Industire et commerce suivant le dictionnaire de Casalis


 Mise à jour avril 2015

Traduction du texte pages 785 à 789

 

« Les principales sources  de richesse publique n’existeraient pas à Nice seulement de façon assez limitée, si ce n’est par la position géographique de cette ville entre Genève et Marseille, et grâce à son territoire étendu dont cependant une partie ne peut pas être consacrée à une culture valable.

Parmi les objets susceptibles de gain que nous citerons d’abord, nous commencerons par énumérer les produits minéraux qu’on extrait dans les alentours de Nice, c'est-à-dire : le calcaire dolomitique à grain fin et brillant, déposé en strates plus ou moins épaisses séparées par des filons d’argile, ce qui en rend plus facile l’exploitation. Cette matière présente presque toujours une surface parallélépipédique et rectangulaire, particularité qui permet à l’ouvrier  d’en faire des blocs de toutes dimensions, et divers objets. Elle sert aussi à construire les angles des maisons, des édifices publics et en faire toutes sortes d’ornements qui se combinent avec le marbre. On extrait toute sorte de calcaire jurassique  qu’on réduit en chaux et aussi en plâtre qu’on fait calciner et on en  trouve deux qualités.

En outre on trouve un peu de glaucomie et du sable qu’on recueille près du Var et qui sert pour la fabrication du verre ; de la marne tertiaire  qu’on utilise pour faire des tuiles, des blocs, des canalisations et quelques gros ustensiles. Il s’exporte seulement quelques pierres dolomitiques, un peu de plâtre et un peu de glaucomie ; ce qui ne peut pas compenser l’importation du fer, du cuivre, des ardoises, des carreaux  de la vaisselle de toute sorte, et de tous les objets en faience qui sont devenus désormais de première nécessité.

L’industrie de Nice peut se flatter d’avoir découvert  dans le courant de 1843 du côté oriental du château une carrière  de très belle brêche vert foncé, jaune, rouge, et violet foncé, susceptible  d’un joli brillant, et d’autant plus intéressante que l’on peut en extraire  des morceaux de grandes dimensions.

Une sorte d’industrie particulière  aux habitants de Nice,  est celle d’employer leurs capitaux à acheter et construire des palais, des maisons, des pavillons,  qu’ils décorent de belle façon, et qu’ils louent aux étrangers pendant la mauvaise saison. La plupart de ces habitations se trouvent dans une situation agréable face à la mer ou sur les collines environnantes et principalement dans le faubourg de la Croix de Marbre, que beaucoup d’anglais jusqu’à ce jour préfèrent à tous les autres quartiers.

Bien que peu de contrées des côtes méditerranéennes  offrent un cadre aussi riche et aussi varié en végétation diverse que le bassin de Nice, le rendement de ce pays est néanmoins très précaire  car les faibles récoltes qui s’y font ne récompensent pas bien souvent les fatigues qu’on consent pour les obtenir.

Le commerce d’exportation de la ville de Nice consiste en huile, vin, fruits, essences, parfums, bois de teinture et de construction, confiseries, greffons  d’oranger, poissons salés, et soie.

Les moulins pour produire l’huile, d’olive sont de deux sortes, et on en trouve en grand nombre ; les uns agissent sous le poids de l’eau et la force de son impulsion, les autres grâce à un cheval ou un mulet attaché à la barre horizontale de l’arbre où est fixée la meule.

Il y a bien peu de fabriques de savon, et  qui suffisent à peine à la consommation locale ; on ne peut comprendre comment ce type d’industrie  dont on a le principal matériau dans l’huile de rebut, dont on a parlé plus haut, ne soit pas étendu de façon plus considérable, pendant que les niçois se contentent d’envoyer cette qualité d’huile à Marseille où l’on fabrique du savon en grande quantité.

Le vin de Nice, principalement celui de Bellet, est recherché dans le commerce, mais comme les vignerons préfèrent toujours la quantité à la qualité, ils vendent le raisin qu’ils récoltent à des négociants

 Et ils se procurent un vin de qualité inférieure à un prix bien moindre.

Les propriétaires des vignes de cette colline font du vin pour leur propre usage, qu’ils ne boivent qu’après trois ans  parce que c’est alors qu’il prend de la force et ses précieuses qualités ; ils font aussi trois autres qualités de vin pour les secondes tables ; ce sont le muscat blanc, le vin rouge de piquette, et celui dit de Salerne qui rivalise avec les meilleurs vins d’Espagne et d’Italie. Les fruits qu’on exporte sont les agrumes de diverses sortes, les figues sèches,  les jujubes, les grenades, les caroubes etc…

Les orangers produisent il est vrai deux récoltes par an, c'est-à-dire une de fleurs et l’autre de fruits, mais de tels produits sont soumis à un droit d’entrée en France si fort  qu’il est nécessaire de les vendre à un prix très modique. Les fleurs d’orangers se vendent de 3 à 10 sous le kilo, les oranges se vendent au prix de 5 à 20 lires le mille, ce qui représente un gain très faible  et qui ne récompense pas les fatigues et les dépenses nécessaires  à la culture de telles plantes.

Dans les côtes méditerranéennes, Nice est peut-être le pays qui offre le plus grand nombre de plantes odoriférantes  pour l’usage de la parfumerie. Les rivages sont couverts de romarin, de thym, de fenouil, de sauge, de myrtes,  et servent à fabriquer des huiles aromatiques. Les jardins produisent les fleurs d’orangers, le jasmin, les roses, les jonquilles, les violettes, les tubéreuses, l’acacia, les héliotropes, les volcameres, le réséda, etc…pendant que les hauteurs abondent de lavande, de serpolet, de menthe,  de sariette, qu’on distille pour obtenir des huiles essentielles  et qu’on expédie dans l’Europe du Nord.

Les fruits confits qu’on exporte depuis quelques années sont faits à partir de cédrats,  de jambosier (pommes d’amour), de chinois, etc…

On confit aussi les amandes, les cerises, les azeroles (aubépines), les pêches, les abricots, les poires, les figues et autres fruits recherchés  dans le commerce.

Strabon affirmait que le peuple de Nice actif et vertueux  s’occupait de toutes manières de trafic maritime, il construisait des navires de toute taille , et si la tradition ne ment pas,  la fameuse barque connue sous le nom de Naou, fut faite par les niçois et conduite par les romains devant Carthage pendant une des guerres puniques ; mais l’art de la construction navale a beaucoup perdu de  son antique splendeur  et on ne fait plus que  de petits bâtiments de commerce et de fragiles barques de pêche. Les fabricants de sièges  depuis quelques temps sont devenus très experts dans leur art. Les tourneurs et les ébénistes accomplissent de très beaux et utiles travaux en bois d’olivier, de caroubier, de noyer d’oranger, de jujube, d’if, de figuier, et d’arbousier.

Les menuisiers et les tonneliers qui sont ici en grand nombre,  travaillent très bien, et les charretiers  se multiplient depuis qu’on commence à élargir les voies carrossables.

Les cordages fabriqués à Nice  à l’usage de la marine avec le chanvre du pays, sont très réputés et ainsi considérés  de première qualité.

Les responsables de ce type de manufactures sont au nombre de quinze et emploient cinquante personnes dans la filature des cordes.

Les papeteries qui existaient déjà dans les alentours de Nice, consomment tous les chiffons de la province ; réduites maintenant au nombre de deux,  elles ne fabriquent plus que du gros papier gris  propre seulement à faire sécher les vermicelles et à envelopper les oranges et les citrons.  Les fabriques de toile  ne travaillent que pour la consommation locale ; celles de macaronis,  de semoule,  de vermicelles et autres pâtes italiennes, et ne bénéficient pas de la possibilité d’être exportées. On n’en fait que la quantité nécessaire dans le Comté.

Depuis quelques temps on fait des chapeaux de paille pour les hommes et les femmes ; ceux pour dames fabriqués  à l’hospice de la Providence avec de la paille indigène, ont obtenu comme déjà noté, un premier prix d’encouragement à l’exposition nationale des produits industriels qui a eu lieu à Turin en 1839 ; dans ce but les paysannes habiles tressent la paille de deux variétés de froment  pour en faire un large chapeau de forme chinoise qu’on appelle « cappelina »  qui convient très bien pour protéger des rayons du soleil et   pour garantir de la pluie.

Les fabriques de liqueur, de bière et de sirops  pourvoient à la consommation du pays et bien peu  pour satisfaire quelques demandes extérieures.

Les fabriques de crème de tartre, de salpêtre, de vermillon  de toiles pintes,  de feutre, et divers autres objets industriels, ne peuvent soutenir la concurrence  des industries du même genre qui proviennent de l’extérieur. On fait cependant maintenant de l’acide citrique  et tartrique avec un résultat très satisfaisant.

On a créé depuis quelques temps des magasins de bois à brûler, dans la mesure  où ce combustible provient des hauteurs voisines pour être vendu au quintal.

Le bois d’olivier, de chêne vert et de chêne  est préférable à toutes les autres qualités.

Le charbon se vend sur le port, celui de la montagne est moins recherché.

Les fagots de bois, les sarments  et les pommes de pins  se vendent sans les peser  suivant leur qualité et leur volume ».

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Tome XI B 8143 – date 1843