Photos Henri Guigues
D’après Luc Thévenon, les travaux ayant abouti à établir un collatéral au sud de la nef romane ont été exécutés entre 1517 et 1520.
Il s’est intéressé à l’inscription gothique qui se trouve sur le petit chapiteau de la deuxième colonne à droite face à l’entrée.
Cette inscription est en très bon état et la gravure est nette. Les chiffres, lettres et signes sont en relief sur un fond en dépouille, et l’ensemble est bien lisible car à hauteur d’homme. Les signes sont gravés dans deux cartouches
Dans le cartouche de gauche on peut lire :
1 : D : 20
Soit 1520, date qui correspond à la fin de la restauration et de l’agrandissement. L’emploi du D est très rare car on voit classiquement jusqu’à 5 « C » dans les inscriptions gothiques (voir dossier Internet datations gothiques gravées, pour signifier 500
Au XVI ème siècle l’emploi des chiffres arabes semble de plus en plus courant.
Par ailleurs le mélange de chiffres latins et arabes est rare mais il y a des exemples (voir dossier Internet: inscriptions de la Tour et Tournefort), et également en Bretagne.
C’est curieux car il aurait été plus simple de graver un « 5 », mais les gravures anciennes sont pleines de fantaisie. Il y a des signes « : » de séparation entre 1 et le D et entre le D et le 20. Ces signes isolant le D ne seraient pas justifiés si la date était 1420. Sur une feuille affichée dans l’église c’est la date 1420 qui est mentionnée, mais d’après ce qui précède cette date ne serait donc pas à retenir.
Il y a eu également une mode pour dissimuler des dates dans des textes. Il s'agit de chronogrammes (voir définition et exemples sur Internet) dans lesquels certaines lettres latines du texte sont plus grandes et donnent la date
Dans le cartouche de droite on voit :
: M. Mo : lonbart :
Le M est surmonté d’une sorte de tilde.
Le premier « M » pourrait être l’abréviation de « massoun » ou « masson » « ou muraire » très anciens termes provençaux ou éventuellement « muratore » dans la mesure où ce mot italien existait à cette époque, la tilde marquant qu’il s’agit d’une abréviation.
Le « M » suivi du petit « O » signifie Maestro, comme dans l’inscription de Sospel « voir dossier Internet: signature gravée de Sospel. En provençal ce serait « maestre » mais Sigale étant à la limite du Comté de Nice et de la Provence mais côté Comté, il a pu y avoir mélange d’italien et de provençal
Après les deux points le mot « Lonbart » est peut être le nom du maçon sculpteur. Mais la signature des œuvres est rare à cette époque.
Dans Nice Historique N°4 Oct Nov 2008 page 320, Luc Thévenon avance l’hypothèse « Moi Maître Lonbart », ce qui peut sembler un excès de personnalisation pour l’époque.
Maestro (pour magister) ne peut dans ce cas être le commanditaire de l’œuvre car il y avait trois consuls responsables à l’époque et leurs trois noms auraient dû figurer (comme sur les gravures de la fontaine) suivant la remarque de Michel Orcel qui pense ainsi que Luc Thévenon que Lonbart pourrait être un nom générique signifiant originaire de Lombardie.
En ce qui concerne l’orthographe de Lonbart, le « n » avant le « b » bien qu’il ne soit probablement pas intentionnel, correspond à l’origine du nom « longo bardo » pour longue hallebarde, mais le « t » n’est pas justifié sauf le fait que c'est une dentale
Bibliographie
Orcel Michel - De quelques recherches touchant à l’histoire et aux institutions de Sigale – Nice Historique oct Nov 2008
PCAM – Patrimoine des communes des Alpes Maritimes – éditions Flohic 2000
Thévenon Luc, conservateur en chef du Patrimoine honoraire