MEURTRIERES A REDANS
                                                                                                          

Mise à jour juillet 2016

Dans les forteresses modernes en béton comme celles de la ligne Maginot, Mur de l’Atlantique, ligne Siegfried, Vallo Alpino ou autres, les meurtrières sont systématiquement à redans, dans le sens vertical et horizontal. Ce système permet, en cas de tir direct contre la meurtrière de disperser les éclats et non de les canaliser vers le centre.

Dans les forteresses antérieures en pierre cette pratique est assez rare.

Dans les archères des constructions du Moyen Age, on peut observer en général des ouvertures avec ébrasement vers l’intérieur ou vers l’extérieur à parois lisses. De même les meurtrières des forteresses ultérieures étaient presque toujours avec ébrasement vers l’extérieur et à parois lisses, présentant ainsi le risque que les éclats d’un coup au but soient canalisés vers le centre.

Or le principe des redans a cependant été appliqué dans certains cas dès le Moyen Age.

 

Fortifications du Moyen Age

 

Eze 06360

 La porte du village comporte une meurtrière pour une pièce d'artillerie. La partie inférieure est à redans certes très patinés et émoussés mais bien visibles

 

Villeneuve Loubet 06270

 

Plusieurs meurtrières ou canonnières à redans peuvent être observées dans les remparts de ce château

Notamment celle qui se trouve au centre de la courtine sud ouest et les deux qui se trouvent en flanquement sur les deux tours qui ferment la courtine.

Egalement deux meurtrières à redans ont été exécutées en flanquement du pont levis.  

Cette partie du château daterait du XIVème siècle.

Des restaurations ont probablement été faites depuis la construction. Au dessus des meurtrières on voit des arcs qui sont peut-être des arcs de décharge

 

Roquebrune Cap Martin 06190

 

Dans le château on observe plusieurs types de meurtrières dont au moins une du côté nord-ouest, le plus exposé aux tirs rapprochés

Sainte Jalle 26110

 

La porte haute du village près du château comporte quatre meurtrières à redans de style légèrement différents dont une en deux parties.

 

Sarlat la Caneda 24200

Au moins une des tours d’enceinte côté sud comporte une meurtrière à redans

 

Salzbourg Autriche

Un ancien bastion de la vieille ville le long de la Salzach comporte aussi ce genre de principe

Fortifications du XIXème siècle

 

Le principe a été appliqué dans certaines fortifications après la réunion du Comté de Nice à la France en 1860, comme par exemple dans les falaises fortifiées de la Mescla dans la basse Tinée, à la position de Bauma Negra où l’on voit une fenêtre de tir avec des redans horizontaux taillés dans le rocher pour augmenter le débattement vertical .

Fort du Barbonnet

photos Marc Edinger

Il y a aussi des meurtrières à redans au fort du Barbonnet à Sospel 06380

 

Etudes Malchair    fortssdr@scarlet.be

Luc Malchair et ses collègues se sont  particulièrement intéressés aux fortifications entre 1874  et 1914. Il indique en ce qui concerne le présent sujet : « Effectivement, les meurtrières à redans sont assez rares dans la fortification Séré de Rivières, mais aussi Brialmont. Je dois faire des recherches dans ma bibliothèque pour confirmer ou infirmer ce constat dans la fortification des Pays-Bas et d'Allemagne au XIXè siècle.

 

Dans les forts Séré de Rivières, généralement, c'est le seuil de l'embrasure qui, seul, possède des redans. On rencontre cela sporadiquement dans les forts de Paris, mais aussi (de mémoire) à Albertville et à Lille, sans que ce soit systématique. Cela concerne toujours des créneaux de galerie flanquante, soit de face de caponnière, soit d'escarpe. Parfois, les blockhaus de montagne ont aussi des embrasures à redans (à Briançon notamment)

 

Toujours de mémoire ; dans le seul fort du Verdon, les embrasures extérieures (côté contrescarpe) des flancs des caponnières ont des redans à leur base et à leur gauche (ou leur droite selon l'orientation du flanc).

 

Pour trouver des embrasures ayant des redans sur tout leur périmètre, il faut attendre les ouvrages ou renforcements en béton dans lesquels, tout aussi rarement néanmoins (Ecrouves et Vieux Canton à Toul) on peut en repérer ici et là.

Même dans les forts les plus récents -1914 s'entend-  (Vacherauville, Mont Rudolphe,...) on n'en trouve pas.

 

Le capitaine Pamart en prévoira dans ses cloches du type 2, mais pas dans le type 1. Nous sommes déjà en 1917.

 

Cependant, l'origine de tels redans remonte au moins à Vauban qui, dans ses transformations du bastion de la Reine de la citadelle de Verdun (érigée sous Erard) a fait concevoir des embrasures avec des redans latéraux (donc verticaux).

 

 Je ne possède hélas pas les directives générales de construction édictées en mai 1874, mais gageons que si ce type avait été plébiscité, il y aurait eu beaucoup plus de concrétisation par les différentes chefferies du génie que ce que le terrain nous permet de voir aujourd'hui »

Conclusion

On peut se demander si jusqu’à la fin du XIXème siècle le système n’a pas été surtout appliqué dans les meurtrières de flanquement plus susceptibles de recevoir des coups au but