Le site d'incinération des déchets de l'Ariane 06300 Nice
Etude Jacky Sarale
Mise à jour février 2024
De gauche à droite Vue générale Plan Coupe |
De gauche à droite: alimentation des foyers Salle de déversement |
De gauche à droite: Galerie des foyers machine à vapeur et alternateur Wagonnets de décrassage |
Dès la fin de la Grande Guerre le problème des déchets d'ordures ménagères de la ville fut une des préoccupations majeures de la municipalité niçoise (voir les extraits du journal le Petit Niçois)
En effet l'augmentation constante des ordures ménagères par foyer ne cessait de s’accroitre ainsi que leur nombre du fait de l'augmentation de la population citadine et plus tard dans les années 1920 de l'afflux des touristes
Une première solution consistait à s'en débarrasser par une décharge située dans ce même quartier au bord du Paillon. Elle s’avéra rapidement inappropriée.
Une initiative privée apportait un commencement de règlement en construisant une usine de traitement dans laquelle étaient triés les déchets et récupéré ce qui
pouvait être revalorisé, le reste étant brûlé dans 3 fours capable de traiter 100 tonnes par jour la vapeur produite permettait la fabrication de l'électricité nécessaire au fonctionnement. Cette première usine vit le jour en 1923
Elle s'avéra rapidement incapable de fonctionner et de traiter les déchets
En juillet 1929 après que la commission spéciale désignée pour étudier la question eut visité de nombreuses installations de traitement et d’incinération d’ordures ménagères en France et à l’étranger, la ville de Nice confia à la Société Camia de Paris le soin de remettre en bon état de fonctionnement la petite usine d’incinération déjà installée et de construire une nouvelle usine moderne et définitive (qui sera créée en 1931), capable d’assurer en toute occurrence et pour de nombreuses années la destruction complète par le feu de toutes les ordures ménagères de la ville.
Elle fonctionnera jusqu'au début des années 60 avant d'être remplacée par l'usine actuelle
En voici les caractéristiques essentielles tirées d’un document édité à l’époque par la municipalité.
« Elle comporte trois batteries de trois fours du système Brechot type de ceux employés dans les usines de la ville de Paris
La puissance de destruction de l’usine est de 15 tonnes à l’heure c’est-à-dire que s’il elle est exploitée d’une façon continue elle peut permettre l’incinération quotidienne de 360 tonnes d’ordures ménagères sans préjudice de l’appoint appréciable de 100 tonnes de destruction journalière dont est capable l’ancienne installation. (il faut préciser que l’usine fonctionnait 24h/24h par roulement de 3 équipes)
A chaque batterie de 3 fours est accouplée une chaudière en vue de récupérer par production de vapeur les calories dégagées par la combustion
L’usine se complète d'un groupe électrogène de 420 kilowatts capable d'assurer la production de toute l'énergie nécessaire au fonctionnement de l'usine et de ses annexes
Un excédent important de vapeur sera ultérieurement utilisé soit pour la production d'un supplément d'énergie électrique soit pour le chauffage industriel ou privé des établissements voisins
Notons ici qu’en ce qui concerne les mâchefers qui proviennent de la combustion il était prévu un large terrain d’épandage pour parer à toute éventualité mais il était inscrit au programme des prochaines réalisations d’installer un atelier de préparation de mâchefer pour écouler la majeure partie de ceux-ci vers les utilisations diverses telles que la fabrication de briques et parpaings, le revêtement de chemins et de routes
Les camions à bennes basculantes qui amènent les ordures à l’usine entrent d’abord dans un hall de déversement.
Cette salle qui longe la fosse-silo où s'accumuleront les ordures de la journée est complètement close c'est donc dans un espace isolé de l'extérieur que les camions d'ordures se videront par basculage
Les ordures accumulées ainsi dans la fosse aux heures de collecte sont reprises tout le long de la journée par des bennes preneuses accrochées à des ponts roulants qui sont manœuvrés à distance et de l’extérieur; les ouvriers surveillent le fonctionnement des bennes à travers un vitrage et sont complètement isolés de l’atmosphère de la fosse à ordures et du hall de chargement dans les fours qui constituent une vaste salle close où aucun ouvrier ne pénètre
Les ordures sont ainsi amenées directement aux trémies d’enfournement des foyers sans aucun contact avec les ouvriers et sans qu’aucune poussière puisse s’égarer à l’extérieur
Des trémies, elles tombent directement dans les fours sans avoir subi aucun triage préalable ; elles séjournent tout d'abord sur une sole de séchage et sont progressivement tirées dans le foyer proprement dit par le chauffeur qui pour chaque batterie surveille les feux .
Les foyers sont composés de corbeilles rotatives à doubles parois entre lesquelles circule l'air comburant qui se réchauffe ainsi avant d'alimenter la combustion proprement dite et qui en même temps refroidit les parois de fonte de la corbeille-foyer pour empêcher l'adhérence des mâchefers
Les mâchefers s'accumulent dans la corbeille du foyer l'air soufflé au travers des trous de la grille qui forment le fond de la corbeille traverse obligatoirement les mâchefers en ignition et voit sa température atteindre plusieurs centaines de degrés avant qu'il n’accède aux ordures proprement dites dont ils assurent ainsi la combustion complète en toutes saisons et sans addition d’aucun combustible étranger
Les mâchefers ainsi formés séjournent dans les corbeilles pendant une ou plusieurs heures suivant les saisons et ne sont expulsés qu’alors que leur épaisseur atteint la hauteur même du foyer. Cette expulsion se fait mécaniquement grâce à la commande automatique des corbeilles qui impriment à celle-ci une rotation complète en moins d’une demi-minute
Les mâchefers tombent dans un wagonnet placé précisément sous le foyer en défournement. Ce wagonnet circule dans une galerie parfaitement close hors la présence des ouvriers et sa manœuvre électrique est commander du plancher de chauffe à l’étage supérieur
Les mâchefers sont ensuite amenés automatiquement à une station de broyage et d’extinction située dans la galerie même et les vapeurs produites par l’aspersion sont évacuées par une cheminée spéciale dans laquelle tombe une pluie d’eau pour capter toutes les poussières susceptibles d’être dégagées par l’opération
Les gaz dégagés par la combustion traversent les faisceaux tubulaires des générateurs déjà signalés et ils sont évacués dans l’atmosphère après avoir subi une filtrage mécanique cela pour les débarrasser de toutes les poussières entraînées.
La cheminée expulse ainsi dans l’atmosphère des gaz complètement brûlés qui se manifestent par un panache blanc en raison de la condensation de l'énorme quantité de vapeur d'eau qu'ils contiennent et pratiquement débarrassés de toutes les particules solides qu'ils ont pu entraîner au début de leur trajet
Dotée de tous les perfectionnements que les usines de Toulouse, de Biarritz, de Villeurbanne notamment avaient permis déjà de mettre en pratique a répondu à tous les espoirs qu’on avait fondés sur elle. Par la belle ligne de ses bâtiments par les hauts rendements de ses appareils par sa parfaite propreté elle est vraiment digne de la ville élégante à la renommée mondiale qui en a permis la réalisation
La ville de Nice à confié à la Société Camia non seulement la construction de l’usine en question mais encore son exploitation et elle se propose comme on l’a vu d’étudier en même temps que l’utilisation des mâchefers celle de la vapeur sous pression produite par les chaudières
Quoi qu’il en soit le problème de la destination dernière des ordures ménagères de Nice est ainsi résolu
Les remerciements doivent à ce sujet être adressés à tout le Conseil municipal de la ville de Nice en particulier à son Maire Monsieur Jean Médecin et aux services municipaux qui ont facilité les études et la réalisation du projet
Janvier 1931 »
Voir aussi
http://www.archeo-alpi-maritimi.com/questiondesgadoues.php