Mise à jour novembre 2011
Etude réalisée par Raoul Barbès – Henri Guigues – Françoise Prost
D’après le cadastre napoléonien (quartier Saint Laurent Barnessa D2) le comte Renaud de Falicon possédait tout un ensemble décrit ci-dessous :
Oliviers et pâtures (lots 44 et 45)
Maison jouxtant la chapelle de Saint Laurent (Lots 54 – 55)
Bois (lots 57 -58)
Moulin à huile et réservoir (lots 59 à 61)
Citronniers oliviers et vignes (lots 62 à 64)
Bois oliviers citronniers bâtiments ruraux (lots 82 à 89)
Maison et réservoir (Lots 90 et 91) – (propriété « Azurial »)
Oliviers bois vignes lots 106 à 109
Le Bâtiment Azurial
Ce bâtiment a été très remanié depuis son origine. Il s’est autrefois appelé le Casteou. On possède une photo ancienne de cette demeure mais on ignore la date de sa construction. |
Note : L’acte d’acquisition du château n’a pas été retrouvé. Il semble qu’avant la Révolution il ait appartenu aux Peyre de la Coste, car le contrat de mariage de leur fille Agnès aurait été passé le 30 mai 1772 « dans la maison de campagne du Comte au quartier Saint Laurent ». Il possédait la villa Arson à Nice
On peut se demander pourquoi avoir construit une demeure aussi importante à cet endroit alors que la Basse Corniche n’existait pas et qu’il fallait venir d’Eze village à pied à cheval ou à dos de mulet.
Le Comte de Falicon a acquis en 1837 tout un domaine autour de Saint Laurent d’Eze mais la grande demeure n’est pas explicitement mentionnée. Par contre un texte poétique de 1842 parle d’une visite au château dans des termes romanesques.
« Nous étions au bout de notre alpestre pèlerinage. L’allée de citronniers qui forme l’avenue de la délicieuse villa de Saint Laurent était devant nous.
Après l’avoir traversée, nous aboutîmes au Château. La terrasse sur laquelle celui-ci est situé domine un certain triangle de mer, que ma verve de poète a décrit tout à l’heure, avec une emphase dont il n’est plus aucun exemple dans ce siècle de chemins de fer.
Qu’on est bien à Saint Laurent quand on y est ! On y vit avec bonheur dans l’oubli du monde. Aussi le séjour de cette terre promise, inaccessible comme le paradis, nous dédommage-t-il bientôt de l’aspérité des chemins, par où nous nous étions déroulés au grand préjudice de nos genoux démantibulés.
A Saint Laurent on déjeune, on dîne ou on soupe, on prend le thé. Sans ces raffinements de la civilisation, ce serait la vie pastorale dans toute son acception. Ainsi on rêve sous les carubbiers, on fait de la lecture sous les treillages, on se mire dans l’eau limpide de la fontaine, et on fait retentir les échos des montagnes de chants guerriers et de romances d’amour »
L’auteur mentionne la fontaine dans son récit, et plus loin il note à nouveau que le château est inaccessible
« Tout inaccessible qu’il est, on reçoit toujours des visites au Château de Saint Laurent »
Entre 1874 et 1894 il a appartenu à des bénédictins (voir dossier bénédictins)
Un acte référencé ADAM 3 E 096/11 daté du 5 décembre 1874 intitulé « Vente par Monsieur le Comte de Falicon à Messieurs Casaretto, Boussard et Dupéron, prêtres et à M. Serafini » passé devant Maître Jean-Baptiste Sajetto à Nice étonne par la personnalité des acheteurs (v.annexe) Des bénédictins de diverses provenances prennent donc possession des lieux décrits dans cet acte notamment dans un plan détaillé dressé par l’architecte Montolive (v.photos).
Le 13 juin 1894 (Ad Vol 620 cote 402Q 04/0709 case10) est présenté à la transcription l’acte de mutation de la totalité du domaine de St Laurent d’Eze dont la teneur suit : Par devant Maître Louis Victor Valentin, Notaire à Monaco a comparu Monseigneur Dominique Félix Vaggioli, prêtre demeurant à Gênes et actuellement à st Laurent d’Eze, de passage à Monaco agissant au nom et comme mandataire de M. Philippe Boussard… Jacques Dupéron … Dominique Serafini … lequel ès-nom a, par ces présentes, vendu à son Excellence le Très Honorable Sir Edward Malet G.C.B, Ambassadeur de sa Majesté Britannique à Berlin, ici non présent mais représenté par M. Edward Smith, vice consul de S.M Britannique à Monaco, … une propriété située sur la commune d’Eze, quartier de St Laurent d’une superficie de cent quarante huit mille mètres carrés plantée de citronniers, orangers, oliviers etc… sur laquelle existe une maison de maître élevée sur cave d’un rez de chaussée et de deux étages.
En 1920, vente Lady Malet, veuve d'Edward Malet et Lady Monica Sackville Russell, célibataire, moyennant l'attribution de trois mille actions de cinq cents francs chacune ont cédé leur domaine de St Laurent d'Eze pour participer à la création de la Société" Valdor".
Les statuts de la dite société le 7 octobre 1920 ont été déposés chez Me Charles Grimaldi, Notaire à Nice. Ils englobaient des activités très diverses (immobilier, exploitation hydraulique et électrique, eaux thermales, exploitation minière, agricole
hôtelière, café, théâtre, pêcheries, fabriques de glace , transport maritime...). Les 2 Ladies et un armateur grec vivant à Londres Antonio Embericos plus M Charles Seguin
sont les fondateurs.
D'après ce docuement on voit qu'à cette époque le château n'avait pas subi de transformation substantielle.
Sur une photo d'ensemble on voit au loin l'ancien viaduc détruit pendant la seconde guerre mondiale et dont on voit encore sur place les culées; le nouveau viaduc étant légèrement en aval.
Monsieur Dobril (voir chapelle Saint Laurent) se souvient avoir vu dans certaines pièces des anges peints, mais était-ce une décoration ancienne ?
A l’intérieur se trouvent des parties voûtées datant peut être de l’origine |
Restanques et fontaine
De gauche à droite: ensemble mur fontaine, détails fontaine gauche et droite |
De gauche à droite: détail mur, source, détail mascaron |
A l’arrière du bâtiment on peut observer plusieurs murs de soutènement de restanques. Le plus près de la maison est à environ 1.50m de la façade arrière a une trentaine de mètres de long avec deux parties droites et au centre une grande courbe avec au centre une niche avec voûte en cul de four et un bassin circulaire de 1m de diamètre. Dans la niche on peut voir une tête sculptée très calcifiée qui antérieurement crachait l’eau.
Dans le cul de four on peut observer de fausses stalactites.
Aux extrémités le mur fait environ 1.80m de haut et au centre au droit de la fontaine environ 3.50m de haut. Il est en pierres de tuf appareillées en pierres sèches de grande qualité. Ce mur pourrait dater du XVIIIème siècle.
La fontaine a fait l’objet d’un article par l’Association « Fontaines de France » Ci dessous rapport de cet organisme |
A l’arrière de ce mur on trouve un petit mur de restanque de style classique en pierre calcaire et encore à l’arrière un autre mur droit en tuf du style du mur le plus près de la façade. Il fait une trentaine de mètres de long et près de 4 mètres de haut. Au centre se trouve une fontaine avec une voûte. Elle est au droit de la fontaine inférieure qu’elle alimente. Ce mur présente un retour sur le côté Est bien appareillé également.
En plusieurs endroits derrière la propriété on voit des affleurements de tuf.
A ce propos Jean Truchi (Nice Historique 1889 « Domination des Comtes de Savoie suite et fin » page 42) indique que du tuf provenant de ce quartier a été utilisé pour la reconstruction de l’église du village d’Eze en 1772.
Dans la zone du mur le plus haut on voit des restes de construction qui pourraient être celles qui figurent sur le cadastre napoléonien.
Sur le côté ouest du bâtiment Azurial on voit des restes de fûts de colonnes cannelées de provenance indéterminée. Faisaient-elles partie du premier bâtiment ?
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Il n’y avait pas de raison à priori de ramener ces colonnes et chapiteaux de l’extérieur à cet endroit
Bibliographie
Cais de Pierlas « Chartrier de l’Abbaye de St Pons hors les murs de Nice » imprimerie de Monaco 1903
Fighiera Charles Alexandre Le Prieuré d’Eze, Nice Historique 1934 pages 182 à 191
Fighiera Charles Alexandre Le Prieuré d’Eze (suite), Nice Historique 1935 pages 1 à 13
Fighiera Charles Alexandre « Eze » Serre éditeur - les chapelles champêtres – Le Prieuré bénédictin de Saint Laurent d’Eze
Truchi Jean – Eze - domination des Comtes de Provence - Nice Historique 1899 pages 29- 30 grotte des salines et page 42 le tuf de St Laurent d’Eze