MOULINS DE BLAUSASC  06440


Mise à jour décembre 2016

Prospection: Raoul Barbès, Jacky Sarale, photos: Jacky Sarale

 

Moulin du quartier Saint Roch

 

Il se trouve en bordure de la route  de la Gardia à Blausasc au point : x=1004.056, y=3179.851

Ce moulin figure sur le plan cadastral section K2 Blausasc.

On voit bien le puits de la roue, l’aqueduc d’arrivée de l’eau, la trace du toit de l’ancien bâtiment du moulin.

Une partie de ce moulin a été coupée par l’élargissement de la route.

Au-dessus on peut observer le bassin rectangulaire de rétention d’eau qui fait  60 m2 de surface environ mais dont on ne peut du fait de son comblement partiel connaître la profondeur certainement supérieure à 2 m.

On peut présumer qu’il s’agissait d’un moulin à huile utilisable l’hiver à cause du manque d’eau en été.

Par exemple juste après un orage violent de juin 2010 il n’y avait pratiquement pas d’eau dans les deux vallons de part et d’autre du moulin

 

Moulin de l'Oliveraie

Ce restaurant, 4 rue de la Torre, a été construit sur les restes d'un ancien moulin dont il reste de nombreux éléments à l'arrière du restaurant

 

Moulin de la Pallarea

Il se trouve en contrebas de la fontaine de Jarrier au quartier le Loup en aval du croisement des deux routes ;

Il ne figure pas sur l’ancien plan cadastral ;

Il est dans une propriété privée.

Au XIXème siècle il appartenait à la famille de Falicon ;

Dans un récit datant de 1842 le Comte de Falicon le décrit ainsi, selon une transcription de Françoise Prost :

« Tandis que je me laissais aller à ces réflexions, nous avions  quitté le grand chemin, pour descendre au moulin à huile, situé aux avenues de la Pallarea.

C’est là, où nous descendîmes de voiture aux acclamations du meunier. La même, vinrent trois bergeronnettes, parées de leurs habits de fête, présentèrent une corbeille de fleurs, au noble Sire de la Pallarea.

L’aspect sévère de ce moulin, enfoui au fond d’un vallon creusé dans la roche vive, est à l’unisson avec le pays environnant.

Oh ! Qu’on est heureux de rêver sur le bord du ruisseau qui murmure en cadence, lorsqu’on se sent l’esprit tourné à la mélancolie !

Toutefois, il serait impossible de rêver aux plaisirs et à l’amour, au milieu d’une nature aussi imposante et sauvage, que celle qui se déroulait devant nos yeux.

Mais, si les sentiments passionnés semblent bannis de ces lieux sacrés à jamais au culte mystique du barde solitaire ; on ne saurait arrêter l’essor de l’imagination et des grandes et généreuses pensées lorsqu’on s’enfonce à travers les sombres sentiers de la forêt séculaire.

Car, au lieu de se courber jusqu’à terre pour cueillir la rose et le jasmin aux tendres senteurs, on se sent fier de pouvoir relever la tête vers le ciel, pour saluer ces pins centenaires, qui sont les véritables géants de la végétation !

Aussi est-on saisi de stupeur lorsqu’on les voit tomber sous les coups de la cognée ; Leur chute lente et majestueuse ressemble à celle du vieux Grenadier, qui frappé au cœur, au fort de la mêlée, pirouette encore une fois sur ses talons, et tombe, noblement sur le champ de Bataille »

 

Transcription de contrat relatif au moulin

 

Transcription d’un contrat de location (établi pour la saison 1872 à 1873) concernant l’usine à huile du Comte Henri de Falicon. Il contient un inventaire dressé par l’expert Jean-Baptiste Mars.

Document issu du Carton 11 Fonds Renaud de Falicon - Bibliothèque du Chevalier de Cessole- Nice

Aujourd’hui 27 octobre 1872 à Nice (Alpes-Maritimes) par la présente écriture passée, gravée en double exemplaire original, il est convenu ce qui suit entre d’une part le Sieur Castelli  Teresi du vivant Jean et le Sieur Camous François du vivant Jean-Baptiste, tous deux associés et réciproquement solidaires et d’autre part M. le Comte de Falicon Henri du feu Comte Octave ce qui suit. M les susdits associés Castelli et Camous prennent à loyer, pour la saison 1872 à 1873 l’usine à huile que le comte de Falicon possède en sa propriété dite « Pallarea », Commune de Peglia, et cela au prix de 1400 fr. (quatorze cents francs) pour la dite saison. La première moitié de ce loyer sera payée le 30 janvier 1873 et la seconde moitié le 30 avril 1873. En cas de retard de payement, les intérêts relatifs  au 5% pour cent seront dus à dater des termes fixés ci-dessus.

 

2°) Le Comte de Falicon se réserve le droit de faire ses huiles dans cette même usine sans aucun frais à sa charge, moyennant avis préventif d’au moins deux jours. Il se réserve également le droit d’arrachage en cas de besoin.

 

3°) Les Locataires ne pouvant détourner les eaux qui mettent l’usine en mouvement sans autorisation écrite du propriétaire.

 

4°) Les locataires devront maintenir constamment en bon état le chemin qui de la grande route nationale, conduit à l’usine.

 

5°) L’inventaire d’état fait partie intégrante de la présente convention qui sera donc signée aussi par l’expert qui l’a rédigée de commun accord ; et à la fin de location ce même expert devra opérer l’expertise finale et exécuter les réparations et renouvellement nécessaires pour rendre au propriétaire son usine en état de fonctionner aussi bien qu’actuellement.

 

6°) Les contributions sont à la charge du propriétaire et les patentes à la charge des locataires.

1842 achat de source et d’heures d’arrosage par le Comte Giuseppe Renaud de Falicon à Blausasc

Archives Départementales des AM cote 03 E 015/156 Notaire Pierre Laurent Bensa  à Nice

Actes du 19 juin 1842 et du 28 juillet 1842

 

Nous avons vu que les Comtes Renaud de Falicon possédaient un domaine à Blausasc comportant notamment un moulin à huile voici des précisions apportées par deux actes de vente réalisés à un mois d’intervalle en 1842 :

Il s’agit d’une vente des époux Cros en faveur du Comte Joseph-René Renaud de Falicon d’une source vive pour un montant de 1700 Lires.

En l’an 1842 le 19 juin dans la région de la Palarea, territoire de Peille, le notaire Pierre-Laurent Bensa a devant lui les époux Cros (Saverio Cros en son nom et également pour autoriser son épouse à vendre et son père  Bartolomeo Cros, parlant en son nom et pour autoriser son fils et sa belle- fille à vendre). Les vendeurs, domiciliés  ensemble, solidairement et individuellement acceptent de vendre , céder et remettre une source d’eau vive  à Son Excellence Monsieur le Comte Joseph René Renaud de Falicon, Commandeur décoré du Grand Cordon de l’ordre des Saints Maurice et Lazare et de divers autres ordres, Lieutenant et Gouverneur au service de Sa Majesté de la division de la ville de Nice et résidant dans la ville d’Alexandrie. L’illlustre Comtesse Amelie Schuzler fille du feu Christophe épouse du Chevalier et Major General Don Octave Renaud de Falicon, native de la ville de Dresde en Saxe et domiciliée à Nice, est présente en tant que Procuratrice  de son beau-frère Joseph (en vertu d’un acte du 20 mars 1815 enregistré par Fighiera  et inscrit au registre des  insinuations le 18 avril suivant). La vente se décompose comme suit :

 

1) pour Saverio Cros : trois heures d’arrosage par semaine de la grosse source dite du Truffart située dans métairie de Blausasc achetées à son frère Cesarino Louis Aiglin (lequel se les était vues attribuer  lors de la répartition des eaux  avec d’autres habitants de la métairie de Blausasc).

2) pour Ludovica Nicolai (épouse de Saverio  Cros et belle-fille de Bartolomeo Cros) toutes les eaux des diverses sources qui jaillissent actuellement et que l’on pourra découvrir à l’avenir sur une terre parvenue à la femme Cros  par le truchement de Louis Aiglin, située dans la terre de la dite métairie de Blausasc, région de la Madone au-dessous de la Chapelle de la  Vierge du Terron confinant à l’est un petit vallon et au delà la terre de Ludovic Boglio, au sud M. le  Comte Saisi, au nord Clement Peirani et à l’ouest la petite place existant devant la dite chapelle et Messieurs les frères Deleuse fils du feu Honoré.

3) enfin cette même épouse Cros, vend cède et remet à Son Excellence (acceptant la procuration mentionnée ci-dessus) toutes les eaux qui seront découvertes ou pourraient être découvertes sur une autre terre lui appartenant complantée comme ci-dessus d’oliviers et d’autres arbres fruitiers, dans la région de la Madone, le tout situé sur le territoire de Peille, derrière la Chapelle confinant à l’est un bout de terrain appartenant à la dite chapelle, Jean Ludovic Lottier au sud de la même chapelle, les frères Deleuse au nord Lorenzo Bermon et Marie Antoine Aiglin et à l’ouest la terre de Deleuse.

P 138

M. l’acheteur disposera sans restriction de toutes les eaux parcourant sa propriété de la Palarea  en véritable et absolu propriétaire selon ses besoins et comme il lui plaira.

Les deux parties acceptent amicalement les termes de la vente décomposée comme suit :

Pour les trois heures d’arrosage vendues par Saverio Cros : 500 lires

Pour la source existant actuellement sur la terre de l’épouse Cros sous la chapelle du Terron : 1000 lires

Et pour la source à découvrir dans un autre terrain de l’épouse Cros au dessus cette même Chapelle : 200 lires sans compter un prix supérieur à déterminer en cas de découverte d’eau vive en fonction du volume selon les modalités incluses à l’acte.

D’autres modalités font partie de ce contrat

1° les pères, fils et belle fille Cros seront tenus et obligés d’accorder le passage des eaux vendues, découvertes et à découvrir dans n’importe laquelle de leur propriétés pour acheminer les eaux dans le fond mentionné de la Palarea sans autre indemnité d’aucune sorte.

2° Ils s’engagent en pleine connaissance de cause à creuser dans le terrain de l’épouse Cros derrière et en amont de la chapelle du Terron afin de découvrir de nouvelles sources lesquelles seront au bénéfice de S.E. Monsieur le Comte de Falicon. Au cas où l’on ne trouverait aucune source d’eau vive, les dépenses de forage  seront supportées en commun par  les parties avec imputation en faveur de M. le Comte de Falicon des 200 lires versées au cas où l’on viendrait à  découvrir une ou plusieurs sources, le prix de ces dernières sera déterminé par une expertise hydraulique. 

P 139

La somme sera proportionnelle aux 1000 lires versées pour l’eau jaillissant au-dessous de la chapelle du Terron au plus fort de son activité saisonnière et dans ce cas elle sera imputée sur les 200 lires payées auxquelles s’ajouteront toute autre somme et dépense que le Comte de Falicon pourra débourser pour faire ces excavations. Et si ces forages effectués en amont des sources actuelles, venaient à assécher, comme c’est probable, les eaux vendues ce jour pour une somme de 1000 lires  cette somme sera répercutée  sur la ou les sources à découvrir avec les 200 lires pour les dépenses de forage. Le Comte de Falicon devra supporter l’entière servitude de ces trois heures d’eau par semaine. En ce qui concerne les autres sources sans aucune servitude ni réserve au préjudice du Comte de Falicon.

 

4° M. le Comte de Falicon pourra faire toute excavation nécessaire  mais toujours à moindre préjudice pour les propriétés des vendeurs et il pourra faire surveiller les forages entrepris par la famille Cros afin d’éviter toute dépense inutile et pour une meilleure utilisation des forages.

 

5° enfin, les parties se promettent d’observer les termes du contrat.

M Saverio Cros interpellé par le notaire déclare ne pas posséder d’autres  biens immobiliers en tant que fils de famille.

Formules habituelles d’enregistrement notarié suivies des signatures

Une croix pour l’épouse Cros

Saverio cros

Amelie de Falicon

De Fontanet

Notaire royal  Pierre Laurent Bensa

 

 

Suit dans le même registre notarié une autre vente (p 180)

 

Vente par Teresa Lottier épouse de Luigi Ballarel de cinq heures d’arrosage par semaine sur la source dite Truffart, Métairie de Blausasc dépendance de Peille, à l’Illustrissime Joseph René Comte de Falicon  représenté par  sa belle sœur la Comtesse Amelie Renaud de Falicon pour la somme de 1000 lire.

Le  28 juillet  1842.

Cinq heures d’eau par semaine qui appartiennent à la venderesse, en sa qualité d’unique héritière de son père, celui-ci l’ayant acquise de M. Deleuse de l’Escarène sur la source ou les sources dite de Truffart dans la métairie de Blausasc , territoire de Peille avec tous les droits, raisons, actions et prétentions lui appartenant sur les dites sources communes avec d’autres particuliers de Peille et terrains adjacents. Ces 5 heures d’arrosage sont franches et libres de toute charge et dépense sauf pendant la saison d’hiver et pendant la récolte des olives, les dites sources doivent alimenter les édifices à huile de Blausasc avec la faculté pour l’acheteur de disposer de ces 5 heures hebdomadaires comme bon lui semble, se servant aussi des canaux et droits de passage communs entre les utilisateurs.

Cette vente est faite et acceptée pour la somme de 1000 Lires

Conclusions habituelles et signature ou croix des intervenants.

 

On pourrait en déduire par exemple que :

Joseph René Renaud de Falicon est propriétaire de la Palarea en 1842 (date des souvenirs champêtres)

Qu’il a nommé sa belle sœur Amélie Renaud de Falicon née Shutzler procuratrice (depuis 1815)

Que les droits d’eaux ont fait à Blausasc également l’objet de répartitions et de tractations entre des métayers plus ou moins illettrés et la haute noblesse niçoise.

Qu’il existe une description géographique des lieux (source du Truffart, chapelle de la Madone de Terron ) On apprend les noms des différents propriétaires de l’époque qu’il pourrait être intéressant d’évoquer…

  

La famille de Falicon

 

Cette famille était très impliquée dans le commerce de l’huile.

Sur la carte d’Etat Major de 1878 on peut voir dans la vallée de Blausasc deux lieudits « Falicon », un près du col de Nice à hauteur des lacets et un en aval qui semble correspondre au moulin dit de la Pallarea.

Il existait également au quartier de l’Ariane à Nice un « molino di Fallicon » qui figure sur une carte de 1763 (voir document)

 

Note:

Une étude intitulée "au fil du Paillon de Contes" () par Jean Philippe Fighiera et Georges Veran a été publiée en 2016

 

Bibliographie

 

Voir dossiers Internet relatifs à Eze.

 

PCAM Patrimoine  des communes des Alpes Maritimes  éditions Flohic 2000

 

Moulins – Le Sourgentin N° 183 octobre 2008

Fighiera Jean Philippe, Georges Veran - Au fil du Paillon de Contes oliviers et moulins - éditions escola de Bellanda 2016