature  et surviennent des sentiments plus sérieux et plus graves ».

Casalis  a repris partiellement le texte de L. Roubaudi () page 50. Celui-ci a noté "depuis 1822, par le soins de Mr le Baron Millonis et de Mr l'Ingénieur Gardon, une grande partie des décombres de l'ancien château  a disparu"

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Tome XI B 8143 – date 1843

 

Roubaudi Louis – Nice et ses environs – 1843 Paris Turin – consultable sur Internet