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Simon le Magicien

LES MYTHES

Mise à jour juin 2016

Ce dossier comprend l'étude de cinq mythes:

Le mythe de la sirène

Le mythe du bélier

Le mythe de la spirale

Le mythe des têtes humaines

Le mythe du svastika


LE MYTHE DE LA SIRENE

 

Généralités

On trouve des représentations de sirènes au Moyen Age aussi bien sur des bâtiments civils que religieux notamment dans les motifs des chapiteaux, la signification étant différente selon les cas, indication de lieu de plaisir ou incitation à s’éloigner du pêché.

On peut parler aussi de dualité de la nature humaine: bien-mal, raison-instinct, ou d'un symbole de féminité et fertilité.

 

Cette représentation s’est prolongée assez tard vraisemblablement jusqu’au XVIIIème siècle d’après les exemples observés, peut être avec un glissement de la symbolique, et même plus tard  puisque le MUCEM de Marseille expose une sculpture de sirène exécutée en Extrême Orient au XIXème siècle.

On peut citer également en Grande Bretagne à la même époque le tableau de John William Waterhouse "Ulysse et les sirènes" où l'on peut voir des sirènes ailées suivant la tradition antique, ainsi que les travaux de Arnold Brocklin.

Les lamantins sont liés aux légendes des sirènes.

Le chant des lamantins serait comparé à une lamentation. Les glandes mammaires des femelles  qui s'hypertrophient à l'allaitement ont pu faire fantasmer les marins sur des seins de sirènes.

Les dugongs sont les cousins  des lamantins.

 

La définition du dictionnaire Larive et Fleury () est la suivante  « être fabuleux, moitié femme moitié poisson qui par la douceur de son chant attirait les voyageurs sur les écueils du détroit de Sicile »

Quelques exemples appartiennent à la région niçoise et à la Ligurie

Mais un éclairage nouveau a été apporté sur cette question par la célèbre égyptologue Christiane Desroches Noblecourt () à propos de la basilique de Vézelay.

 

« l’image de ce calendrier (égyptien) reproduit sur papyrus, ainsi que je l’ai rappelé, devait circuler, grâce aux pèlerins à travers toute l’Europe, après voir traversé la Méditerranée.

Maintes fois il dut aboutir auprès des moines coptes des îles de Lérins, dans ces lieux mêmes où fut élevé, par des moines coptes, le futur saint Patrick d’Irlande.

Ces manuscrits circulèrent certainement aussi vers la bibliothèque de l’abbaye de Cluny avant d’arriver vers d’autres lieux du savoir.

Une copie dut aboutir dans les mains des architectes chargés d’édifier et d’orner la basilique de Vézelay » Les signes du zodiaque y apparaissent sur la façade «  dans l’ordre où ils apparaissaient en Egypte »

« Au centre du demi cercle extérieur, trois signes supplémentaires sont situés dans l’axe de la tête du Christ, qu’ils dominent, d’allure égyptienne, mais qui ne figurent pas dans les zodiaques d’Egypte »

« Il s’agit d’abord de la petite chienne de Sothis qui annonce la nouvelle année.

Puis c’est la momie d’Osiris renaissant »

« L’apparition de la chienne de Sothis, ou plutôt sa réapparition, puis Osiris sortant de sa chrysalide pour se manifester en nouveau soleil, et enfin l’arrivée du flot qui ramène la Lointaine (L’inondation), évoquée par la sirène. Ces trois signes dominant l’image du Christ en majesté associent l’apparition du renouveau du cycle annuel avec l’action du Créateur »

« Nous nous trouvons alors devant une des plus anciennes versions de la sirène, illustrant l’arrivée de l’Inondation »

Mais sur le tympan de la cathédrale d’Autun qui présente bien des similitudes avec celui de Vézelay, et sculpté postérieurement par le même artiste, Gislebertus, la sirène n’apparaît pas. On peut voir seulement au centre entre les signes du zodiaque un personnage accroupi. Serait-ce un rappel d'Osiris?

Voir aussi sur ce mythe  www.parole-et-patrimoine.org

Dans ce site est mentionnée notamment l’étude de Giorgio Presotto

Il serait intéressant de voir les commentaires éventuels qui auraient pu être faits dans les églises visitées, mais il n'y en a généralement pas dans les notices "grand public"

Sirènes dans les Alpes Maritimes et en Ligurie

 

Nice 06300

Jardins du château, galerie près de l’ancienne cathédrale, provenance inconnue

 

 

 

Tende 06430

Linteau de porte rue principale. Selon J M Cordier ce symbole pourrait être celui d’une maison close. On peut remarquer un homme et une femme côte à côte dans la même position

On peut supposer que la femme à droite est une sirène. La question se pose de savoir si le personnage de gauche est un triton.

Triton était selon la mythologie, fils de Neptune et d’Amphitrite, qui avait le buste d’un homme, dont le corps se terminait par une queue de poisson et qui précédait le char de ses parents en soufflant dans une conque.

Le seul rapport entre les deux êtres serait donc leur caractère maritime.

Il existe à Nice une très belle fontaine dite des tritons

 

Ceriana – Ligurie -Italie

Dessus de porte de maison de village en stuc XVIIème – XVIIIème siècle, 58 Via Visitazione 

 

 

Sirènes d'Auvergne

 

Auzon près de Brioude – 43100 - église Saint Laurent

Sur un chapiteau  de la collégiale Saint Laurent d’Auzon on peut voir une sirène.

Brioude - 43100 - basilique Saint Julien

Sur des chapiteaux qui se font face on peut voir des sirènes et des tritons bifides. Cette association rappelle celle que l'on voit à Tende (voir plus haut). On peut voir aussi un triton à l'extérieur de la basilique . Voir le site Internet sur la basilique

Clermont Ferrand - 63000 -Note Dame du Port

Sur un chapiteau  du déambulatoire de Notre Dame du Port derrière le choeur, on peut voir deux sirènes à deux queues

 

Saint Genès de Thiers 63300

Sur un chapiteau est sculptée une sirène voir photo dans "Trésors de l'Auvergne romane" éditions Debaisieux 2008 page 70

Saint Rémy et Polignac - entre Loudes et Bains  43320

Sur un chapiteau est sculptée une sirène à deux queues. Voir photo dans "Trésors de l'Auvergne romane" éditions Debaisieux 2008 page 120

 

 

Bessuéjouls - 12500 Espalion

Cette sirène tient dans ses mains les extrémités de ce qui semble être un cordage encadrant sa tête

 

Autres exemples

 

Autun 71400

Sur un chapiteau près de la salle capitulaire on peut voir une sirène et un faune. Denis Grivot () page 64, indique à propos de cette sirène à queue de serpent: "cette sirène que l'on trouve partout dans la sculpture souvent parce qu'elle est décorative, mais ici parce qu'elle fait partie du personnel du diable"

 

Le sculpteur d'Autun serait le même que celui de Vézelay pour la plupart des sculptures, Gislebertus, mais l'interprétation du thème de la sirène à Autun ne correspond pas à celle de Vézelay

 

 

Colmar 68000

Sur le balcon de la maison des têtes on peut observer un groupe de trois sirènes, qui ont des ailes. Selon A. Mauvais il y en aurait aussi à Lyon

 

Embrun - 05200

La représentation de cette sirène est très intéressante car elle est associée à une tête du type rencontré par exemple à l’église san Nicolo de Baiardo en Ligurie italienne avec un motif sortant de la bouche, avec une autre tête et un personnage. Le motif en volute sortant de la bouche est très travaillé  et se termine en spirale.

 Ainsi, dans une même sculpture sont réunis les mythes de la sirène, des têtes, et de la spirale.

Le commentaire de Jean Luc Bernard () page 26, est le suivant ; « sirènes méditerranéennes, signes phalliques et monstres nordiques »

Kaysersberg -  68240

Porte ouest de l’église. Ce chapiteau serait du XIIème siècle selon Suzanne Braun () qui indique page 117, « la sirène n’est plus seulement comme dans l’antiquité une séductrice, c’est avant tout une courtisane ».

Saint Bertrand de Comminges  - 31510

Que dire de la charge érotique de la sculpture d’une stalle de l’église de Saint Bertrand de Comminges ?

               

 

Torri (cloitre) sud ouest de Sienne Toscane Italie

Chapiteau du cloître

 

Rivolta d’Adda (Lombardie)

Dans le livre : l’Art Roman () page 339, on peut voir une photo d’un chapiteau de l’église San Sigismondo , montrant une nymphe à deux queues, et en page 341 ce livre consacre un article à la diabolisation du sexe

Gerone Espagne

Cette sirène appartenant à un chapiteau du Monastère Sant Pere de Galligants près de Gérone et datant du XIème XIIème siècle a la particularité de comporter deux motifs sculptés en forme d’yeux à la base des cuisses. Quelle est la signification de ce motif sculpté ?

Etrurie

Fronton de l'église Saint Michel de Luques représentant une sirène à deux queues entourée d'une femme centaure et d'un lion attaquant un animal

Il y a beaucoup de représentations de sirènes sur des urnes étrusques sur le thème Ulysse et les sirènes. Cette question a été étudiée par Catherine Cousin UMR 4546, AOROC

Bibliographie

Art Roman, éditions Place des Victoires, bibliothèque Nucéra Nice

Bernard Jean Luc – Entre Piémount et Prouvenço, Editions Coumboscuro 12020 Cuneo, Italie 1994

Braun Suzanne, le symbolisme du bestiaire médiéval sculpté, N° 103 Dossier de l’Art, janvier 2004, éditions Faton

Desroches Noblecourt Christiane, le fabuleux héritage de l’Egypte,2006, éditions Pocket

Grivot Denis, la sculpture du XIIème siècle de la cathédrale d’Autun, éditions Saep, 2000

Larive et Fleury, dictionnaire des mots et des choses, Paris 1909


 LE MYTHE DES TETES DE BELIER              


mise à jour avril 2010

On rencontre ce motif sur de bâtiments civils ou religieux.

Il semble y avoir des connexions avec le mythe des têtes humaines, et les deux dossiers sont à rapprocher. Le bélier est un signe zodiacal.

René Alleau (), page XXVI, note « Mistral avait  remarqué déjà la haute antiquité des traditions et du vocabulaire  des bergers provençaux. Le grand érudit avait rapproché, par exemple ; le cri: aqué, menoun ! par lequel les pâtres incitent les béliers et les boucs à se mettre en tête du troupeau et à le conduire dans les passages difficiles, du grec moderne hegoumene, du grec ancien monos , premier, et du nom du chef suprême Agamemnon. Ce cri signifierait «  allons les meneurs. »

Les menouns, béliers meneurs et grands géniteurs, sortent du troupeau à cet appel et se rangent derrière le berger. En tête des boucs, des chèvres, des béliers meneurs, des agnelles des brebis, des ânes et de tout le troupeau divisé le plus souvent de trois escouades ou scabots marche un bélier solitaire, le flocal, ainsi nommé parce qu’il porte sur le dos trois floques, touffes de longue laine ou laisses qu’épargnent les cisailles des tondeurs ; C’est le flocal qui a le privilège d’ouvrir ainsi la voie du troupeau, sur les pas du berger ou du baïle.

Personne à notre connaissance, n’a proposé la moindre interprétation de ce curieux usage ni du sens emblématique des floques de ce bélier. Dans ces conditions, nous devons rappeler l’existence d’un symbole qui remonte sans doute à la plus haute antiquité et qui a été transmis jusqu’à notre époque par un art divinatoire bien connu des populations nomades africaines, la géomancie. Ce symbole est celui de la route ou de la voie, il en porte le nom, en latin via comme en arabe el thariq et cette figure est formée de quatre points en ligne droite.

Or si l’on observe d’en haut le dos d’un flocal, on constate que les floques répondent à quatre points alignés  dont trois sont situés au niveau du train arrière, du ventre  et du train avant  et dont le quatrième est figuré par la touffe laineuse que les tondeurs laissent sur la tête du bélier ; ce ne serait là qu’une simple coïncidence si les géomanciens modernes eux-mêmes n’étaient incapables d’expliquer pourquoi les figures géomantiques sont toutse divisées en quatre rangs de points nommés, la tête, le cœur, le ventre et les pieds par une tradition si ancienne qu’on la retrouve associée à Madagascar au souvenir des invasions des pygmées »

De son côté Christiane Desroches Noblecourt (), au sujet de signes du bélier dans les signes du zodiaque, indique : « ce n’est pas le bélier de Khnoum, maître des cataractes, auprès de son tour de potier, mais le bouc de Mendès, au sanctuaire localisé à l’est du delta (du Nil). Le souffle sortant de ses naseaux redonne l’air et permet aussi au fœtus du futur soleil comparable à un petit « être aquatique », de transformer ses branchies en poumons : il renaît en poussant son premier cri, à l’air libre »

Il y aurait donc selon C Desroches Noblecourt une ambiguité entre le bouc et le bélier, mais dans la représentation un symbole de renaissance.

Par ailleurs le bélier aurait été une personnification de Amon Ra.

Au sujet de la chèvre, le dictionnaire des symboles page 102, donne les précisions suivantes :

« Dans l’Inde parce que le mot qui la désigne signifie également non né, elle est le symbole de la substance primordiale non manifestée. Elle est la mère du monde Prakriti… certaines peuplades de la Chine mettent la chèvre en rapport avec le dieu de la foudre, la tête de la chèvre sacrifiée lui sert d’enclume. La même relation entre la chèvre et la foudre est attestée au Tibet. Elle figure en somme un instrument de l’exercice e de l’activité céleste au bénéfice de la terre, et plus précisément de l’agriculture et de l’élevag.

Chez les germains, la chèvre paît dans le feuillage du frêne Yggdrasil et son lait sert à nourrir les guerriers du dieu Odin.

Chez les grecs elle symbolise l’éclair. L’étoile de la chèvre dans la constellation du cocher annonce l’orage et la pluie ainsi que la chèvre Amalthée nourrice de Zeus.

L’idée d’associer la chèvre à la manifestation du dieu est très ancienne. D’après Diodore de Sicile les chères auraient guidé l’attention des hommes de Delphes vers le lieu où des fumées sortaient des entrailles de la terre ; Intrigués par ces danses, des hommes comprirent le sens des vapeurs émanant de la terre ; ils instituèrent un oracle ;

Un vêtement nommé cilicium, tissé de poil de chèvre était porté par certains romains d’après Varron.

Yahvé s’était manifesté à Moïse au Sinaï au milieu des éclairs et du tonnerre. En souvenir de cette manifestation, la couverture couvrant le tabernacle était composée de poils de chèvre »

D’après ce qui précède, la chèvre serait donc plutôt liée à la foudre.

Alpes Maritimes

 

Clans 06420

On peut voir quatre  têtes de bélier sculptées sur le bénitier de l’église

 

Gilette 06830

 

Une tête d’apparence moderne a été plaquée sur un rocher dans l’enceinte du château;La raison de la présence dE cette sculpture est inconnue

La Turbie 06320

La sculpture très dégradée sur le porche du passage place saint Jean,  a été interprétée par certains comme une tête de bélier, mais elle pourrait aussi être une tête d'homme;

Saint Martin d’Entraunes 06470

Sur le porche de l’église, Luc Thévenon a photographié une sculpture de tête d’homme voisinant avec une tête de bélier, symbole peut être du vieil homme et du renouveau

 

Bibliographie

Alleau René, Jean Paul Clébert et autres, Guide de la Provence mystérieuse, les guides noirs, éditions Tchou

Dictionnaire des symboles


  LE MYTHE DE LA SPIRALE


 Mise à jour janvier 2014

Il semble que ce mythe soit très ancien

Généralités

Les différents types de spirales ont fait l’objet d’études mathématiques poussées, ainsi que des comparaisons en biologie animale et végétale.

On trouve depuis le monde Celte jusqu’en Papouasie des représentations de spirales dans des gravures et sur différents supports. Il s’agit peut-être la symbolisation de mythes qui peuvent avoir leur origine dans l’observation de certaines plantes : vrille du petit pois, pomme de pin en spirale d’Archimède, etc… ou de coquillages tels que les ammonites, etc….

Sur la tombe de Bernouilli qui a étudié la spirale logarithmique ou de Bernouilli, est inscrite la formule : « eadem mutata resurgo : déplacée je réapparais à l’identique ».

On trouve sur Internet des études sur les rapports entre la suite de Fibonacci, le nombre d'or  et la spirale logarithmique présente dans le règne végétal.

On peut imaginer que les hommes ont été intrigués par ces symboles de beauté, de permanence et cependant d’évolution et qu’ils ont cherché à se les approprier en les traduisant à leur manière.

A propos du chapiteau ionien, Anthony Rich () a déclaré : « l’idée première de la volute fut  suggérée par les spirales de certaines coquilles »

On ne peut pas dire qu'il y ait une continuité mais depuis la préhistoire on a un certain nombre de repères

Repères anciens

Egypte ancienne

Le musée égyptien de Turin () présente un vase  globulaire de 16X 23 cm référencé : provv 653 de l’époque prédynastique de Nagada II vers 3500 ans avant JC.  Ce vase de provenance inconnue a été acquis par Schiaparelli en 1900-1901. Le commentaire est le suivant « des poteries sont faites avec des motifs géométriques qui imitent le tissage ou avec des spirales semblables à celles qui étaient sculptées dans la vaisselle en pierre ». Les spirales visibles sont dextrogyres.

Dans la vallée des Merveilles 06

Dans le secteur de la Fontanalbe 06430, au milieu d’un très grand nombre de symboles on peut voir sur un rocher quatre formes spiralées, exemple unique, ce qui daterait de l’âge du bronze  au moins cette forme de représentation.

La copie se trouve au musée des merveilles à Tende. La référence de la dalle est Z XIX GI R alpha. La taille de la dalle est de 1m X 1.3 environ

La plus grande spirale de 20 cm de diamètre environ, en bas à droite, s’ouvre dans le sens trigonométrique(levogyre). Les autres font environ 10 cm de diamètre. Au moins une semble s’ouvrir dans le sens des aiguilles d’une montre (dextrogyre)

Ce type de développement dextrogyre ou lévogyre n’est peut être  pas anodin, et il est peut être porteur de sens  en fonction de ce qui sera vu plus loin à propos du Laos.

Sahara

J Hugot et M Brugmann () ont observé et photographié de nombreuses représentations de spirales parfois multiples et souvent associées à d'autres symboles

                 

Epoque wisigothique

Au musée archéologique de Nimes dans le Gard est exposée une stèle comportant en bas à droite une spirale dextrogyre associée à un carré en bas à gauche et à deux triangles à la partie supérieurs

 

Epoque carolingienne

 

Yann Codou, professeur à l’université de Nice Sophia Antipolis a écrit un article en 2009 () page 13 et suivantes sur le monument funéraire de Saint Pons à Nice où il montre une photo, page 15, d’une plaque mise au jour par Monique Jannet, conservateur du Musée archéologique de Cimiez, qui pourrait appartenir au monument de Saint Pons.

 Sur ce fragment on peut observer deux éléments qui figurent également parmi les motifs de l’église de Vence à savoir : une hélice qui est lévogyre, et une feuille.

En outre on peut reconnaître une spirale également lévogyre. Le motif de la spirale faisait donc partie de la symbolique carolingienne.

 

Le cas de Saint Trophime à Arles

Sur le portail de Saint Trophime vers 1180-1190, on peut voir l'évêque avec sa crosse.

Le crosseron (volute au sommet de la crosse) est particulièrement spiralé. La crosse des évêques était à l'origine un Tau, symbole du bâton de berger. Dans la mythologie égyptienne c'était le hek (houlette).

On peut se demander, mais c'est peut être une hypothèse hardie, si le motif spiralé de la crosse n'est pas le symbole discret du berger conduisant le peuple vers l'éternité.

Dans les tribus animistes H’mong du Laos,

Le mythe de la spirale est ici toujours vivace. Ce thème est représenté sur différents supports: sacs, robes, pièces de tissu (photo ci jointe)

Dans ce cas ce symbole représenterait la vie et la mort, la spirale s’ouvrant vers la droite, cas de la photo, représenterait la vie et la spirale s’ouvrant vers la gauche la mort.

Aborigènes d'Australie

Il serait intéressant de connaître l’interprétation actuelle de la spirale par les aborigènes d’Australie, les papous, les maoris, etc…..

Les deux représentations ci-contre ont été relevées en Nouvelle Zélande vers 1830.

Spirales de la Basilique Sainte Marie Majeure à Rome

 

La mosaique de l’abside de cette basilique est due à Iacoppo Torriti. Elle fut réalisée à l’origine entre 1291 et 1296.

Elle représente le couronnement de la Vierge.

De gauche à droite:

ensemble, partie gauche, partie droite, Pigna cour de la Pigna Vatican

Dans la partie supérieure elle comporte  deux séries de six spirales principales, six à droite et six à gauche en regardant la mosaique. Elles sont de taille décroissante  en allant vers le sommet. Il y a aussi un certain nombre de petites spirales. Chacune des branches de spirales  a son origine sur un tronc dont la racine est au bord  d’une rivière (la Jourdain symbolique ?). Les deux troncs sans cesse bourgeonnant engendrent en s’élevant les spirales reliées les unes aux autres. Elles se ferment dans la plupart des cas sur des fleurs. Sur ces spirales sont posés des oiseaux  sauf deux animaux terrestres, un lièvre ou lapin et un serpent.

Certains oiseaux sont très reconnaissables, et d’autres non.

Chaque tronc peut faire penser au tronc de Jessé dont parle Isaie 11.1 « et sortira un rameau de tronc de Jessé et un rejeton  de ses racines portera du fruit  et reposera sur lui l’esprit de l’Eternel ».

 

Les animaux terrestres:

 

Le lièvre ou lapin est un symbole de fertilité  et de renouveau. Dans l’encyclopédie des symboles () page 361 il est décrit comme un animal lunaire.

Le serpent Ibid () page 623 est sujet à une interprétation compliquée.

Il y a sur la mosaique de droite un serpent sous un aigle et un lièvre.

 

Les oiseaux :

 

On en reconnaît très bien certains

Le paon : il y en a quatre, deux à droite et deux à gauche; sa chair passait pour imputrescible (symbole du Christ au tombeau) Ibid () page 501. C’est un symbole de renouveau et de résurrection;

- L’aigle : Il se trouve sur la partie droite au dessus du serpent. L’aigle est associé à  Saint Jean l’évangéliste. Avec le serpent il représente la dualité du ciel et de la terre. Ibid () page 12

- Les canards : On voit un couple de canards sur une spirale du côté gauche dont un à col vert. En Extrême Orient le canard symbolise un mariage heureux Ibid () page 98

 

- Le perroquet : Un des oiseaux sur la partie gauche pourrait être un perroquet  d’après la forme du bec  «  Dans les images du Paradis on suppose qu’il a appris à prononcer le nom d’Eva. L’inversion de ce nom, Ave, est en effet le salut que Gabriel, l’ange de l’Annonciation adresse à la Vierge puisque pour avoir échappé au pêché, celle-ci est considérée  comme l’opposé  ou plutôt comme la rédemptrice  de la faute de la mère originelle. » Ibid () page 520.

- Le héron : un grand oiseau sur la gauche pourrait être un héron.  Celui- ci symbolise les âmes  des élus qui par peur  des tourments de ce monde dirigent leur quête vers l’au-delà.

Ibid () page 304

 - Le faisan : D’après la forme de l’oiseau et la forme de sa queue on peut penser à la représentation de deux faisans,  un sur chaque côté. Le livre des emblèmes de Hohberg (1675)  attribue au faisan l’attitude  que nous associons aujourd’hui à l’autruche. « Le faisan ce dément se pense invisible lorsque sa tête  est cachée, et c’est ainsi qu’il est pris. De même notre monde insensé  croit ses vices cachés  mais Dieu peut les trouver à son gré ; il sait le quand, le comment et le où »

Les autres oiseaux ne sont pas assez caractéristiques pour être analysés

 

Les fleurs : Plusieurs spirales se ferment sur des fleurs (peut–on dire : se concentrent ?) dont certaines vues de face.

Celles–ci sont à six pétales. Ce pourraient être des roses. La rose symbolise la virginité et Marie. Ref : encyclopédie des symboles () page 586.

D’autres fleurs sont de profil. Pour certaines on peut penser éventuellement à des lis. Le lis est le symbole de l’amour  pur et virginal. Ibid () page 368 D’autres fleurs sont difficiles à identifier.

 

- La pomme de pin : On peut voir une pomme de pin sur le côté gauche. Elle symbolise l’immortalité  de la vie végétative et animale, l’exaltation de la puissance vitale  et la glorification de la fécondité. La pomme de pin est parfois figurée entre deux coqs  qui se la disputent, symbole de la vérité manifestée (source Internet). Dans la cour de la Pigna dans les musées du Vatican à Rome une immense pomme de pin est encadrée par deux paons.

 

 

Conclusion : S’il est difficile de  donner une interprétation d’ensemble, on peut donc observer dans cette mosaique une grande association de symboles. Le chancel de Vence 06130 datant de l’époque carolingienne comporte également de nombreux signes symboliques dont des oiseaux.

Voir dossier Internet: chancel de Vence

 

Bibliographie :

 

Encyclopédie des symboles, éditions  Pochotèque 1989

Hugot J. et Brugmann M - Art rupestre du Sahara - éditions Amateur 1996

 

 

Alpes Maritimes et Ligurie

On y trouve des motifs spiraloides plus ou moins nets.

Les documents rassemblés ici ne procèdent peut-être pas de la même symbolique mais on ne peut que s’interroger sur leur signification.

 

Dans le village d’Ilonse 06420 une pierre gravée peut faire penser à un bouquet de fleurs stylisées..

Mais on peut aussi analyser cette gravure comme l’association de quatre spirales deux s’ouvrant vers la droite et deux vers la gauche.

 

Cette pierre fait penser à un chapiteau de Cenova, sagrato di San Giovanni en Ligurie où l’on observe une tête entre des spirales (photo de gauche)

Dans le cas de deux chapiteaux observés en Ligurie on note deux spirales qui se rejoignent sur une sorte de boucle. Dans l’une, à Pornassio Ponti, au dessus du motif spiralé se trouve un cartouche avec une date (1523 ?).

Eze 06360

Ce rare motif est gravé sur un linteau dans la rue principale

 

Roubion 06420

Sur le pigeonnier restauré qui domine le village on peut voir une spirale lévogyre. Ce thème ne correspond pas aux armes du village mais cette peinture existait peut être sur ce pigeonnier avant restauration. La spirale est reproduite sur le portillon du jardin qui existe au pied de ce pigeonnier.

Tende 06430

Sur le linteau du portail latéral de la collégiale on peut voir un pseudo bouquet qui ressemble à celui d'Ilonse.

On peut se demander si ce motif est simplement décoratif ou s'il a une signification symbolique

 

Autres remarques

 

Ces motifs se rencontrent souvent sur des chapiteaux où ils peuvent avoir une raison décorative, mais cette explication est elle suffisante ?

A l’abbaye du Thoronet 83340 dans le Var, qui comporte très peu d’éléments décoratifs on peut voir sur les angles des chapiteaux de la salle capitulaire de petites spirales, ce qui souligne l’importance de cet élément

Mais on rencontre aussi des lignes spiralées associées à des têtes d’hommes, (voir dossier "mythe des têtes d'hommes " ci dessous), par exemple dans le chapiteau en réemploi du cimetière de saint Sauveur sur Tinée 06, sur certains chapiteaux de l’église d’Utelle 06. On peut signaler aussi le chapiteau de Sospel. Voir dossier sur le mythe des têtes d’hommes.

Luc Thévenon () a photographié une tête à Saint Martin d’Entraunes  06, qu’il indique être posée sur un chapiteau renversé, ceci est à vérifier, mais on retrouve l‘association tête et spirale.

Dans le cas de l’église de san Siro à san Remo en Italie, la tête d’homme qui constitue une console est surmontée de deux spirales qui forment une sorte de chapeau

A Baiardo en Ligurie, une tête d’homme sur un chapiteau est associée à deux spirales qui sortent de sa bouche

Dans le déambulatoire de l’église de Venosa daté de la fin du XI ème siècle, (Basilicate, Italie du sud), les deux spirales partent de dessous la tête

Cette association est troublante. Signifie t-elle un rapport de l’homme avec l’infini, la tête de l’homme ayant un rôle protecteur pérennisé par la spirale.

On peut rencontrer même une association de la tête d’homme, de la sirène et de la spirale

Saint Hymetière 39240

On peut observer à l’entrée de la chapelle deux petits motifs spiralés, signalés et photographiés par Albert Pinto.

Cette chapelle date du Xème siècle, et on peut se demander si ces motifs ont une raison décorative ou s’ils font partie d’une symbolique.

Régis Ribette (),  émet l’idée que certains hommes de toutes les époques, et notamment les artistes, ont eu l’intuition qu’il y avait dans le monde des invariants archétypaux, en particulier les spirales et leurs variantes, qu’on trouve dans le monde celtique notamment, et que les théoriciens du chaos (Lorenz par exemple), ont mis en évidence comme structure de base.

Le mythe de la spirale est très présent dans l'oeuvre de Gustave Klimt par exemple dans son oeuvre intitulée "l'arbre de vie" qui fait penser à la mosaiqude Sainte Marie Majeure

Bibliographie

Bernardini Enzo, villaggi di pietra, Blu edizione 2002

Codou Yann – Quelques remarques sur le monument funéraire de Saint Pons de Cimiez – ARCHEAM N° 16 2009

Ferrero Fréanco, Questa nostra terra, Bacchetta editore, Albenga, 1999

Ribette Régis, L’homme, ressource stratégique, éditions d’organisation, 1993 

Rich Anthony, Dictionnaire des Antiquités romaines et grecques 3ème édition , 1883

Thévenon, conservateur en chef du patrimoine honoraire

 



LE MYTHE DES TETES HUMAINES

On peut voir des représentations de têtes soit sur des bâtiments civils, soit sur des bâtiments religieux, en général du Moyen Age, sur des chapiteaux ou des architraves, sur des consoles de balcons, ou simplement sur des façades, soit sculptées soit peintes à fresque. Franco Ferrero (), les qualifie de « mago custode », au pluriel « maghi custodi », ou « protomi apotropaiche », et leur attribue un pouvoir de protection contre « le malin » à l’entrée des édifices.

Mais quelle est l’origine de ce type de figuration ?

Ce dossier est divisé en plusieurs parties :

L’Antiquité, la Méso Amérique , l’Indonésie, la Papouasie

Roland Dufrenne (), évoque « le thème des têtes coupées dont l’importance est constatée aux deux extrémités du domaine indo-européen, d’une part en Inde, et d’autre part  en Europe celtique et scandinave. Limitée aux rites funéraires, la séparation du crâne et son déplacement sont pratiqués dès l’aube du néolithique, dans le Proche Orient… c’est au 8ème millénaire que se généralise ce qui est appelé le culte des crânes »

Dans l’article sur les bétyles, le dictionnaire des symboles évoque notamment l’ancien testament « c’est la tête couchée sur une pierre que Jacob reçut en songe la révélation de destinée réservée par la puissance de Dieu à sa descendance…. Il érigea ensuite cette pierre en monument ».

L’article montre aussi une photo de betyle sculpté appartenant à l’art celtique  trouvé à Sankt Goar en Rhénani

On peut citer de nombreuses stèles anthropomorphiques notamment en Corse et plus près de nous en Provence, voir document de André d’Anna  et Stéphane Renault (),

A propos des celtes, Miranda Green () parle de « severed heads », (têtes sectionnées) et de « head hunting » (chasse à la tête).

     

                                                                                                                                        

En page 76, son commentaire est le suivant (traduit de l’anglais) :

« Tite Live, Strabon et Diodore, décrivent - ce qui est pour eux - une pratique bizarre de chasseur de tête, qui apparemment se produit dans le contexte de la guerre celtique. Les têtes étaient non seulement honorées à la maison, mais elles étaient aussi offertes comme des dons votifs sur les autels ».

En page 59, elle parle aussi de têtes surmontées de couronnes de gui (deuxième photo à gauche)

Son commentaire est le suivant (traduit de l’anglais) :

« Un groupe distinctif de représentations humaines qui apparaît dans l’art celtique consiste en des têtes masculines ornées d’énormes couronnes ou coiffures constituées de deux feuilles opposées en forme de virgules… Les têtes de Pfalzfeld et de Heidelberg en Allemagne sont toutes marquées avec une fleur de lotus ouverte…Les fleurs de ces couronnes ont été à titre d’essai identifiées comme celles du gui ».

Il est intéressant de comparer la tête de Pfalzfeld, d’époque préhistorique  avec celle de  san Siro à san Remo en Italie d’époque moyenâgeuse, photographiée par Franco Ferrero ().

Exemples dans le Var

René Alleau (), page 225, indique « le musée d’Hyères contient deux menhirs fort intéressants. Ils proviennent d’un sanctuaire élevé sur les hauteurs qui dominent la vallée de Valbonne et consacré à Mars Rudianus, ou Mars le Rouge, curieux dieu cheval que le christianisme a transformé en saint Michel. Ces menhirs sont gravés de figures symboliques, qu’on relève également sur les statues des sanctuaires de Mouriez et d’Entremont, têtes coupées qu’un cavalier parait conduire en cortège, probablement vers l’au-delà ».

Exemple dans le Vaucluse

Sur la façade nord de l’église Notre Dame de Nazareth à Vaison la Romaine on peut voir une tête avec une coiffure, peut être de cheveux.

Elle est incorporée dans une frise de feuillages soigneusement sculptée

Exemples dans les Bouches du Rhône

Il faut citer la salle du musée Granet à Aix en Provence où sont exposées des têtes en pierre provenant du site celto ligure d’Entremont au nord de la ville que l’on estime être du 2ème siècle avant notre ère ; le commentaire est le suivant « têtes coupées exposées en signe de trophées, si l’on en croit les textes anciens ».

 

On peut voir un groupe de 5 têtes avec des yeux globuleux, une tête avec des yeux réduits à des fentes, dans une ensemble de 11 têtes. On peut notamment observer 2 têtes sous main gauche, 2 avec cheveux, 3 avec une coiffure indéfinie .A côté on peut voir 5 têtes en pierre avec le commentaire suivant « guerriers vivants imberbes bouche serrée horizontale, yeux très ouverts cernés d’un bourrelet, oreilles stylisées lourdes »

Elles ont été  découvertes en 1877 par A. d’Aubergue,

 

Stuart Pigott () pages 50 et 51 présente des photos des têtes coupées de Roquepertuse et d’Entremont.

Ces sites sont celtes ou celto ligures

Exemple en Bourgogne

Dans le sanctuaire d’Essarois, situé près du ruisseau de la Cave à 1500 mètres environ au nord du village d’Essarois, actif du 1er siècle avant JC au 4ème siècle après JC, et dédié au dieu guérisseur local Vindonnius dont le nom est associé au dieu romain Apollon, ont été retrouvées de nombreuses statues.

Simone Deyts () page 99, indique : « il existe à Essarois, sous une apparente uniformité, bien des traits originaux : dans le travail poussé de certaines têtes, dans le redoublement de torses ou la répétition de têtes sur un même support (cinq en tout, une même famille, répétition de la prière ? ». Voir photo. Simone Deyts dans une lettre du 20 septembre 2003, mentionne  à propos des têtes (coupées ou non) pour la période gallo-romaine : « en ce qui concerne toujours les sanctuaires  de sources (comme Essarois), il existe aux sources de la Seine, sanctuaire de Sequana, des têtes superposées sur une hauteur de branche, soit trois ou quatre têtes. Certaines étaient destinées à être découpées et d’autre pas »  cf S. Deyts, les bois sculptés des sources de la Seine, 42ème supplément de Gallia, éd. CNRS, 1993. Dans certains cas on peut évoquer un travail en « série », dans d’autres un phénomène de répétition, de supplique mais nous n’avons aucun texte. C’est toujours aux sources de la Seine, que l’on connaît des reliefs en pierre - on en revient à la position horizontale - de deux ou de trois têtes (intensité de la prière ?) ;

S. Deyts, dans un colloque qui a eu lieu à Dijon en mai 2000 mentionne que les allusions aux africains abondent dans la littérature grecque ainsi que la représentation de têtes négroïdes sur différents supports. Des têtes négroïdes ont été découvertes à Alésia. Ceci fait penser aux têtes du sud de la Gaule. « Il était d’usage dans toute la communauté liguro-salyenne des pourtours de la côte méditerranéenne d’exposer en l’enclouant la tête de son ennemi vaincu »  Elle cite les exemples de l’oppidum de la Cloche – les Pennes entre Marseille et l’étang de Berre, Roquepertuse-Velaux (13), Nimes, Glanum - saint Rémy de Provence (13).

Elle indique cependant que les têtes d’Alésia « sont parfaitement distinctes des têtes coupées du sud de la Gaule », et s’interroge « comment expliquer une représentation aussi exceptionnelle pour la Gaule intérieure d’une ethnie d’africains parfaitement reconnaissable. »

Autres exemples en Italie

 A Selinonte, photo de droite, les têtes sont groupées par deux ce qui apparait ausi dans d'autres cas.

A Volterra, la « Porta dell’ Arco » qui faisait partie de l’enceinte étrusque, date, selon Anne Mueller (), de 2400 ans environ.

 

Son commentaire est le suivant « L’arc est orné de trois têtes que l’érosion a rendu quasi méconnaissables et qui sont sans doute celles de Jupiter et des dioscures Castor et Pollux ou des divinités suprêmes

du panthéon étrusque, Tinia, Uni et Menvra, qui correspondaient aux dieux du Capitole Jupiter, Junon et Minerve, et qui étaient les protecteurs de la ville ».

Les têtes hermaïques d’Arcadie (centre du Péloponèse) en Grèce

Au deuxième siècle de notre ère, le voyager Pausanias a voyagé notamment en Arcadie au centre du Péloponèse, et s’est intéressé piliers avec têtes hermaïques, c’est à dire des têtes ressemblant à des têtes d’hommes (de Hermès par opposition à Aphrodite).Selon Madeleine Jost () page 36, dans les textes de Pausanias « sont évoquées des statues-piliers, très caractéristiques de l’Arcadie lorsqu’elles sont plusieurs, comme l’étaient sans doute les dieux ouvriers de Mégalopolis »

Mégalopolis est également une cité d’Arcadie.

Madeleine Jost précise par ailleurs que Pausanias ne fait que signaler la forme du plier hermaïque mais il ne dit rien en particulier sur les têtes qui les surmontent.

Exemple en Jordanie

 

Si ces représentations se rattachnet à la même symbolique, ce seraient les plus anciennes connues

Mexique et Guatemala

Par ailleurs, dans les civilisations de la méso Amérique, Henri Stierlin () parle d’horreur sacrée :

« Dans ce type de gouvernement régi par des guerriers, l’horreur sacrée constituait un mode d’exercice du pouvoir : c’est le saint respect qu’exigent les dieux terribles, les dieux des armées. Selon cette conception, les temples doivent être redoutables

Leurs grands escaliers, dont la pente est vertigineuse et qui conduisent à la demeure du dieu, ruissellent de sang. La cella devant laquelle se dresse la pierre du sacrifice est éclaboussée de sang. La puanteur du sang caillé qui couvre les murs, celle aussi des charniers, sur les « tzompatli », tout cela a écoeuré les farouches conquérants espagnols, pourtant faits au feu si l’on ose dire.

Et pour mettre le comble à l’abomination, les conquistadors ont assisté à des scènes de cannibalisme sacré. La victime sacrificielle s’identifiant aux dieux, le rituel de manducation revêtait  pour les participants, un caractère de communion avec la divinité ?

L’architecture sacrée des Aztèques – comme celle de plusieurs de leurs prédécesseurs, tels que les Chichimèques, les Toltèques ou les Totonaques – a pour mission d’exalter ces rites macabres : du haut des degrés abrupts sont précipités les corps pantelants des victimes démembrées, écorchées ou sacrifiées par cardiectomie.

Cette violence nous choque : n’oublions pas que les sacrifices humains ont été monnaie courante dans maintes civilisations de l’Ancien Monde. Le souvenir de leur suppression, dans le Pentateuque, par la main de Dieu arrêtant le couteau d’Abraham, n’en est que l’exemple le plus évident.

On ne saurait omettre, dans cette perspective, les premiers-nés offerts par les Carthaginois, ni même ces survivances sinistres que constituaient en pleine période médiévale, les messes noires, au cours desquelles le corps du sacrifié prenait la place du Christ dans la cérémonie de l’eucharistie ».

Ailleurs il indique : « ces victimes dont le cœur est offert aux dieux- en particulier au soleil- assurent la pérennité et la stabilité des cycles universels. »

Au Mexique et au Guatemala, on met actuellement en doute le fait que les conquistadors aient assisté en personne à des sacrifices humains.

Notons aussi que les civilisations de la méso Amérique et les civilisations européennes antérieures au 16ème siècle s’ignoraient.

Cette question a été aussi étudiée par Christian Duverger ().

Brésil

Au Brésil la civilisation de Monduruku en Amazonie pratiquait le rite des têtes momifiées. Certaines provenant du musée national préhistorique et ethnologique Luigi Pirigoni de Rome, ont été montrées à l’exposition : « Brésil indien, les arts des amérindiens », au Grand Palais à Paris au printemps 2005. Elles sont accompagnées du texte suivant « les têtes d’ennemis  sont au centre de rituels d’initiation pour favoriser la prospérité et les bonnes récoltes »

 Les indiens Monduruku vivent toujours dans la vallée du Rio Tapajos affluent de la rive droite de l’Amazone.

Toujours au Brésil à Tiradentes on peut voir une fontaine du XVIIIème siècle avec deux têtes mais celles–ci n’auraient qu’une fonction décorative. En portugais elles s’appellent « carrancas ».

Sur les proues des navires par contre elles servaient à  épouvanter les esprits malins.

En ce qui concerne l’Europe il pourrait y avoir eu un glissement de la symbolique depuis l’époque celte jusqu’au Moyen Age, mais de quelle façon étant donné qu’il s’est écoulé un laps de temps de plus de 1000 ans entre les deux périodes sans témoignages.

Notons cependant que les romains étaient aussi fascinés par ce symbole et que sur la colonne trajane à Rome édifiée en 114 après JC, l’empereur a fait figurer des têtes coupées des ennemis lors de ses victoires sur les Daces.

Dans l’ancien testament, les meurtres de Holopherne par Judith  et l’assassinat de saint Jean Baptiste à l’instigation de Salomé, ont donné lieu à des tableaux où les têtes coupées étaient présentées de façon impressionnante.

Que dire du peuple qui venait voir les têtes des guillotinés qu’on lui présentait pendant et après la révolution de 1789.

Bolivie

En Bolivie dnas la civilisation de Tiwanaku rattachée aux Incas, on peut observer sur le Templete à Tihuanaco, 175 têtes dans un mur

Indonésie

En Indonésie, Vincent Monteil (), page 53, s’est interrogé sur le phénomène des coupeurs de têtes : « Que penser des non moins fameux coupeurs de têtes ? Il y en avait à peu près partout dans l’archipel et pas seulement chez les Dayak de Bornéo ou les Toradja de Sulawesi. Il y a là-dessus une thèse inédite (1956) de M. Schuster, à Francfort (Kopfjad in Indonesien) citée par Waldemar Stör (1965). Aucune des explications qu’il donne n’est vraiment convaincante.

Papouasie Nouvelle Guinée

En Nouvelle Guinée, les Tugeri (ou Marind), d’après l’anthropologue Paul Wirz, vers 1890 " voulaient surtout connaître les noms portés par les têtes pour les donner à leurs enfants ; comme le cannibalisme des Batak, ces pratiques qui révoltent la conscience des hommes « civilisés » de l’âge atomique, faisaient partie de la culture des chasseurs. D’ailleurs, les Dayak ont coupé leurs dernières têtes sous l’occupation japonaise, de 1942 à 1945"

En Papouasie Nouvelle Guinée, la chasse aux têtes selon les indications du musée du quai Branly à Paris, était pratiquée lors de chasses rituelles. Les têtes étaient accrochées aux « Agiba » sortes de totems dans la « maison des hommes ». Les Agiba étaient taillés par un homme ayant rapporté une tête. La « maison des hommes » symbolisait l’être féminin originel.

En Mélanésie, la préservation des crânes d’ancêtres ou d’ennemis érigés en trophées était fréquente. Ceux des défunts remarquables étaient exposés dans la « maison des hommes ». Exposés lors de rituels, les crânes assuraient la protection des hommes.

Le musée d’arts africains, océaniens, amérindiens de Marseille possède une quarantaine de crânes d’humains océaniens recueillis par le professeur Gastaut spécialiste du cerveau  et acquis par le musée en 1989.

 

Moyen Age

Exemples dans les Alpes Maritimes

Luc Thevenon () page 156 et 157, a fait un commentaire détaillé sur un certain nombre de têtes d’hommes qu’il a photographiées dans la vallée du Var et à Sospel. Il indique que les têtes coupées seraient d’origine gauloise  et conclue en disant : « on pourrait évoquer un symbole d’origine religieuse personnifiant à la fois Dieu et l’homme, symbolisant la naissance et la mort  ce qui justifie leur présence sur des bénitiers ou des cuves baptismales, comme celle de la paroisse de saint Auban dans l’Estéron. D’abord élément de décor d’édifices sacrés, la tête anthropomorphe semble s’être ensuite répandue comme symbole protecteur sur des constructions civiles ».

Andon 06750

Les fonds baptismaux de l’église sainte Claire sont très intéressants car ils montrent à la fois une tête d’homme et un personnage. Dans le livre de PCAM () page 794, on peut lire « provenant sans doute du château, cette cuve très originale pas son décor sculpté, est ornée de figurations symboliques. La sculpture romane résulte d’un mélange des traditions culturelles du proche Orient, de Byzance, des tribus barbares du Nord et de la Rome antique. Le visage rond tenant la lumière au dessus de sa tête symbolise le baptisé. Au dessous, le même homme est représenté avant son baptême »

Bairols 06420

Le bénitier de l’église sainte Marguerite est orné, selon PCAM, page 969 de quatre têtes d’homme relavant d’influences « notamment celles de Byzance et du Proche Orient » 

Bonson 06830

Une tête a été sculptée en clé de voûte ; elle est couverte d’une sorte de coiffe en forme de tore.

Elle se trouve à l’enseigne le Nid d’aigle rue Bassa.

 

Cipières 06820

On peut observer une tête au dessus d’une porte au 49 rue de la Bourgade et une petite de la taille d’un gros poing au 13 de la rue du Cornillon

Collongues 06910

Tête sur une imposte signalée par Luc Thévenon ()

Gilette 06830

PCAM () page 767 mentionne  le bénitier de l’église Saint Pierre  qui comporte parmi d’autres symboles « un motif ressemblant à une tête d’homme, évoquant une sorte de cougourdon »

Lantosque 06450

Dans l’église on voit une tête à la base d’une colonne supportant une cuve baptismale en pierre anciennement peinte.

Levens 06670

Le cas des pieds de colonnes de l’église, étudiés par G. Brétaudeau (), tome XLI page 89, est particulier. On peut se demander pourquoi des sculptures on été faites en pied de colonne, donc dans un endroit peu visible  et sujet à des risques de coups et de dégradations, les motifs sur colonnes étant généralement sur les chapiteaux dans un endroit bien visible, et présentent à la fois un intérêt décoratif et didactique. 

Luc Thévenon () pense que ces têtes font partie de la même symbolique. On peut les comparer avec celles de la cathédrale de Vintimille.

La Turbie 06320

 

On voit une tête d’homme sur la base de l’arc en plein cintre du porche du portail saint Jean, aujourd’hui portail Gioffredo, place saint Jean  dans le village. Selon une autre interprétation ce serait une tête de bélier ; Il y aurait eu une tête semblable sur le plier opposé avant que la pierre ne soit remplacée, mais certains l'interprètent comme une tête de bélier. Voir ci dessus

 

Puget Théniers 06260

Luc Thévenon (),  signale  des têtes dans ce village au 2 et 4 rue Casimir Brouchier

Revest les Roches 06830

 Une tête a été sculptée sur la cuve du bénitier. Elle présente la particularité de marques sur les joues : scarifications ? A part les sculptures sur les joues, les deux bénitiers des églises de Revest et de Tourette sont très semblables.

Dans la sacristie de l’église de Toudon, également dans la même vallée se trouve un lave-mains avec une tête sculptée sur l’extérieur de la cuve en pierre.

Saint Auban 06850

Sur une cuve baptismale  et deux à l’auberge du moulin vers la clue.

Selon le livre  PCAM (), page 813, la cuve de l’église saint Etienne proviendrait de la chapelle du château  Voir photo. PCAM () page 969, mentionne dans l’église sainte Marguerite de Bairols, un bénitier où sont figurées quatre têtes. Voir photo.

PCAM (), page 432, note « quand au pied (du bénitier) il est caractérisé par une colonnette sur socle à boutons et pseudo chapiteau, orné d’un personnage et d’une tête ; il remonte probablement au début du 16ème siècle. »

Saint Etienne de Tinée 06680

Sur le clocher de l'église on peut voir deux têtes d'homme en position symétrique

 

Saint Martin Vésubie 06450

Sur le clocher de l'église on peut voir deux têtes côte à côte

 

St Paul de Vence 06570

En sous face des deux corbeaux qui soutiennent le linteau d’une porte 4 montée de la Castre, on peut voir deux têtes.

 Elles sont en position symétrique et peuvent avoir un caractère décoratif, mais leur position de part et d’autre de l’entrée et leur caractère très schématique  semblent les rattacher au mythe. Photos Henri Guigues

 

Saint Sauveur sur Tinée 06420

Dans le cimetière du village, des têtes d’hommes sont sculptées sur trois côtés d’un chapiteau en réemploi qui proviendrait de l’église

Sur le quatrième côté (nord), on peut voir une sorte d’écu à l’intérieur duquel on distingue une croix latine sur un V, et en dessous une croix de Malte dont les branches sont  à 45 degrés par rapport à la verticale.

Sauze 06470

 

Au sujet de ce village, on peut lire dans PCAM, page 430   « la tête anthropomorphe sculptée dans la pierre orne certaines chapelles du Val d’Entraunes et du canton. Cet élément se retrouve aussi sur des édifices civils. L’exécution des ces motifs remonte vraisemblablement à différentes époques. A Sauze, ces figures sont particulièrement nombreuses, sur les façades du village aussi bien qu’à l’intérieur de l’église paroissiale »

Sospel 06380

 

Photo de gauche Luc Thévenon Place saint Michel.

Rue de la République, face au numéro 18, on peut voir une colonne encastrée dans une façade avec un chapiteau dont on ne peut voir que deux angles. Photo de droite Henri Guigues.

Sur un des angles on voit une tête d’homme et sur l’autre un motif en spirale.

Ce cas n’est pas isolé. Voir ci-dessous le paragraphe « têtes et spirales ».

Toudon 06830

Dans la sacristie de l’église, également dans la même vallée se trouve un lave-mains avec une tête sculptée sur l’extérieur de la cuve en pierre.

Tourette du Château  06830

 

On peut voir une tête d’homme sur la façade d’une maison particulière dans ce village de  la vallée de l’Estéron, au n° 14 de la rue du château sous un balcon moderne ; les habitants du village consultés sont unanimes pour dire qu’il s’agit de l’effigie du Comte de Beuil, exécuté près de là pour un très grave forfait en 1621. Ceci est à prendre avec réserve car pourquoi honorer la mémoire d’un malhonnête et la tête au masque impersonnel, bien que mal restaurée, parait plus ancienne qu’une sculpture du 17ème siècle.

 

Dans l’église, une tête a été sculptée sur la cuve du bénitier.

Tourrettes sur Loup 06490

Laurence Lautier (), page 239 a remarqué une tête sculptée surplombant une porte qu’elle estime être du 16ème siècle

TURBIE  (la) 06320

Au cours de travaux de restauration Sophie Binninger a mentionné une tête d'homme sur la façade principale de l'église non visible du sol. L'église date du XVIIIème siècle

Utelle 06450

Les chapiteaux des colonnes  de l’église saint Véran probablement du début du 16ème siècle, sont ornés de signe divers et notamment le chapiteau du pilier gauche de l’église au fond est sculpté sur ses quatre faces. Voir photo. Sur la face qui domine le bénitier, est sculptée une tête d’homme ainsi que sur la face qui donne sur la nef. Les deux autres motifs sculptés sur les autres faces sont une croix de Savoie et une sorte de feuille de palmier peut-être.

Pour l’église saint Véran à Utelle, le commentaire de PCAM, page 441 est le suivant « les colonnes de la nef portent toutes des chapiteaux sculptés de motifs végétaux, géométrique ou anthropomorphes. Celui-ci (photo) porte sur une face un homme barbu et sur l’autre un visage féminin ; la femme serait peut-être à mettre en relation avec la fée, personnage connu à travers certaines légendes de tradition orale locale et qui est souvent représenté dans les édifices religieux dès le Moyen Age ; la tête masculine serait à mettre en relation avec l’homme sauvage ». Ce texte est peut-être tiré de l’article de Daniel Mercadier () page 148

Dans la rue du château de ce village, sur un petit portail en pierre, sont gravés des signes d’artisan forgeron et une petite tête d’homme. Ce cas est intéressant car il associe la tête d’homme au travail du forgeron, comme un signe protecteur du métier. A Utelle également une tête se trouve au sommet d’un fronton. Elle est plus élaborée que celles que l’on observe en général et il s’agit peut-être du fait de l’architecture de la porte d’un exemple tardif.

Comme on peut le voir, les commentaires sont assez variés su la symbolique des ces têtes, et par ailleurs on remarque qu’elles sont disposées aussi bien sur des murs ou dans des bâtiments religieux ou sur les murs de bâtiments civils.


Exemples dans les autres départements


 

Ardèche 07

A Quintenas 07290 également dans l’Ardèche, le clocher est orné de plusieurs têtes parmi un bestiaire divers. Certaines sont orientées vers le bas comme des fausses gargouilles. Dans cette église il y a  eu un souci de symétrie.

A Champagne sur Rhône 07420 dans l’Ardèche, on peut observer cinq têtes sur le côté sud de l’église, dont quatre visibles sur une même photo. Cette disposition sur ce côté serait-elle un symbole de protection contre une menace venant du sud ?

L’église pourrait dater du XI ème siècle.

L’Aveyron 12

 

Sur la façade de l’église de la Couvertoirade, commune du Caylar 12230 on peut voir une tête d’homme barbu.

 

Bouches du Rhône 13 Têtes de Jouques 13 490  

                                              

Photos Jean Laffitte

Sur l'église Notre Dame de la Roque construite peut être au XIIè siècle, on peut observer deux têtes humaines, une très peu visible, sur la façade Ouest de l'église et l'autre, plus visible, sur le mur Nord du clocher.

Celle-ci est particulièrement intéressante car sur le même bloc a été gravée, avec une idée d’affirmation, une date en écriture gothique. On croit lire MCCCXC soit 1390, ce qui la daterait du XIVème siècle, sous toutes réserves.

 

Drôme 24

 

Sur la façade du prieuré de Manthes 26210 construit probablement aux 11ème et 12ème siècle, on peut voir trois têtes dont deux côte à côte vraisemblablement sculptées dans le même bloc, qui font penser à un réemploi. Selon certaines études, elles seraient mérovingiennes.

 

La vallée du Rhône

Comme ailleurs les exemples cités sont évidemment ponctuels et ne prétendent pas être exhaustifs, mais le cas de la vallée du Rhône est intéressant car les édifices religieux observés sont pour certains très anciens. Sur chacun il y a  multiplication des têtes et du fait du réemploi possible dans certain cas, la création des  sculptures pourraient dater d’avant l’an mille.

 

Isère 38

Au carmel de Surieu 38150, on peut voir sur la façade une tête qui voisine avec un motif qui pourrait être carolingien. Voir photo

 

 

Haute Loire 43

Bouchet Saint Nicolas 43 510

Si les sculptures des trois têtes du Bouchet Saint Nicolas 43510 datent de 1810, comme indiqué dans une couronne au dessus du linteau, cet exemple serait le plus tardif noté à ce jour.

Brioude 43100

En clé de voute dans la basilique de Saint Julien de Brioude, 43100 Brioude on peut voir une curieuse tête d'homme avec de grandes moustaches.

Cette basilique fait l'objet d'un site Internet

Sur un chapiteau de la collégiale romane saint Laurent d’Anzon près de Brioude, datant du XIIème siècle, on peut voir une tête d’homme.

Loiret 45

Sur un chapiteau de l'abbatiale de Saint Benoit sur Loire 45730 on peut voir Saint Benoit assis sur le trône abbatial qui présente la règle mais il est surmonté  d'une tête d'homme avec un bonnet du genre phrygien.

Les têtes d'homme sont parfois couvertes comme par exemple dans le cloître du monastère prémontré de Saint Michel de Frigolet  dans le Vaucluse

Lozère 48

 

Dans l'église du village de Nasbinals  48260 on peut voir deux têtes en position symétrique sous deux chapiteaux au départ d'un arc

 

le Puy de Dome 63

On peut observer un culot à figure humaine dans la chapelle Sainte Catherine de l'abbaye de Mègement 63320 Chassagne

Cliché M Guénot  Dossiers d'Archéologie Juillet aout 2010 N° 340 page 74

                                    

LES TETES DE L’EGLISE DE BIOLLET 63140


De gauche à droite:

Plan de l'église, Chapiteau 5, chapiteau 6, tête et main,tête d'Entremont, tête de Jonzac

L’église Saint Pierre de Biollet 63640, a fait l’objet d’une étude approfondie de la part de Albert et Monique Pinto (), qui citent dans leur ouvrage plusieurs autres références.

Les auteurs indiquent tout d’abord (page 3), que : « la sculpture des chapiteaux de Biollet, sans livrer tous ses secrets, apparaît par l’insistante évocation celtique de ses thèmes comme le témoignage exceptionnel d’un avatar tardif mais particulièrement révélateur de la christianisation d’anciens rites locaux ».

Ils remarquent (page 5),  « la marginalité (des Combrailles, petite région du Puy de Dôme), peut expliquer la longue rémanence des cultes celtiques qui en Combrailles plus qu’ailleurs paraissent non seulement avoir coexisté avec le paganisme romain, mais l’avoir enjambé pour se prolonger très tard dans l’âge chrétien ».

En ce qui concerne les matériaux et la datation, ils notent en page 7 « En ce qui concerne le matériau des chapiteaux, Marc Poughon qui a réuni une importante documentation sur l’église de Biollet, pense qu’il s’agit d’un grès houiller de la Pèze »

Ils pensent que « les chapiteaux historiés …ne sauraient être postérieurs au début ou au milieu du XIème siècle ».

Côté ouest du chapiteau surmontant la colonne Nord Est de la nef, chapiteau 8 du plan, on peut lire en page 12,  a été identifié « Sucellus, une divinité de la mythologie celtique dont le nom Sucellos signifie celui qui frappe fort…. Au surnom de dieu au maillet…qui peut donner la mort… et assurer la résurrection »

Sur d’autres chapiteaux on peut voir des têtes, au sujet desquelles ils mentionnent en page 12 : « l’iconographie des têtes coupées s’est longtemps prolongée dans l’art chrétien occidental », et ils citent le cloître d’Aix, Confert en Irlande, Jonzac en Charente ( ce qui élargit notablement l’aire géographique de représentation du mythe)

En page 17 à propos du chapiteau 6 du plan, ils notent : « le personnage central lève le droit  et à sa droite un curieux personnage semble chevaucher une tête isolée…une main repose sur la tête coupée…rapprochement inattendu d’Entremont »

En page 18 : « l’héritage de l’antique dramaturgie et sa signification sont ici radicalement inversés…vae victis (malheur aux vaincus) devient signe de rédemption…la tête ainsi arrachée à la mort pourrait bien être celle d’un élu »

Page 23, ils observent : « (sur le chapiteau 5), la face centrale est occupée en son milieu par un personnage bras levé en signe d’acclamation…il semble poser ses pieds en signe d’appropriation sur deux têtes coupées.

 

Beaucoup d’autres symboles sculptés sur les chapiteaux, sont étudiés dans ce document intéressant, et en page 37 Albert et Monique Pinto remarquent « les figures sont comme une passerelle entre des époques et des cultures dissociées »

 

Bibliographie

 

Pinto Albert et Monique – Biollet, Figures entre deux mondes, coédité avec Culture et Communications – 2007

http://monsite.orange.fr/biollet-chapiteaux

 

Saône et Loire 71

Dans l'abbatiale de Tournus 71700, la chapelle haute du narthex  comporte une tête qui semble avoir été encastrée après coup. Selon Marc Décenaux - les abbayes médiévales en France - éditions Champollion 2010, elle pourrait être l'autoportrait de l'auteur. Cependant il n'était pas habiituel que les artistes du Moyen Age signent leurs oeuvres d'une façon ou d'une autre.

Var 83

Dans l'église Notre Dame de la Verdière à La Valette, on peut voir des têtes présentes à la retombée des ogives. La photo figure dans le livre de Yann Codou page 195- les Eglises médiévales du Var - éditions les Alpes de Lumière

 

Tête sur Jas d’ancre

 

Fernand Benoit () page 76, référence 24, présente plusieurs photos de têtes d’hommes qu’il qualifie d’isolées dont une pour laquelle il indique » tête isolée apotropaique aux yeux clos, sur le jas d’ancre d’une épave à Porquerolles »

 

Vaucluse 84

Sur le fronton de l’église Notre Dame d’Alidon à Oppède le vieux 84580, on voit une tête d’homme en bossage en pleine façade, et également une autre sur la façade d’une chapelle dans le village. Cet exemple est à rapprocher de celui de l’église de la Couvertoirade le Caylar dans l’Aveyron où là aussi une tête d’homme barbu peut être observée en pleine façade à un endroit qui ne revêt pas une signification particulière.

Pastoureau Michel – Figures romanes, éditions du Seuil 2001


Exemples en Italie


Ligurie

 

Le porche de la cathédrale de Vintimille offre de nombreux exemples de têtes dont une encadrée par deux animaux. Voir photo.

Franco Ferrero  () montre de nombreuses photos prises sur des bâtiments civils ou religieux. Voir documents.

A Lingueglietta sous la voûte qui abrite les bassins à denrées et les mesures de longueur on peut voir une sculpture sous un corbeau qui est très abîmée mais qui rappelle la tête d’homme de la Turbie par sa position.

 

Enzo Bernardini () montre également plusieurs exemples de têtes.

Ces têtes sont accompagnées de spirales

Toscane

Près de Monticiano au sud ouest de Sienne, on peut voir au fronton de l’église de Montesiepi, à côté de l’abbaye de san Galgano cinq têtes dont deux au moins sont des têtes d’hommes avec pour l’une une sorte de moustache et pour l’autre une sorte de barbe spiralée. Voir photo de droite

 

Sur l’abside de l’abbaye de Sant Antimo on peut observer des petites têtes dans de petites niches carrées de 10 cm environ de côté. Voir photo de gauche. Ces têtes ne sont pas en saillie sur la façade.


Têtes et spirales


Photo de gauche un exemple en Italie, photo de droite église de Salers

Dans plusieurs cas on peut signaler l’association de têtes d’hommes avec un motif en spirale, par exemple dans le chapiteau en réemploi du cimetière de saint Sauveur sur Tinée 06, sur certains chapiteaux de l’église d’Utelle 06.

 

Sur le côté droit du portail de l’église de Salers 15140 on peut voir une tête d’homme avec deux spirales ou guirlandes sortant symétriquement de la bouche.

On peut signaler aussi le chapiteau de Sospel. Voir ci dessus

Luc Thévenon a photographié une tête à saint Martin d’Entraunes  06 voir ci dessus, qu’il indique être posée sur un chapiteau renversé, ceci est à vérifier, mais on retrouve l‘association tête et spirale.

Dans le cas de l’église de san Siro à san Remo en Italie, la tête d’homme qui constitue une console est surmontée de deux spirales qui forment une sorte de chapeau

A Baiardo en Ligurie, une tête d’homme sur un chapiteau est associée à deux spirales qui sortent de sa bouche

Dans l’église paroissiale de Cenova  (Rezzo) également en Ligurie, une tête d’homme est entourée de quatre motifs en spirale

Dans le déambulatoire de l’église de Venosa daté de la fin du XI ème siècle, (Basilicate, Italie du sud), les deux spirales partent de dessous la tête

Cette association est troublante. Signifie t-elle un rapport de l’homme avec l’infini, la tête de l’homme ayant un rôle protecteur pérennisé par la spirale.

J. C. Poteur (), s’est demandé s’il ne s’agit pas d’un simple motif décoratif, car il n’y a pas une continuité dans ce thème entre l’antiquité pré-romaine et la fin du Moyen Age. Cependant les exemples de la vallée du Rhône notamment concernent des églises du XIème et XIIème siècle, et par ailleurs aussi bien en Ligurie que dans la vallée du Rhône, des exemples montrent une association des têtes avec les spirales même en dehors de la présence de chapiteaux ou d’éléments à décorer.

Régis Ribette (),  émet l’idée que certains hommes de toutes les époques, et notamment les artistes, ont eu l’intuition qu’il y avait dans le monde des invariants archétypaux, en particulier les spirales et leurs variantes, qu’on trouve dans le monde celtique notamment, et que les théoriciens du chaos (Lorenz par exemple), ont mis en évidence comme structure de base.


Conclusion


Il semble que faisant suite à une longue série de représentations depuis l’antiquité et dans des civilisations diverses, au Moyen Age cette représentation de têtes d’hommes ait été assez répandue dans l’espace. On pourrait aussi poursuivre cette étude dans le temps, mais il semble que les témoignages qui subsistent in situ, concernent principalement la fin du Moyen Age et disparaissent progressivement à la Renaissance.

On peut s'interroger aussi sur la reprise d'un thème abandonné pendant plusieurs centaines d'années.

 

Bibliographie

  1. Alleau René, guide de la Provence mystérieuse, les guides noirs, éditions Tchou
  2. Annad André et Stéphane Renault, Stéles anthropomorphiques néolithiques de Provence, catalogue du musée Calvet, d’Avignon, septembre 2009
  3. Bernardini Enzo, Villaggi di pietra, edizione Blu, mars2002
  4. Bertola - Vanco Michèle, La Turbie, Images et écrits, Serre éditeur, décembre 2002
  5. Brétaudeau Georges, mémoires de l’IPAAM, Tome XLI, 1999, éditions IPAAM
  6. Deyts Simone, Les sculptures du sanctuaire d’Essarois, Dossiers d’Archéologie N°99 VIX, N° 284, juin 2003
  7. Deyts Simone, lettre du 20 septembre 2003-11-08
  8. Deyts Simone, de l’ennemi à l’esclave, l’image de l’africain en Gaule, actes du colloque de Dijon, 5et 6 mai 2000
  9. Dictionnaire des symboles, éditions Laffont, bibliothèque Barbéra Barral à la Turbie.
  10. Dufrenne Roland ; les aspects rituels et cultuels de l’aven de le Mort de Lambert, Archéam saison 2001/2002 N° 9
  11. Duverger Christian, Le sacrifice humain entre les Mayas et les Mexicas
  12. Felipot Jean, Clans au fil des saisons, éditions Serre
  13. Ferrero Franco, Questa nostra terra,  Becchetta editore, Albenga , mars 1999
  14. Green Miranda, Exploring the world of the Druids, Thames and Hudson
  15. Jost Madeleine, Quand Pausanias voyageait en Arcadie, Dossiers d’Archéologie N°28 juillet août 2003
  16. Lautier Laurence, MIPAAM Tome XLV 2003
  17. Monteil Vincent, Indonésie, Horizons de France.
  18. Mueller Anne, Toscane, Art et architecture, éditions Koneman
  19. Pigott Stuart, the Druids, Thames and Hudson
  20. PCAM, le patrimoine  des communes des Alpes Maritimes, Flohic éditions
  21. Ribette Régis , « L’homme, ressource stratégique, éditions d’organisation, 1993 » 
  22. Stierlin Henri, Arts de la Méso- Amérique, l’art millénaire des Amériques, Fond. Maeght
  23. Thévenon Luc, Nice Historique 1999 N° 3 1999, Sospel, Nice Historique 2000 N°3 PugetThéniers ; Nice Historique 2002 N°2/3, A la découverte de la Haute Vallée du Var
  24. Benoit Fernand - Art et Dieux de la Gaule - éditions Arthaud 1969



LE MYTHE DU SVASTIKA

 

Mise à jour Avril 2013

Recherches diverses Henri Guigues Raoul Barbès

 

Généralités

 

Ce mythe est très ancien.

En sanskrit il signifierait « de bonne augure », « qui est bien »

C. R. Chéneveau  () pages 47 et suivantes, pense que l’origine du symbole remonte peut être au paléolithique  mais qu’il est attesté au Vème millénaire à Suze.

 

De gauche à droite :

linteau à Cagnes sur Mer 06800, Base de piédroiit à Entrevaux 04320 , porte à Isola 06420

De gauche à droite :

Porte à Isola 06420, porte de Notre Dame du Peuple à Bezaudun 06510, linteau à Valbonne 06560

Dans l’encyclopédie des symboles () on peut lire page 659 : « ce symbole n’est pas sans rappeler la spirale, la respiration universelle de la vie et de la mort ». Voir dossier Internet « mythe de la spirale »

 

Dans l’église Saint Vital de Ravenne en Italie, datant du VIème siècle, on peut voir un morceau du pavement d’origine montrant des svastikas entrelacés

En page 454 on peut noter  « qu’il fut utilisé dès l’an 700 comme un symbole numérique qui désignait l’infini à l’instar du 8 couché en Occident » 

On le retrouve sur des inscriptions runiques.

Au sujet de la triscèle  à trois branches, dans l’encyclopédie citée, page 698, on peut lire «  comme dans le cas du svastika, l’association de ce symbole  de la rotation  et de la giration par un effet de dynamisation directionnelle est prédominante »

 

Cheneveau a repéré un certain nombre de svastikas (dextrogyres) et de savastikas (levogyres ou sinistrogyres), en général sur des ouvrages en bois, portes, panneaux, balustrades, etc…

Son tableau de repérage essentiellement dans l’arrière pays niçois porte sur une trentaine  de svastikas. Dans certains cas les deux types, droite et gauche, par raison de symétrie parfois, étaient associés et parfois associés aussi avec d’autres signes : croix étoiles, cœurs.

Il a signalé un svastika sculpté sur pierre à la fontaine de Pierlas.

Mais on peut observer une variante sculptée sur pierre  à six branches à Cagnes sur mer (photo), et une roue à multiples rayons courbes à Valbonne (photo)ainsi qu’à Entrevaux (photo)

 

Au Pays Basque on peut voir des svastikas à huit branches.

La croix basque est nommée Lauburu

En consultant sur Internet les réflexions faites sur les croix basques, on peut lire que diverses hypothèses ont été faites sur leur origine, sans résultat définitif.

En ce qui concerne les svastikas observés dans l’arrière pays niçois on peut les attribuer dans certains cas à des artisans connus notamment à Isola  et probablement à Bezaudun et alentours. Ces sculptures dateraient en majorité du XIXème siècle.

A Isola le sculpteur Vial a signé plusieurs portes dont une avec savastikas rehaussés de décors complémentaires (photo)

On peut se demander si les sculpteurs avaient connaissance de l’antiquité du mythe et il semble que non dans beaucoup de cas, mais qu’il a peut être imprégné l’inconscient.

 

Le symbole était admis par l’Eglise puisque on trouve de  nombreux svastikas à six branches peints sur les voutes du Monastère de Cimiez à Nice et à quatre branches sur les portes de la chapelle ND du Peuple à Bezaudun (photo)

On peut consulter sur Internet également un article de Mireille Delpiano  sur « les portes rurales sculptées en pays niçois ». En dehors des villages déjà mentionnés, elle cite les villages  de Peone, Saint Martin Vésubie, Grimaud et le palais Lascaris à Nice

Liliane Julia décrit un svastika au Broc,  Passage de la Sousto, passage couvert qui fait la jonction entre la rue de la maionnette et la route du Pont Charles Albert.
Toutefois, si ce lauburu figure en bas de la porte, le haut est ordinaire mais en très bon état.

Au Tibet à Nushu on peut voir ce symbole comme petroglyphe 33°6’39.88 N, 96°52’35.69  E

On trouve des svastikas dessinés par des groupes d’immeubles ce qui donne lieu d’ailleurs à controverse, car on peut se demander si cette figuration est fortuite ou correspond à un désir de l’architecte. Au niveau du sol, elles ne se remarquent pas comme à San Diego en Califormie 32°40’ 3416 N, 117° 09’2788W, mais ils sont visibles du ciel.

Le mouvement tournant des tortionnaires du Christ dans le tableau XII (cap XII) de Notre Dame des Fontaines à La Brigue 0430 a pu être assimilé à un svastika

 

Fernand Benoit () page 140, présente un svastika sur fibule émaillée découvert à Trinquetaille à Arles

 

Bibliographie

Benoit Fernand – Art et Dieux de la Gaule – éditions Arthaud – 1969

Cheneveau C. R – Svastika et Svastika basque dans les Alpes Maritimes -Mémoires de l’Institut de Préhistoire et d’Archéologie Alpes Méditerranée Tome XVII -1973/1974

Encyclopédie des symboles – la Pocothèque – le livre de Poche 2007