Etude et photos Jacky Sarale
Mise à jour septembre 2021
43° 46’ 23,1 N ; 7° 14’ 22,4 E
Photos ci dessus: divers élements de la station
Photos ci dessus de gauche à droite: cadastre de 1937, élément de mur en brique, détails sur le fort
Photos ci dessus de gauche à droite: élément de mur, cheminée, local du pompage
Photos ci dessus de gauche à droite: Le Magna au pied de la station, plan du fort article Nice Matin, matrice cadastrale
Photos ci dessus de gauche à droite: façade, tuile, local de pompage et départ de la canalisation
Le mont Chauve d’Aspremont du haut de ses 870 m domine la ville de Nice et offre un panorama dégagé sur 360 °s’étendant de la mer au Mercantour.
Cette exposition remarquable lui a valu l’intérêt des militaires pour la protection de Nice et la construction d’un fort de la série « Serré de Rivière » sous le nom de Fort La Pallice, mais plus connu sous l’appellation Fort du mont Chauve d’Aspremont.
Construit de 1885 à 1888 il n’a jamais connu l’épreuve du feu.
Cet article ne concerne pas la place forte en elle-même mais son alimentation en eau qui ne pouvait provenir de son environnement immédiat.
Les recherches effectuées ont permis de retrouver l’origine et la provenance de cet élément indispensable aussi bien pour la construction que pour la vie dans la forteresse.
C’est dans le fleuve côtier Le Magnan au débit peu important mais constant que cette eau est puisée.
Mais ce point de captage est situé à une altitude de 342 m soit plus de 500 m d’élévation pour atteindre le fort (altitude du fort 853m).
Il fallait donc une station de pompage et de refoulement. Elle a été construite dans le lit du Magnan sur une partie (145 m2) de la parcelle F 377 F2 devenue 413 B2 en 1937 puis 38 AE du cadastre actuel, la parcelle appartenait alors à Giauffret Joseph qui la céda à l’Etat en 1873.
Dans la fiche consacrée au fort sur le site précisé ci-dessous il en est fait mention ainsi que dans le livre de Pierre Robert Garino « Aspremont Castagniers Colomars de Décembre 1992 édition Serre Les Régionales p 221 ».
Le bâtiment bien dégradé (10 mx6 m) a perdu sa toiture mais est encore debout et il a conservé intacte sa cheminée aux dimensions impressionnantes (environ 2 m de diamètre à la base et une hauteur de 8 m environ.
Aucun vestige de machinerie n’a été retrouvé, alors qu’elle devait être conséquente pour élever l’eau à une si grande hauteur.
Seules restent en place des barres de fer verticales qui devaient servir de fixations.
On aperçoit encore le départ de la canalisation de refoulement dont il reste une longueur d’un mètre fixé sur le mur est.
La présence d’une cheminée aussi importante pouvait signifier que la force de la vapeur était à l’origine de la mécanisation de cette station en l’absence de réseau électrique.
Détails techniques sur la station de pompage
Des recherches effectuées il ressort que cette station de pompage créée en 1882 était une prouesse technique dont voici l’histoire et les principales caractéristiques techniques qui ont fait l’objet d’un article complet dans:
« LE BULLETIN TECHNOLOGIQUE DE LÀ SOCIÉTÉ DES ANCIENS ÉLÉVES DES ÉCOLES NATIONALES D'ARTS ET MÉTIERS Janvier 1886. — N° 1 »
Il a fallu tout d’abord choisir la provenance des eaux qui devaient avoir un débit suffisant pour couvrir les besoins estimés à 40 m3 pendant les travaux et un peu moins pour les besoins journaliers du fort.
Deux solutions étaient possibles : soit le canal de la Vésubie, soit le Magnan, ce dernier fut choisi pour limiter la longueur de la conduite ainsi que la hauteur de refoulement (246m contre 336m soit 90m de moins pour le Magnan).
Son débit minimum constaté étant de 54 m3 par jour à l’emplacement prévu pour la prise d’eau, elle s’avérait être la meilleure solution (planches XII-XII).
Le débit était néanmoins insuffisant pour l’installation d’une turbine, remplacée par une machine motrice à vapeur (système A. Duvergier) alimentée par une chaudière chauffée au charbon.
Ce projet avec une hauteur de refoulement (530m) et une longueur développée de la conduite (1330m, et 1432m effective) fut accueillie avec scepticisme par la plupart des spécialistes mais le concepteur ( M.Dumontant ingénieur Arts et Métiers) croyait en son projet.
Celui-ci choisit d’employer une pompe à effets multiples composée de 7 corps de pompe (en bronze) pour assurer un refoulement régulier et continu (ils seront disposés sur les rayons d’un cercle à distance égale (planches XV, XVI et XVII).
La conduite en fer, préférée à la fonte d’un diamètre extérieur de 40 mm, était enterrée à une profondeur de 0,50m à 0,80m et avait une épaisseur de métal passant de 6,5 mm au plus bas à 4,5 mm au plus haut de la conduite et devait supporter une pression de 58 atmosphères (58,7 bars).
Les travaux terminés, les essais qui furent concluants, eurent lieu le 2 Novembre 1885.
Cette réalisation remarquable fait écrire à l’auteur de cet article (A. OLLIER) « nous ne croyons pas que les eaux aient été élevées jusqu’ici à une si grande hauteur, le cas ne s’est jamais présenté »
Il est regrettable qu’une telle réalisation maintenant entièrement détruite n’ait pu être conservée en l’état.
Pour des précisions techniques complètes voir le site :
https://patrimoine.ensam.eu/viewer/1335/?offset=#page=280&viewer=picture&o=download&n=0&q=
Pour des détails sur le fort lui-même voir :
http://fortiffsere.fr/nice/index_fichiers/Page1458.htm