SAORGE 06540 - DEFENSES DU SITE
Mise à jour octobre 2014
L’histoire militaire du village et des péripéties annexes qui l’ont concerné, ont été racontées dans de nombreux ouvrages, et notamment par Ernest Hidesheimer () page 61 et suivantes, Philippe Cachiardi de Montfleury () page 97 et suivantes, René Diana (), page 81 et suivantes, sans oublier les saorgiens François Gaziello () et Joseph Cabagno. Un fils de ce vieux pays, Charles Botton (), relate entre autres, l’évolution de ces fortifications au cours des siècles.
La prise de Saorge en 1794 a également fait l’objet d’un article de Michel Bourrier () dans la revue le Haut Pays
Il apparaît que ce verrou dans la Roya constituait une très bonne défense du village contre des attaques venant de la vallée, et aussi une assez bonne défense avancée du col de Tende. Cependant le débouché du col de Raus dans le vallon de Caïros permettait de remonter la vallée de la Roya en passant en amont du village. Le bas de la vallée à Ambo, était néanmoins tenu sous le feu des canons du château Saint Georges et de ses annexes.
L’emplacement du col de Raus a été de tous temps hautement stratégique car il contrôlait le passage de la vallée de la Roya dans celle de la Vésubie. Cet emplacement était meilleur que celui un peu plus au sud de la Baisse de Saint Véran qu’il dominait. Des fortifications sont visibles sur les cartes de Bourcet au milieu du XVIIIème siècle et des combats s’y sont déroulés pendant la guerre de la Révolution à partir de 1793.
Cependant, il est apparu très tôt que le village de Saorge était mal protégé contre des attaques venant de la montagne à partir notamment de la vallée de la Nervia et des cols situés à l’est du village, qui supposaient le passage par les territoires de la République de Gênes. C’est ainsi que le village a été pris par les Français en 1794. On peut noter que Pigna et Rochetta appartenaient à la maison de Savoie
Ce château dominait le château Saint Georges qu’il a précédé sur la même arête à l’emplacement d’un collet donnant accès à la porte haute du village, et comporte une tour, peut être à gorge ouverte, contrôlant cette porte. On y voit encore les murs des remparts, Des habitations à proximité ont peut être réutilisé des matériaux provenant de ce château
C’est l’ouvrage principal situé sur une arête au nord du village. Il a été décrit dans divers ouvrages.
F. Gaziello () a repris des textes anciens. Il cite dans un article le texte en italien d’un témoin oculaire relatant les conditions de la reddition de la forteresse en 1794, le conseil de guerre qui a précédé l’abandon par le colonel Saint Amour, le procès et la condamnation de celui-ci à Turin. Cette question a été traitée également par Ch. Botton dans l’ouvrage cité.
Dans son livre, page 121, figure un plan dressé par l’ingénieur militaire Niquet en 1694, AHAT, et un plan d’ensemble des remparts levé par Lozières d’Astier page 123, AHAT
Un essai de reconstitution a été effectué par Marcel Cordier dans un article sur Saorge Français extrait du livre de Charles Botton et Jean Gaber () page 122.
L’accès aux ruines du château est actuellement interdit et dangereux
Le château ne pouvait défendre que partiellement le bas du vallon de Cairos. Ch. Botton indique qu’il y avait cependant une ouverture pour une fenêtre de tir entre Saint Roch et le bois de Mairisetté
A Fontan, au 45 de la route nationale une plaque rappelle que la maison a été occupée par l’Etat Major austro-sarde, en 1793, quand il s’y est replié en abandonnant la Giandola.
Une partie de ces défenses est notée sur un plan attaché à un article de R. Diana () page 80 et 81 et qui aurait été obtenu aux archives de la guerre par M. Gabagno. Elles figurent aussi sur un plan du début du XVIII° obtenu par C. Botton auprès du service géographique de l’Armée Italienne. |
Repère 1 - Forche d’Eza
Repère 2 – Secteur de la Madonne del Poggio
Repère 3 – mur le long du chemin
Repère 4 - Le Fortin
Repère 5 – Croupe de la chapelle Sainte Croix
Repère 6 - Plateau de
Repère 7 – Ligne de crête de Peyramont baisse de Cachin
Repère 8 – Château Saint Georges
Repère 9 - Château de Salles
Repère 10 – positions supposées
Malheureusement cette tour qui avait résisté aux injures du temps pendant des siècles, a été décapitée en 2009 par des blocs de rochers qui se sont éboulés.
Elle se trouvait au nord du château des Salines sur l’ancien chemin du col de Tende qu’elle contrôlait sur une arête en face du vallon de Cairos. Une prospection effectuée en septembre 2007 n’a permis de voir qu’une petite plateforme et un muret mais les rochers environnants étaient suffisants pour une défense naturelle de ce qui devait être surtout un point d’observation et de contrôle. Une question se pose sur ce nom de Saint Antonin.
Selon Charles Botton, il n’y avait pas de chapelle dans le premier cimetière, bâti sous la période française de 1794 à 1814. Une chapelle a été édifiée, vers 1934, quand la municipalité Claude Botton, a fait construire le nouveau cimetière.
Il est possible qu’une chapelle, pour faire ses dévotions avant d’entreprendre un voyage dangereux, ait été bâtie dans ce quartier où passait l’Iter publicum avant d’entreprendre la descente pour atteindre la Tourette. Le village de Fontan n’existait pas, il n’a été bâti qu’après la construction du Grand chemin ducal.
Donc soit le plan du Ministère de la Guerre est inexact en ce qui concerne la dénomination de la redoute, soit son emplacement était à l’endroit du cimetière.
Un rapport de 1882 du colonel Wagner () page 15 signale « le long du mur du cimetière on voit encore les traces des embrasures d’une batterie de 4 pièces et au dessus du mamelon il existe des vestiges de fortification. »
Dans le cimetière, côté Roya on peut voir contre le mur de clôture un petit local servant de dépôt qui pouvait avoir une destination d’observatoire mais d’époque peut être assez récente
Elle se trouvait en contrebas de la précédente sur le chemin descendant à Ambo face au vallon de Cairos, au droit d’un collet. A cet endroit qui en 2007 sert d’atelier de menuiserie, on peut observer sur le côté droit de la chapelle Saint Roch des meurtrières. Les lieux auraient été remaniés sur les instructions de Vauban.
Sur ce promontoire on remarque deux petits postes d’observation en fer à cheval en pierres sèches de 40 cm de haut environ dirigés vers l’amont de la Roya . |
On voit aussi des murs fortifiés le long du chemin en aval de la borne 427 où se trouve un casoun et des restanques correspondant à un petit terroir. Cette position permettait un contrôle du confluent et pouvait communiquer facilement avec la chapelle Saint Roch
Elle se trouvait au Sud-Est du village sur un promontoire dominant le confluent de la Roya et de la Bendola ; ce promontoire étant l’extrémité de l’arête où se trouve la Madone del Poggio.
Cette redoute avait disparu en grande partie de la mémoire collective mais elle a été retrouvée et décrite, avec plans et photos par J.M. Cordier et R. Barbès dans la revue "le haut Pays" () N° 68, et sur Internet : redoute de forche d'Eza saorge
Elle figure d’ailleurs sur le plan du ministère de la guerre à l’ouest de la Madone del Poggio.
Plateformes Est de Saorge Elles dominent le village et ont été sommairement aménagées voir plans |
Plateforme sur l’ancien chemin de Saorge
Il se trouve au dessus du monastère sur un promontoire où se trouve une maison (P) x= 1018.717, y=3200.419, z=579. |
Sa position offre de très belles vues sur la rive gauche du vallon de l’Oeunguiron et sur la croupe entre celui–ci et le vallon de la Coupéra
A cet endroit pouvait être implantée de l’artillerie. De cet emplacement on domine le chemin fortifié décrit ci-dessous.
Quand on emprunte le chemin qui à partir de la borne 161 se dirige vers le pont de Baoussoun, Il est dominé et contrôlé par le fortin.
Note : Les jardins des notables étaient protégés par des murs d’enceinte afin d’éviter le maraudage des légumes
Le pont de Baoussoun
Photos Jacky Sarale
La Bendola pouvait être traversée difficilement à gué pour des tropues venant de Breil par le Mont Jove
Dans le cartouche ont été gravés les mots suivants:
COMMUNE
DI SAORGIO
1833
SINDACO
COMTE CORVESY
La cote 725
Cet emplacement x= 1019.20 ; y=3201.025 ; z=725 est excellent comme point d’observation au moins. Il a de très bonnes vues sur la vallée notamment le secteur de la chapelle saint Croix. Sur place on ne voit pas de trace de fortifications mais une arête naturelle pouvait suffire pour se protéger.
La cote 545
X=1019.040 y=3200.64 ; z=545 A l'ouest du vallon de Coupère |
On voit des restes de maçonnerie en pierre sèche, mais qui ne sont pas significatifs. Le point avait de très bonnes vues à la fois vers la croupe de la chapelle Sainte Croix et le Monastère
La croupe de la chapelle saint Croix.
On voit des murets sur l’arête en contrebas entre les points : x= 1019.454 ; y= 3200.737, z=681, et le point x=1019.415 ; y=3200.477 ; z=641
Photos Jacky Sarale Raoul Barbès
" Les extrémités des contreforts descendant sur la Bendola sont occupées par des maisons que l'on pouvait organiser pour la défense. Celles que l'on y voit aujourd'hui sont presque toutes crénelées. Le gouvernement piémontais a obtenu ce résultat en payant une certaine somme par créneau aux propriétaires ou aux constructeurs"
Un peu en contrebas des granges ruinées citées ci-dessus, se trouve la « tour du Pailla », qui aurait pu faire partie des ouvrages de la Bendola
On peut voir aussi des meurtrières sur les deux maisons en ruine au bord du chemin de Saorge un peu avant d’arriver à la chapelle Sainte Croix
Peyremont
Mont Peyremont. Cette enceinte peut-être celto-ligure a été remaniée au 18ème siècle : Voir Brétaudeau () page 526 et planche 473. C’est peut-être de cette position dont parle Wagner () en page 56, comme surveillant les chemins descendant de l’Anan.
Voir dossier Internet
(P) x= 1018.530, y=3201.407, z=921
Elle a été décrite par G. Brétaudeau (), page 526 sous le nom de « Enceinte nord de la cote 924 de Peyremont ou Peiremont » qu’il a qualifié : « d’enceinte agro pastorale ou pastorale, dont la partie supérieure a été remaniée au XVIIIème siècle ».
En fait dans la partie supérieure on n’observe pas de gros blocs et les murs ont une épaisseur de 80 centimètres environ ce qui correspond à beaucoup de murs de défense militaires en pierre sèche du XVIIIème siècle. Par ailleurs la partie au nord ouest de la position a été laissée sans protection.
Ceci incite à penser que cette partie supérieure ne date peut-être que du XVIIIème siècle.
D’autre part on peut observer au sud est du site au-delà du fossé un mur grossièrement construit, non signalé précédemment, en angle, destiné à une protection avancée.
(P) x=1018.570, y=3201.463, z=926
Cet ensemble constituant vraisemblablement un point de contrôle du passage constitué par la Baisse de Cachin avec une défense orientée vers le sud est c'est-à-dire du côté de la Bendola.
De part et d’autre du sommet de la cote 1049 au nord du col de Peyremont on peut observer deux positions individuelles ;
Celle située au nord, a une surface de 10m2 environ en pierres sèches de 80 centimètres de haut environ avec une meurtrière, l’ensemble pour une défense vers la Bendola. (P) x=1019.741, y=3201.924, z=1032
Celle située au sud du sommet est un peu plus grande. Elle est orientée pour une défense vers le nord et le nord est.
(P) x= 1019.751, y=3201.943, z=1041.
Tout cet ensemble a pu être réoccupé par les maquisards pendant la seconde guerre mondiale
Le château de Mallemort
Charles Botton () l'a mentionné dans son ouvrage pages 22 et 23 et livre un extrait du texte de Wagner ().
Edmond Rossi le cite () page 97.
Conclusion
Tout autour de Saorge on observe donc un certain nombre de positions militaires mais il n’a pas été remarqué de fortifications lourdes dans la vallée de la Bendola qui était pourtant le point faible de la défense
Botton Charles – Histoire de Saorge et de Fontan – éditions du Cabri 2009
Bourrier Michel, La prise de Saorge, le Haut pays N° 28, 1994
Cachiardi de Montfleury Philippe – Bonaparte à Breil et la prise de Saorge – Nice Historique 1969
Compan André, Nice Matin du 22 juillet 2007
Cordier Jean Marcel et Barbès Raoul – Le Haut Pays N° 68 Avril 2007
Diana Robert – le Chevalier de Saint Amour – Nice Historique 1976
Gaziello François. Histoire de Saorge. Imprimerie Peirotti. 1977.
Gaziello François - divers articles parus dans Nice Historique
Hildesheimer Ernest - Le passé militaire de Saorge - Nice Historique N° 150, 1959
Noaro Pietro Institut International d’Etudes Ligures – Relazione sulle fortificazione di Dolceacqua
Rossi Edmond - les châteaux du Moyen Age en pays d'Azur - éditions Alandis 2003
Wagner E. (Capitaine) – Mémoire sur la reconnaissance des hauteurs entre la Vésubie et la Roya occupées par les armées française et austro-sarde en 1792, 1793 et 1794, documents du SHAT Paris
Voir aussi les dossiers Internet: