Coutumes de Nice suivant le dictionnaire de Casalis


  Volume XI                                                                      mise à jour septembre 2014

  

Traduction du texte pages 805 à 807

 

 "Quelques auteurs de diverses nations ont décrit les coutumes particulières des niçois. Nous nous contenterons de rapporter les choses les plus importantes  qui furent dites par le consciencieux et précis Roubaudi.

Les coutumes des habitants de Nice participent des coutumes de l’Italie et de la France, avec lesquelles cette ville est mitoyenne, mais le caractère distinct  des niçois est la vivacité et l’inconstance ; ils sont doués de beaucoup de perspicacité et d’agilité mais ils ne savent pas persévérer dans leurs entreprises. Ils sont pour la plupart gais, aimables, très intelligents, mais ils se distinguent plus par l’ingéniosité que par le savoir. Leur imagination est vive et apte à trouver des expédients  pour vaincre les difficultés qu’ils rencontrent, principalement quand ils se trouvent loin de leur patrie et abandonnés à eux-mêmes ; et ceci explique la raison pour laquelle  dans des contrées lointaines ils réussissent presque toujours dans ce qu’ils entreprennent, cependant que dans leur pays natal ils ne se donnent pas de peine en général et sont paresseux.

Pour eux le travail est plus l’occasion d’ennui que de fatigue.

Ils pensent bien peu à l’avenir et bien peu au lendemain ; un petit gain assuré et très proche, a pour eux cent fois plus d’attraits  qu’une bonne fortune dans une perspective lointaine. Bien que naturellement doux ils se laissent souvent aller à l’indignation à écouter des torrents d’injures, des vociférations, les mauvaises paroles qui dans le bas peuple sont prononcées de part et d’autres à l’occasion de disputes, qui feraient croire  que des querelles si animées  conduiraient à des conséquences funestes ; mais en général ceux qui se querellent  se calment vite, et ne conservent pas la mémoire de l’offense. Ceci est surtout le  caractère des femmes de pêcheurs  chez lesquelles on observe ce caractère irascible, et ces manières grossières  qui caractérisent les pêcheurs de Naples ; mais il est vrai que leurs indignations durent peu et qu’en vérité leur cœur est bon  et aussi généreux au besoin.

Les femmes de la classe aisée et riche sont en général  bien faites de leur personne et à l’aise ; elles ont une carnation plus brune que claire, un petit pied, et une tournure française ; elles savent se vêtir avec beaucoup de grâce ; et les modes de Paris les atteignent très vite. Bien que l’on admire plus généralement chez les niçoises la grâce que la beauté, elles ont néanmoins presque toutes dans leur jeunesse une physionomie jolie, vive et gracieuse, ces qualités ne s’effacent que peu à peu. Du reste la décence avec laquelle elles savent s’habiller  s’unit presque toujours au goût le plus exquis.

Les femmes des pêcheurs  et des paysans sont en général remarquables par leur stature droite et svelte, et par leur port souple ; ceci résulte de l’habitude qu’elles ont toutes de porter sur leur tête  une quantité de poissons ou de légumes. Il en résulte que cette façon de marcher  contraint leur corps à garder une position droite. Les femmes du bas peuple et les paysannes aiment les vêtements de couleur voyante et elles se distinguent  par une coiffure particulière spécialement les jours de fête.

Simple, modeste, plus digne de respect  que d’attention est la façon de se vêtir  que l’on voit chez les paysans des environs de Nice. Un usage très ancien conservé par les pêcheurs et les marins et qui indique leur patience et leur courage à affronter les périls est celui de se faire tatouer les bras et aussi la poitrine de divers dessins sur lesquels ils mettent quelques couleurs qui pénètrent  jusqu’à l’intérieur des chairs  et qu’on ne peut enlever.

Cette mode du tatouage faite avec la pointe d’une aiguille montre la bravoure et le courage  de ceux qui portent ces tatouages"

 

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Tome XI B 8143 – date 1843