Photos Jacky Sarale Mise à jour avril 2013
La gravure de la pierre du milieu est plus difficile à lire. Elle a peut être été martelée.
Pierre Domerego de Sospel qui les a signalées, a pensé qu’elles pouvaient représenter des tabliers de franc-maçon mais elles pourraient cependant aussi être liées à la profession des tisserands qui représentaient une corporation active.
Cependant les enseignes d’artisans gravées au Moyen Age étaient en principe assez simples et parlantes avec le symbole d’un instrument représentatif de la profession. Mais nous sommes ici en présence d’une sculpture fine et sophistiquée.
Si on examine ces pierres retournées on voit :
Sur la pierre de droite une sorte de visage la tête à droite avec ce qui ressemble à un casque, le tout dans un cercle lui-même entouré de motifs géométriques à aspect floral. Le bas de la gravure est arrondi. La plate bande extérieure est décorée par un motif en sinusoide. Dans le centre des spirales il semble y avoir un motif particulier.
Sur la pierre du centre le bas du motif est également arrondi mais la pierre est en mauvais état
Sur la pierre de gauche le bas est en accolade. Le motif de décoration est également floral à partir d’un tronc commun. Dans les quatre spirales on croit distinguer un motif particulier.
Le tronc fait-il allusion au tronc de Jessé, ou à l’arbre de la connaissance ?
Il semble que les trois pierres ont été mises sciemment à l’envers.
Il serait intéressant de connaître la date de construction de la maison pour situer la date de réemploi des pierres quoique en dessous des pierres le mortier ait l’air différent de celui de la façade, suggérant peut être une inclusion des pierres postérieure à la construction de la maison et provenant peut être d’’ailleurs.
Les franc-maçons à Sospel
Dans son ouvrage, Y. Hivert Messéca () note :
« Le pays niçois au XVIIIème siècle est marqué par les Lumières. La seule académie du Comté dite degli occupati fondée à Sospel en 1702 est peu novatrice »
« Notons que (vers 1808) ni Puget Théniers, ni San Remo, chefs lieux d’arrondissement, ni Sospel, communes toutes trois plus peuplées que Monaco ne posséderont de loge maçonnique »
Cependant, dans son ouvrage, Y. Hivert Messéca, cite comme faisant partie de l’Orient de Nice en 1792, le comte André Alberti de Villeneuve.
Les Alberti représentaient une famille importante de Sospel.
G. Casalis donne une liste des Alberti avec leurs activités et de femmes liées aux Alberti.
Voir à ce sujet: Sospel selon Casalis en préparation
Il serait intéressant de voir si le comte André se rattache à une de ces familles.
Dans « le Théâtre à Nice sous la Révolution et l’Empire on trouve dans la société des quarante un Charles André Alberti.
Par ailleurs Antoine Cairaschi () cite dans sa généalogie Charles Joseph Alberti mort en 1823, frère de l’abbé François. Serait-ce le même avec une partie du prénom différent ?
Accademia degli occupati
Plusieurs ouvrages ont été consacrés à cette académie.
Robert Latouche, lors du Congrès des Sociétés Savantes du 18 avril 1925 à Paris, cité par le Centre d’Etudes du Patrimoine et de l’Histoire de Sospel, indique que cette académie comptait 140 membres qui habitaient la région niçoise mais également Avignon Valence Turin Naples Palerme.
Le rôle de l’Académie était la divulgation des idées politiques, littéraires, scientifiques au XVIIIème siècle
Il semble que la propagation des idées maçonnes ait commencé à se faire dans la Comté au moment de la présence des officiers français lors de la guerre de succession d’Autriche 1740-1748.
Notons par ailleurs qu’Avignon était un centre maçonnique
A la Révolution le phénomène s’est accéléré dans le Comté de Nice et l’on peut citer notamment parmi les Maçons le futur maréchal Masséna, le général Garnier, le futur marquis Peyre de Chateauneuf, Joseph Renaud de Falicon
Cette dernière famille possédait des propriétés à Sospel. Dans son livre () Simonetta Tombaccini écrit page 107 :
« Parmi ces biens éparpillés dans toutes les contrées de la Province, on dénombrait des champs labourables, des vignobles, des oliveraies, des forêts et des bandites, à savoir de vastes étendues, en friche, vouées au pâturage des troupeaux. Les noms les plus prestigieux de la noblesse niçoise en avaient…. les Renaud de Falicon et les Milon de Peillon et de Verraillon à Sospel. Ils les avaient acquises au cours du XVIIème et XVIIIème siècle, parfois à un seigneur en difficulté, le plus souvent aux Communautés endettées et transmises de père en fils, jusqu’aux spoliations révolutionnaires et au-delà, grâce à la médiation d’amis providentiels, tels la baron Milonis qui, en l’an XI, avait racheté la bandite « Bassera » de Sospel afin de seconder le comte Joseph-René Renaud de Falicon ».
Il y aurait donc bien eu des franc-maçons en relation avec Sospel au début du XVIIIème siècle.
Mais il faudrait également retrouver des archives relatives aux tisserands
Voir aussi: genealogie_falicon_000
Bibliographie
Hivert Messéca Y - La maçonnerie dans le département des Alpes Maritimes
Cairaschi Antoine Généalogie des Alberti – Nice Historique 1999
Tombaccini Simonetta - la vie de la noblesse niçoise – éditions Academia Nissarda